Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a défié jeudi l'Occident sur le nucléaire à l'occasion du 31e anniversaire de la République islamique devant des centaines de milliers d'Iraniens rassemblés à Téhéran où deux chefs de l'opposition ont été attaqués. Une foule immense s'est rassemblée sur la grande place Azadi (Liberté) et dans les avenues environnantes du sud-ouest de Téhéran, agitant des drapeaux iraniens vert, blanc et rouge, et des pancartes proclamant "Mort à Israël" et ¨Mort à l'Amérique", selon les images de la télévision d'Etat. Les manifestants scandaient des slogans affirmant leur "soumission" au guide de la République islamique Ali Khamenei, a indiqué la télévision en affirmant que des "millions" d'Iraniens étaient venus à Téhéran et dans d'autres villes d'Iran "manifester l'unité de la nation". Les rassemblements ont cependant donné lieu, à Téhéran, à plusieurs affrontements apparemment isolés mais parfois violents entre les forces de l'ordre massivement déployées et des partisans de l'opposition qui tentaient de profiter de l'occasion pour manifester, selon des témoins. Les autorités avaient interdit à la presse étrangère de couvrir les défilés, la cantonnant dans une tribune officielle de la place Azadi pour écouter le discours de M. Ahmadinejad, qui a déclaré que l'Iran était devenu "une nation nucléaire" grâce à sa capacités de produire de l'uranium hautement enrichi. L'Iran peut enrichir l'uranium à 80% L'Iran est capable d'enrichir de l'uranium "à plus de 80%" mais il ne le fera pas, a annoncé le président Mahmoud Ahmadinejad, s'exprimant dans un discours à l'occasion du 31e anniversaire en affirmant que son pays allait "bientôt tripler sa production" d'uranium enrichi à 3,5%. Il a aussi affirmé que l'Iran avait produit son "premier chargement" d'uranium enrichi à 20%. L'Iran "est capable d'enrichir de l'uranium à plus de 20% et même à plus de 80%, mais il ne le fera pas car il n'en a pas besoin", a dit le président iranien, affirmant à plusieurs reprises que Téhéran ne souhaitait pas se doter de l'arme atomique M. Ahmadinejad s'en est également pris au président américain Barak Obama, l'accusant de "servir" les intérêts d'Israël, ennemi juré de la République islamique. Obama "sert les sionistes" Le président américain Barack Obama "rate des occasions" et "sert la volonté" d'Israël en s'en prenant à l'Iran, a accusé jeudi le président iranien Mahmoud Ahmadinejad dans un discours à l'occasion du 31e anniversaire de la Révolution islamique. "Malheureusement, l'espoir de changement (aux Etats-Unis) est en train de se muer rapidement en désespoir", a affirmé M. Ahmadinejad. "M. Obama désespère tout le monde. (...) Malheureusement il rate des occasions, il n'agit pas correctement et va sur un chemin contraire à ses propres intérêts et à ceux du peuple américain, mais il sert la volonté des sionistes", a-t-il dit. L'Iran est menacé de nouvelles sanctions internationales pour son refus d'arrêter ses activités d'enrichissement, les Occidentaux et Israël le soupçonnant de vouloir fabriquer l'arme nucléaire sous le couvert de son programme civil. La Chine reste la seule voix à prêcher la voie diplomatique pour un règlement de la question du nucléaire iranien. Pékin a encore appelé, hier jeudi, à "renforcer les efforts diplomatiques" pour résoudre le dossier nucléaire iranien. "Nous espérons que toutes les parties vont renforcer les efforts diplomatiques", a déclaré à la presse le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ma Zhaoxu. "Sur le dossier nucléaire iranien, la Chine respecte sérieusement la défense du régime international de non-prolifération. Nous avons toujours pensé que le dialogue et la négociation sont l'unique et fondamental moyen pour régler le problème", a-t-il poursuivi. "Nous espérons également que les discussions pourront reprendre bientôt", a-t-il ajouté. Mardi, le président américain Barack Obama avait affirmé que la communauté internationale effectuait des progrès "assez rapides" vers des sanctions supplémentaires, alors que l'Iran avait lancé la production d'uranium hautement enrichi. La Russie, jusqu'à présent réticente à tout renforcement des sanctions comme la Chine, a estimé mercredi que cette éventualité était "davantage d'actualité" après la décision iranienne.