Il y a des légendes qui reposent sur des histoires bien réelles. Parmi les légendes du siècle actuel, le football a une place de plus en plus grande. Ceux qui ont vu jouer Ben Barek, Belmahjoub, Pelé, Johan Cruyff en parlent avec des étoiles dans les yeux. Ils peuvent se remémorer une simple passe, un contrôle ou une reprise de volée, mais quand ils la racontent, et la décrivent, cela prend des allures d'épopée. Et dans l'esprit de celui qui écoute, les images deviennent grandioses, et alors la réalité vécue se fait moins belle que celle qui est décrite à ceux qui ne l'ont pas vécue. On sait qu'on a tendance à embellir le passé et qu'on a toujours l'habitude de dire : « C'était mieux avant », alors que ce n'est pas toujours vrai. En réalité, ce qui est le plus beau, ce qui est le plus vrai, c'est le moment actuel. On aura beau dire, on aura beau faire, il y a ce qui est passé et qui ne reviendra plus jamais et ce qui existe au moment où on le vit. Tout cela pour dire que ce soir, si la santé (que nous souhaitons bonne à tout le monde) le permet et s'il n'y a pas d'autre véritable urgence, on voit mal qui pourra échapper au choc des titans, version live, et en multidimension, que propose le match Barça-Inter de Milan en demi finale de la ligue des champions européenne. C'est « le » match le plus attendu, et même si l'Inter a gagné par 3 buts à un chez lui à Milan, tout le monde sait qu'absolument rien n'est encore joué, et que le vrai match commencera ce soir au Nou Camp. Un match qui sera, de toute façon, «beau et cruel » selon l'expression d'un analyste qui en soulignait l'intensité que promet l'affrontement , fatalement spectaculaire, n'oublie pas qu'au final il y aura nécessairement un vaincu. «Beau et cruel » comme le visage de Mourinho, coach de l'Inter, dont la science tactique effraie jusqu'au plus fanatique des socios barcelonais. C'est aussi un technicien qui sait allumer son adversaire et le provoquer par un discours extrêmement rôdé. Par exemple, l'autre mercredi à ceux qui lui faisaient remarquer que l'arbitre du match aller avait pas mal aidé l'Inter à battre le Barça, Mourinho a répliqué : « Barcelone ne veut tout de même pas avoir à chaque fois le même arbitre que celui qui lui a donné la qualification contre Chelsea » (NDLR : C'était en 2009 lors de la demi-finale où l'arbitre avait oublié des penaltys sur Drogba l'attaquant de Chelsea). Mourinho devenu célèbre grâce au titre européen remporté du temps où il était entraîneur de Porto, a su surfer sur se succès pour se forger une réputation qui dépasse celle de tous les joueurs-stars du club. Là où il va, la vedette, c'est lui. Ce soir, face au Barça, ce sera sa victoire (ou sa défaite) et non pas celle de l'Inter… Les observateurs attendent de voir ce que va présenter, tactiquement, Mourinho devant le défi barcelonais ! Il sait mieux que personne qu'une défaite 2 à 0 l'éliminerait, et il sait que ce score de 2 à 0 peut être une simple formalité pour les copains de Messi s'ils arrivent à imposer la fluidité de leur jeu. Face à Mourinho, il y a son parfait contraire. L'impeccable entraîneur catalan Guardiola qui, l'an dernier, a tout gagné, tout remporté, et dont le palmarès est déjà impressionnant malgré une carrière qui n'en est qu'à ses débuts. Guardiola n'a répondu à aucune des provocations de Mourinho, pour lui l'important, ce ne sont pas les déclarations à la presse, mais ce qui se passera sur le gazon du stade barcelonais. Il s'est contenté de répéter : « Il nous faut marquer 2 buts, j'ai l'équipe capable de le faire, mon travail consiste à trouver comment faciliter la mission de mes joueurs face à l'adversité milanaise. Et je ne veux penser qu' à ça ». Jamais match n'aura été le duel entre 2 tempéraments, celui de 2 coaches, au lieu d'être la rencontre de 22 joueurs. La personnalité des 2 hommes du banc de touche écrase tout. Barça-Inter de ce soir, c'est un combat, le combat entre deux poids lourds de la discipline. Un choc qu'aurait adoré feu Blinda Abdallah, lui qui collectionnait les cassettes et D.V.D des meilleurs boxeurs mondiaux. Mais la vie passe, et le destin impose son implacable loi. Et ceux qui pourront voir le match de ce soir en raconteront les faits plus tard, car c'est d'ores et déjà un match de légende. Evidemment, il y a aussi un certain FUS-ASS comptant pour Al Botola 1 (voir par ailleurs) restera-t-il programmé à 19 heures comme annoncé ? En tout cas, l'équipe la moins attirante du championnat (pour le public du moins) ne risque pas de batte ses records d'audience ce soir.