La présidence de l'université Moulay Slimane et le journal "Dossiers de Tadla" ont organisé samedi 19 mars courant, à la Faculté des Lettres et sciences humaines, une conférence diplomatique intitulée « La question du Sahara : Développement récents, Sécurité Nationale et Défis de la Diplomatie marocaine », présentée par le Dr Abdelkader Aabbadi. Le conférencier, Dr en sciences politiques, a d'abord rappelé que la question du Sahara est vieille de trente-six ans. Le conflit remonte à 1975, et dans ce sens de durée il rejoint les vieux conflits devant les Nations Unies tels ceux du Kashmir, de Chypre, et du Moyen Orient. Et d'ajouter que la question du Sahara a été débattue par les Nations Unies depuis 1966, principalement dans le cadre de la décolonisation. L'Algérie et ses amis trouvaient alors un terrain fertile pour animer les débats à la quatrième Commission de l'Assemblée générale des Nations Unies et à mettre l'accent sur les notions de décolonisation et du référendum au Sahara. Les pays africains venaient de conquérir leur indépendance nationale. Le Mouvement des Non Alignés était fort et uni, et l'idéologie du colonialisme, de l'impérialisme et du socialisme était en vogue. Le débat sur le Sahara mené à l'Assemblée générale a donné lieu à l'adoption de nombreuses résolutions par l'Assemblée générale dans les décennies de 1960, 1970, et 1980. Quant au rôle de l'Algérie dans ce conflit, le docteur Abbadi, ancien directeur au département du Conseil de sécurité des Nations Unies, a tenu à montrer que l'Algérie a déployé de grands efforts au début pour faire adopter des résolutions appuyant l'idée du référendum au Sahara. Mais c'était une victoire à la Pyrrhus, commente-t-il, parce que les résolutions de l'Assemblée ne sont que des recommandations. Leur mise en œuvre n'est pas obligatoire. L'exposant, spécialiste des questions de sécurité, a par ailleurs passé en revue les différents efforts menés par les Nations Unies pour résoudre ce conflit, notamment un nombre importants de résolutions et l'envoi de plusieurs émissaires à la région, Baker, Christopher, avant de s'attarder sur les pourparlers informels qui, note le conférencier, ont connu des progrès légers au cours de ces discussions en ce qui concerne l'aspect humanitaire : l'échange de famille par voie aérienne et terrestre. Cela, ajoute-t-il, fait partie de ce que l'O.N.U. appelle « confidence building », des éléments pour encourager plus de confiance entre les parties. Concernant le fond du problème cependant, il n' y a pas eu d'avancée. L'Algérie et le Polisario n'ont pas fait preuve de réalisme et n'ont pas montré la volonté de parvenir à une solution politique et de compromis comme le demandait le Conseil. Le Maroc, par la voix du ministre des Affaires étrangères, Taïb Fassi Fihri, a même proposé que l'Envoyé personnel du Secrétaire général élargisse le forum des pourparlers indirects et invite l'Algérie et la Mauritanie à prendre part aux négociations en tant que partenaires entiers, au lieu de se limiter au statuts d'observateurs. L'Algérie n'a pas modifié sa position. Et concernant le piétinement du processus de négociations, le conférencier a tenu à montrer que le Polisario et l'Algérie veulent revenir au Plan de Règlement de 1997 et aux Accords de Houston, c'est-à-dire au Plan Baker concernant le référendum que le Maroc avait rejeté. Ils pensent aux exemples de pays qui furent la résultante de ce processus de référendum, comme celui du Timor Leste, et du Sud Soudan. Le Maroc n'est ni l'Indonésie, ni le Soudan. Et d'ajouter que l'"autonomie" est innovante car le Maroc a mené un programme d'éducation, d'infrastructure et d'investissement énorme dans le territoire. Les membres du Conseil ont qualifié le Projet du Maroc sur l'autonomie de « sérieux » et de « crédible.» Le conférencier a présenté également les options possibles en cas de persistance du blocage de la part de l'Algérie et du Polisario, avant de conclure que la solution ne peut se retrouver que dans le coté économique. Et enfin, le Maroc doit déployer de plus grands efforts pour gagner la bataille des médias. Il serait opportun de fournir tout l'appui nécessaire aux journalistes marocains pour les encourager à prendre la parole devant les audiences des universités, les associations de journalistes, et les organisations non gouvernementales.