Le Victoria Forum Casablanca Round se tient pour la première fois en Afrique, les 17 et 18 février 2025, à l'ESCA Ecole de Management à Casablanca Finance City. Placé sous le signe de la confiance comme levier de transformation du continent, cet événement a réuni des figures influentes du monde diplomatique, économique et politique afin d'explorer les moyens de bâtir une Afrique plus unie, stable et inclusive. Le forum a été guidé par le discours fondateur de Sa Majesté le Roi Mohammed VI prononcé à Abidjan en 2014, déclarant que « l'Afrique doit faire confiance à l'Afrique ». Ce principe a servi de fil conducteur aux discussions, axées sur le renforcement des liens économiques, politiques et sociaux entre les nations africaines. Parmi les personnalités présentes figuraient Son Excellence Isabelle Valois, ambassadrice du Canada au Maroc, et Lahcen Haddad, vice-président de la Chambre des Conseillers du Maroc, aux côtés d'anciens ministres africains et d'experts internationaux. Lors du panel d'ouverture du 17 février, sur le thème « Renforcer les capacités de la jeunesse africaine pour un avenir durable et digne de confiance », plusieurs anciens ministres ont partagé leurs visions stratégiques. Arkebe Oqubay (Ethiopie) a mis en lumière le rôle clé des jeunes dans la transformation économique de l'Afrique. Jaloul Ayed (Tunisie) a insisté sur l'importance des politiques fiscales et de l'innovation pour stimuler l'entrepreneuriat. Luís Filipe Tavares (Cap-Vert) a souligné le rôle de l'éducation et du numérique, tandis que Mohamed Abdirizak (Somalie) a plaidé pour un changement de mentalité favorisant l'innovation et la flexibilité intellectuelle. Le 18 février, Lahcen Haddad devrait prononcer un discours sur le thème « Capitaliser sur le boom démographique : des voies innovantes pour exploiter le potentiel de la jeunesse africaine ». Il a rappelé que la population jeune du continent devrait atteindre 830 millions d'ici 2050, et comparé cette dynamique aux réussites de la Corée du Sud et de la Thaïlande. Il a souligné l'importance de l'éducation, de l'entrepreneuriat et de l'innovation numérique, citant des initiatives comme la Tony Elumelu Foundation et Passion Incubator, qui transforment les chercheurs d'emploi en créateurs d'emplois. Il a également plaidé pour des investissements dans les technologies émergentes telles que l'Intelligence Artificielle et la blockchain. Géopolitique et économie : Un équilibre fragile mais porteur
Lors de la première session, Ahmed Iraqi (ESCA Ecole de Management), El Mokhtar Ghambou (The Atlantis Foundation), Moubarack Lo (Royal Institute for Strategic Studies) et Rym Ayadi (Euro-Mediterranean and African Network for Economic Studies) ont décrypté les enjeux politiques et économiques de l'Afrique. Ils ont souligné la montée des influences étrangères, la croissance démographique accélérée et l'exploitation des ressources naturelles comme des moteurs potentiels du développement, tout en mettant en garde contre les tensions internes et la nécessité de politiques inclusives pour attirer les investissements étrangers. Cette réflexion sur les dynamiques économiques a naturellement conduit à la deuxième session consacrée aux défis sanitaires du continent. Adel Guitouni (University of Victoria), Jaâfar Heikel (Sorbonne-Paris), Kenza Zerrou (World Health Organization) et Saverio Stranges (Africa Institute) ont exploré les stratégies de renforcement des systèmes de santé africains, encore marqués par de lourdes inégalités. Le concept de "One Health" a été mis en avant pour mieux intégrer santé humaine, animale et environnementale. Les panélistes ont insisté sur l'importance de financements innovants, tels que les obligations climat-santé et les partenariats public-privé, afin d'améliorer la résilience épidémiologique et garantir un accès équitable aux soins. Les défis sanitaires sont également exacerbés par les effets du changement climatique, sujet abordé dans la troisième session. Rihab Abba (ESCA Ecole de Management), António Henriques da Silva (INVEST-A), Balgis Osman Elasha (African Development Bank) et Nouzha Bouchareb (Maroc) ont analysé l'impact des dérèglements climatiques sur les flux migratoires internes et transfrontaliers. Les discussions ont mis en évidence la nécessité de renforcer les infrastructures, d'adopter des mécanismes de financement climatique et d'impliquer le secteur privé pour transformer ces défis en opportunités de développement durable. Enfin, les dynamiques climatiques et migratoires ont ouvert la voie à la quatrième session, qui a mis en avant l'importance de la confiance comme catalyseur de la prospérité régionale. Saad Laraqui (ESCA Ecole de Management), Abdou Souleye Diop (Mazars), Driss Benomar (Atlantis Center for Research and Geostrategic Studies), Mohamed Abdirizak (Somalie) et Luís Filipe Tavares (Cap-Vert) ont discuté des stratégies diplomatiques visant à transformer les tensions en opportunités économiques et politiques. La décentralisation, la participation des communautés aux politiques publiques et le renforcement du commerce intra-africain ont été identifiés comme des leviers essentiels pour une croissance inclusive.