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Egypte / Quatre morts et des centaines d'arrestations à l'issue de manifestations populaires Le gouvernement interdit toute nouvelle manifestation et l'opposition appelle à une autre « journée de colère »
Un manifestant de 45 ans blessé mardi au ventre par une balle en caoutchouc à Suez est décédé mercredi des suites de ses blessures, portant à trois le nombre des manifestants tués lors des rassemblements anti-régime en Egypte où un policier a également trouvé la mort, a-t-on appris de source médicale. Deux autres manifestants ont été tués mardi dans cette même ville portuaire à une centaine de km à l'est de la capitale, lors d'accrochages avec les forces de l'ordre. Ce décès porte à quatre le nombre total des personnes tuées lors des manifestations, un policier ayant également trouvé la mort mardi au Caire. Avant-hier mardi, l'Egypte a vécu l'une des manifestations anti-gouvernementales des plus importantes du genre survenues au cours des trois décennies de présence du président Hosni Moubarak à la tête de l'Etat. Par milliers, les manifestants égyptiens sont descendus dans la rue notamment au Caire, pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak au pouvoir depuis près de 30 ans. Des échauffourées se sont produites dans la capitale entre protestataires et policiers, déployés en grand nombre. On déplore quatre morts dont un policier ont été tués lors de ces manifestations, annonçait mardi soir le ministère égyptien de l'Intérieur. Les deux protestataires sont morts à Suez, selon un responsable du ministère. Le premier, qui souffrait de problèmes respiratoires, est mort après avoir inhalé des gaz lacrymogènes, le second a été tué par un jet de pierre, selon le ministère. Le policier a été tué lors de la manifestation du Caire après avoir été heurté à la tête par une pierre, ajoute-t-on de même source. Les manifestations se déroulaient dans le cadre d'une "journée de la révolution contre la torture, la pauvreté, la corruption et le chômage". "Moubarak dégage", pouvait-on notamment lire -en français, tandis que les manifestants scandaient des slogans hostiles au président égyptien, au pouvoir depuis 1981. "Dehors!", hurlaient-ils. La manifestation au Caire a débuté dans le calme, les forces de l'ordre faisant preuve dans un premier temps d'une réserve inhabituelle. Mais la situation s'est tendue au fur et à mesure que la foule affluait sur la place Tahrir, dans le centre de la capitale, agitant des drapeaux égyptiens et tunisiens. Des manifestants ont lancé des pierres sur les policiers, qui ont répliqué par des jets de grenades lacrymogènes, au canon à eau et en chargeant à coups de bâtons pour tenter de disperser la foule. Les policiers ont frappé plusieurs personnes, dont une journaliste, brisant ses lunettes et confisquant sa caméra. Outre Le Caire -où les manifestations ont réuni au total quelque 15.000 personnes selon les chiffres officiels- des défilés ont été organisés mardi dans différentes villes de province, notamment à Alexandrie et Suez, malgré un dispositif policier massif. Partout dans le pays, les manifestants ont fait référence à la révolte populaire qui a fait tomber mi-janvier le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, après 23 ans de règne. "Pain, Liberté, Dignité", scandaient certains, reprenant des slogans des manifestants tunisiens. "Moubarak dégage", criaient d'autres. Appel à un deuxième jour de manifestations Le groupe de militants pro-démocratie, le "Mouvement du 6 avril", à l'initiative des manifestations de mardi qui ont fait quatre morts, a appelé à un deuxième jour de mobilisation, mercredi en Egypte. Sur sa page Facebook, le groupe a appelé les Egyptiens à se rassembler sur la place principale du Caire, là où 10.000 personnes, selon des chiffres officiels, avaient déjà manifesté mardi, en scandant "le peuple veut le départ du régime". "Tout le monde doit se rendre sur la place Tahrir pour s'en emparer de nouveau", a écrit le groupe sur sa page Facebook, réseau social utilisé, avec Twitter, pour organiser la mobilisation. "Continuant ce que nous avons commencé le 25 janvier, nous allons descendre dans la rue pour demander le droit de vivre, la liberté et la dignité", a par ailleurs affirmé le "Mouvement du 6 avril" dans un communiqué, en appelant à poursuivre la mobilisation "jusqu'à ce que les demandes du peuple égyptien soient satisfaites". Cet appel intervient seulement quelques heures après que les forces de l'ordre égyptiennes ont dispersé dans la nuit, avec de nombreux tirs de gaz lacrymogènes, les milliers de manifestants encore présents sur la place Tahrir, située dans le centre du Caire et proche de nombreux bâtiments officiels. Interdiction de toute nouvelle manifestation "Aucun mouvement provocateur ou rassemblement de protestation, ou quelque marche ou manifestation ne sera autorisée, et des procédures judiciaires immédiates seront engagées, et les participants seront remis aux autorités judiciaires". Le ministère égyptien de l'Intérieur a indiqué mercredi qu'il interdisait toute nouvelle manifestation, après les rassemblements hostiles au régime qui ont mobilisé des milliers de personnes et fait trois morts mardi. Le "Mouvement du 6 avril", un groupe de militants pro-démocratie à l'origine des manifestations de la veille, a annoncé dans la matinée qu'il appelait à de nouveaux rassemblements mercredi dans le centre du Caire. Le ministère de l'Intérieur affirme dans un communiqué que "des mesures légales seront prises contre quiconque" serait en infraction, poursuit le communiqué du ministère, en soulignant que tout contrevenant serait déféré devant la justice.