Un séisme d'une rare violence (8,8 sur l'échelle de Richter) a secoué samedi le centre du Chili et fait au moins 300 morts, plus de deux millions de sinistrés et d'énormes dégats matériels. Des centaines de milliers de personnes ont par ailleurs été évacuées dimanche dans les pays riverains du Pacifique, dans la crainte d'un tsunami qui a effectivement atteint les côtes du Japon après ce séisme, parmi les plus violents depuis un siècle. Une réplique de magnitude 6,1 a été enregistrée au large des côtes du Chili dimanche, au lendemain du premier tremblement de terre. 24 heures après, un tsunami de 120 cm a atteint le port de Kuji, dans le nord-est du Japon, où un premier raz-de-marée de 90 cm avait déferlé 40 minutes plus tôt. Les autorités japonaises ont ordonné l'évacuation de 320.000 personnes dans le nord du pays, sur l'île de Honshu, où 70.000 habitants de la côte pacifique avaient déjà été évacués. Les autorités ont averti qu'un raz-de-marée pouvant dépasser trois mètres risquait de survenir au cours des prochaines heures dans cette partie du littoral Pacifique. Au Chili, parmi les 300 morts, 90% ont été tués dans leur sommeil lorsque la secousse a ébranlé le centre du pays à 03H34 locales (06H34 GMT). Dans la région de Concepcion, à 500 km au sud de Santiago, les dégâts étaient spectaculaires: des dizaines de maisons détruites, des voitures écrasées, des routes éventrées et des ponts détruits. De nombreux Chiliens se sont rués sur les réseaux sociaux internet pour envoyer des messages à leurs familles, le séisme ayant coupé les communications. Le Chili est situé dans une des zones à la plus forte activité sismique au monde, sur une zone de convergence de deux plaques tectoniques majeures. C'est au Chili qu'a eu lieu le plus puissant séisme jamais enregistré, à Valdivia le 22 mai 1960, de magnitude 9,5. Le séisme a déclenché des alertes au tsunami dans l'ensemble des pays rivrains du Pacifique, qui ont toutes été levées dimanche, sauf au Japon. La Russie a ainsi levé l'alerte qu'elle avait lancée pour la péninsule du Kamtchatka et les îles Sakhaline. La vague la plus haute, dans le Kamchatka, a atteint 80 centimètres. Aux Philippines, des milliers de personnes évacuées des zones côtières ont été autorisées dimanche à rentrer chez elles, après l'arrivée sur le rivage de vagues d'un mètre de haut, moins hautes que prévu. Le tsunami a également atteint la Nouvelle-Zélande, l'Australie, la Polynésie française et Hawaï, ainsi que d'autres îles du Pacifique. Le Chili n'a pas été épargné par les vagues. Sur la petite île de Robinson Crusoe, à 700 km des côtes, cinq personnes ont péri et 11 étaient portées disparues, tandis qu'on était sans nouvelles d'un groupe d'une dizaine d'archéologues sous-marins français. Dans le port de Talcahuano, proche de Concepcion, des bateaux de pêche ont été projetés à l'intérieur des terres par une vague de 2,34 mètres de haut. L'épicentre du séisme a été localisé sous l'océan, à 90 km de Concepcion, deuxième ville du Chili avec un demi-million d'habitants. "Tous les dégâts ne peuvent pas encore être quantifiés", a déclaré la présidente Michelle Bachelet. 1,5 million de logements ont été endommagés, selon les autorités. Tele13online a raconté que le centre historique de Curico, à 200 km au sud de Santiago, était "pratiquement à terre". A Santiago, la secousse, qui a duré deux minutes, a plongé la capitale dans l'obscurité. Des bretelles d'autoroutes se sont affaissées, des immeubles ont été lézardés ou déformés, mais aucun grand édifice ne s'est effondré. "L'infrastructure chilienne a résisté", a dit le ministre des Travaux publics Sergio Bitar. Le Chili, l'un des pays les plus développés d'Amérique latine, est en effet bien préparé pour face à un séisme, avec des normes de construction antisismique. Malgré les dégâts, les autorités ont demandé à la communauté internationale d'attendre avant d'envoyer de l'aide. "Une aide qui arrive sans avoir été définie n'est pas d'un grand secours", a déclaré le chef de la diplomatie Mariano Fernande. L'Union européenne a offert 3 millions d'euros d'aide d'urgence. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et le président américain Barack Obama se sont dits prêts à envoyer de l'aide. Levée de l'alerte au tsunami pour tous les pays du Pacifique Le centre d'alerte américain a levé dimanche l'alerte au tsunami émise pour tous les pays riverains du Pacifique après le séisme de magnitude 8,8 survenu samedi au large du Chili. "L'alerte au tsunami émise pour l'ensemble du Pacifique par le Centre d'alerte au tsunami pour le Pacifique est maintenant levée pour tous les pays", a annoncé le centre d'observation américain dans un communiqué. Selon le centre, de nouvelles destructions liées aux tsunamis ne devraient pas affecter "les régions côtières qui n'ont pas encore été touchées". Dimanche, les autorités japonaises ont pour leur part baissé d'un cran le niveau d'alerte au tsunami, passant de "majeur" à "normal". Le violent séisme qui a fait samedi plus de 300 morts au Chili a entraîné l'évacuation de centaines de milliers de personnes dans les pays riverains du Pacifique, dans la crainte d'un tsunami qui a atteint les côtes du Japon.