Combien de parents de migrants clandestins sont jusqu'à aujourd'hui sans nouvelles de leurs enfants partis durant ces dernières années pour traverser la Méditerranée? Sans nouvelles car on ne sait pas si le migrant porté disparu est mort où s'il est encore vivant perdu dans le territoire européen. Pour Fatiha Smmerli et Mohamed Laidouni, demeurant dans la ville de Mohammedia, parents de Imad Laidouni disparu en Libye le 22 mars 2004, ils sont convaincus qu'il est mort dans le territoire libyen. Mais paradoxalement ils sont toujours en quête de sa dépouille mortelle pour la rapatrier, lui consacrer une sépulture et enfin retrouver la paix de l'âme. Pour les parents de Imad, il est bel et bien mort puisque son père, Mohamed Laidouni, a vu et reconnu formellement son cadavre dans une morgue en Libye. Mais bien que Imad soit mort, pour l'Etat civil marocain il est toujours vivant puisque aucun cadavre n'a été rapatrié au Maroc ni officiellement inhumé en Libye. Le père Mohamed raconte qu'il avait vu la dépouille de son fils portant des traces de violences dans la morgue de Masrata en Libye et que parce qu'il avait demandé l'ouverture d'une enquête et l'interpellation d'un passeur notoire à qui la famille avait versé 40 mille dirhams, le cadavre a disparu. Le passeur s'est aussi volatilisé. L'histoire remonte à novembre 2003, quand Imad était parti en Libye pour tenter de gagner clandestinement l'Italie, grâce à un passeur connu de la famille. Le prix du passage en Italie a été fixé à 40 mille dirhams et payé rubis sur l'ongle au passeur. Pendant la période d'attente du moment propice d'émigrer, Imad appelait régulièrement ses parents au téléphone jusqu'en mars 2004, où les communications de Imad cessèrent . commence l'inquiétude des parents. Au mois de juillet 2004, les parents reçurent un message du consulat général du Maroc en Libye faisant état de la découverte du cadavre de Imad. Le père Mohamed part en Libye. Il reconnaît formellement le cadavre de son fils dans la morgue de la localité de Masrata (Libye). Le père constate que le cadavre était brûlé pour la partie inférieure avec odeur de brûlé se dégageant du casier et qu'il portait des traces de violences. A cause de ces constats troublants, le père rejette la version officielle faisant état que la victime avait été noyée et rejeté par la mer. Le père demande l'ouverture d'une enquête. Le cadavre disparaît. Le père et la mère du défunt, de condition modeste, devaient, à tour de rôle, séjourner en Libye à la recherche de la dépouille de leur fils Imad. Ils sont certains que tout le mystère de la mort de leur fils est détenu par le passeur Mohamed Dissi qui avait disparu de la circulation. Or c'est Mohamed Dissi qui avait alerté les services de police libyenne pour la découverte du cadavre de Imad sur la plage racontent les parents. Ce passeur loin d'être un inconnu avait plutôt des liens de parenté avec les parents de Imad. Venant régulièrement pour des séjours au Maroc, il leur avait proposé de faire passer le jeune homme vers l'Italie moyennent 40 mille dirhams, proposition qu'ils avaient acceptée vu que Imad insistait pour aller sur l'autre rive de la Méditerranée pour tenter sa chance vers un nouveau départ. C'était à l'époque où les rives libyennes servaient de passage après que celle du nord du Maroc et de la Tunisie furent verrouillés. Les parents éplorés insistent encore aujourd'hui sur le peu, voire l'absence de toute aide de la part des services consulaires marocains en Libye. « Malgré les preuves apportées, ces derniers ne nous ont pas aidé à porter plainte auprès des autorités libyennes pour l'ouverture d'une enquête juste et équitable sur l'assassinat de notre fils » déclare Fatiha Smmerli.