Israël a décrété zone militaire fermée chaque vendredi et pour six mois Bilin et Nilin, deux villages palestiniens de Cisjordanie occupée théâtre de manifestations hebdomadaires depuis le début de la construction du « Mur de la honte » a-t-on appris auprès de l'armée et des habitants. Cette mesure a été prise afin d'"empêcher les manifestants des deux villages de recevoir l'appui d'autres manifestants solidaires de leur cause ». La mesure, décidée il y a trois semaines, interdit aux Israéliens, aux étrangers et aux Palestiniens ne vivant pas dans le secteur de se rendre sur place de huit heures du matin à huit heures du soir chaque vendredi, le jour où se déroulent les manifestations, au cours des six prochains mois. Selon les habitants de ces deux villages, des affiches informant la population de cette mesure ont été placardées par l'armée dans la nuit de dimanche à lundi. Bilin et Nilin accueillent chaque semaine des manifestations de protestation contre le mur de séparation construite par Israël en Cisjordanie, qualifiée de "mur de l'apartheid" par les Palestiniens. L'armée israélienne a fréquemment recours à cette mesure lors des manifestations, mais c'est la première fois qu'un tel ordre est appliqué d'emblée pour une période aussi longue. "Généralement, cette mesure est en vigueur un seul jour et pour un évènement précis, ce qui est également illégal", a indiqué aux journalistes Jonathan Pollak, un porte-parole des manifestants pro-palestiniens. "Le recours à de tels ordres doit intervenir pour des raisons militaires et non pour des manifestations", a-t-il précisé. Le tracé de la barrière de séparation empiète sur la Cisjordanie, sépare les communautés palestiniennes et rend problématique la création d'un Etat palestinien viable. Bilin et Nilin étaient devenu le symbole de la contestation palestinienne contre le "Mur", qui privait les villageois de plus de la moitié de leur terres: 232 hectares avaient ainsi été confisqués pour bâtir la barrière protégeant l'implantation juive de Modiin Ilit. Jeudi, les villageois ont été informés que Bilin et les villages avoisinants allaient récupérer 140 hectares du fait du nouveau tracé, a expliqué le chef de file de la contestation, Khatib Abou Rameh. Fin 2007, la Cour suprême israélienne avait ordonné au gouvernement de modifier le tracé du mur coupant les terres de Bilin en deux, et de le faire dans des "délais raisonnables". "C'est une victoire pour notre combat mais elle reste petite, jusqu'à ce que nous parvenions à la victoire finale: le retrait du mur", a déclaré Abou Rahmeh. Une fois que le nouveau tracé du Mur aura été achevé, le tronçon actuel enserrant Bilin sera démantelé, a-t-il expliqué. Depuis 2005, des manifestants, emmenés par Abou Rahmeh, marchaient tous les vendredis de Bilin jusqu'à la barrière de sécurité. Une mobilisation qui a bénéficié d'un important soutien international et a été saluée par l'ancien président américain Jimmy Carter ou encore par l'archevêque sud-africain Desmond Tutu.