Après trois expositions individuelles, qui ont fait connaître le nom et le talent de l'artiste peintre Hassan Bouhia auprès du public, celle qu'il donne actuellement à Casablanca continue et souligne davantage une recherche axée sur la composante espace dans ses manifestations graphiques. Le procédé se décline en autant de formes curvilignes, avec une tendance à multiplier les angles d'approche, à dynamiser les zones inertes du tableau, à expliciter l'idée et le mouvement afin d'en définir l'architecture. Dès le commencement, Hassan Bouhia a opté pour une abstraction sensitive, qui intègre la couleur à des fins expressives. La représentation graphique, qu'on pourrait qualifier de « diagramme », démontre une évolution des lignes à travers leur enchevêtrement émotionnel, qui fait de cette peinture quelque chose comme un phénomène, au sens où l'objet pictural se définit graduellement lui-même par des réalisations inattendues, comme il se résorbe complètement dans une trame conflictuelle. Hassan Bouhia agit sur la toile (partant sur l'espace) comme on se lance dans une aventure symbolique sans être connotative. Les lignes deviennent des signes, des tropes, des paradigmes mystérieux d'un savoir autre, et donnent par le fait sur une composition rédhibitoire. L'énergie qui s'en dégage est celle d'un corps en plein mouvement, à base d'une palette éventuellement exemplarisée, réduite à volonté à des nuances, à des tons allusifs, à une colorisation cadentielle accordée aux profondes intentions et pensées plastiques de l'artiste.