Les forces de l'Otan et les troupes afghanes engagées dans une vaste offensive dans le Sud ont essuyé des tirs nourris, dimanche, après une cérémonie de levée des couleurs sur un site pris aux taliban. L'opération sous commandement américain entamée la veille par 15.000 hommes est l'une des plus importantes jamais menée par les troupes occidentales en Afghanistan. Il s'agit en outre du premier test d'envergure pour la stratégie de Barack Obama, qui a opté en 2009 pour l'envoi de 30.000 GIs en renforts. L'offensive de Marjah, dernier grand bastion taliban dans la province d'Helmand où un premier détachement de "marines" héliportés a pris position samedi matin, vise à rétablir l'autorité du gouvernement afghan avant le début du retrait américain, programmé pour 2011. Selon le capitaine Ryan Sparks, les combats sont aussi intenses que ceux de 2004 à Falloudja, alors bastion de la guérilla irakienne. "Mais, là-bas, on est parti du Nord pour aller vers le Sud. A Marjah, on progresse dans différentes directions vers le centre, on essuie donc des tirs de tous les côtés", a-t-il expliqué. Les forces américaines et afghanes ont certes gagné du terrain, mais la fusillade qui a ponctué la modeste cérémonie de levée des couleurs sur un site pris par l'US Army montre que les taliban n'ont pas renoncé à résister. "J'ai toujours rêvé de hisser le drapeau afghan dans le ciel de Marjah", s'est réjoui Almast Khan, jeune militaire afghan chargé de cette tâche, mais les marines postés à l'extérieur ont aussitôt été pris pour cibles. 30 à 35 morts dans les rangs taliban Selon le général afghan Sher Mohammad Zazaï, affecté dans le Sud, 30 à 35 taliban ont été tués depuis samedi à Marjah et dans le district voisin de Nad Ali. Pour le mollah Abdul Razaaq, commandant taliban de la zone qui s'exprime sur le site internet du mouvement, l'Otan a exagéré l'importance stratégique de la ville "pour faire oublier ses échecs passés". Qari Mohammad Yousuf, porte-parole de la milice islamiste, y a assure en outre que les troupes de l'Otan ont été prises pour cibles et parfois encerclées sur plusieurs sites de Marjah. Foyer de l'insurrection, la ville est également connue de longue date pour la culture du pavot, dont les taliban tireraient une bonne part de leurs subsides. Il y a plusieurs dizaines d'années, un plan de développement agricole y a été mis en oeuvre et les canaux d'irrigation qui sillonnent les champs ont été creusés par des coopérants américains.