Les avions de la coalition occidentale ont continué de frapper les forces terrestres de Mouammar Kadhafi en Libye dans la nuit de jeudi à vendredi et dans les premières heures de la journée. Les 28 pays membres de l'Otan sont convenus jeudi de faire respecter une zone d'exclusion aérienne en Libye pour protéger les civils face aux forces de Mouammar Kadhafi, mais ils ne sont pas tombés d'accord pour prendre le commandement de l'ensemble des opérations militaires. De sources proches de l'Alliance, on dit attendre une décision dimanche sur un éventuel élargissement du mandat qui permettrait à l'Otan de viser par exemple des objectifs au sol pour protéger les populations civiles. Après quatre jours d'âpres discussions, le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen, a déclaré que le mandat de l'Otan n'allait pour l'instant pas au-delà de la mise en oeuvre de la zone d'exclusion et d'un embargo sur les armes. Il a ajouté que les forces de l'Otan pourraient se défendre le cas échéant. A une question sur la possibilité pour l'Alliance de frapper des forces au sol ou de mener une action contre Kadhafi, Rasmussen a répondu: "Pour le moment, il va encore y avoir une opération de la coalition et une opération de l'Otan." L'ancien Premier ministre danois a ajouté que les négociations se poursuivaient pour faire jouer à l'Otan un rôle plus important et qu'une décision serait arrêtée dans les prochains jours. Dans l'intervalle, il y aura une étroite coordination pour éviter les conflits, a-t-il dit. La menace de la nationalisation Par ailleurs, le spectre de la nationalisation des opérations pétrolières ressurgit en Libye. Le pays disposant de ressources abondantes, la menace est prise très au sérieux par les entreprises étrangères qui les exploitent. Le quotidien américain Financial Times fait part des inquiétudes de ces dernières de se voir dessaisir de leurs contrats avec l'Etat libyen, alors que les frappes ciblées de la coalition continuent. Citant un analyste des ressources énergétiques du Moyen-Orient citant Samuel Cizsuk , le journal affirme que le fait que le régime libyen a pour habitude de considérer les compagnies pétrolières internationales comme des extensions de leur gouvernement, pourrait causer des dégâts irréparables pour les entreprises françaises et américaines. Comme par le passé, le pétrole sert aujourd'hui de moyen de pression à Mouammar Kadhafi. L'espagnol Repsol, le français Total, l'Italien Eni ou encore l'Allemand BASF, tous sont implantés en Libye. Avec la crise, les dirigeants ont rapatrié quelques-uns de leurs employés, craignant qu'ils ne soient pris à partie par les forces loyales au Guide. Shokri Ghanem, le président de la Compagnie nationale de pétrole, a en effet mis en garde les entreprises occidentales contre la réduction de leur production pendant l'intervention des forces coalisées. Si elles ne reprennent pas leur activité, les contrats actuels comme les nouvelles exploitations de pétrole et de gaz pourraient leur échapper au profit de leurs adversaires.