En marge de l'Africa & Middle East Space Conference (AMESC 2025), tenue du 5 au 8 février à Rabat, de hauts responsables d'agences spatiales internationales ont souligné la position stratégique du Maroc dans l'industrie aérospatiale, mettant en exergue la pertinence de son approche collaborative tant avec le continent africain qu'avec l'Europe, consolidant ainsi son rôle en tant que hub régional de coopération scientifique et technologique. L'ancienne astronaute de la NASA, Dorothy Metcalf-Lindenburger, a déclaré avoir eu l'opportunité de visiter plusieurs écoles d'excellence marocaines, dont l'Ecole Mohammadia d'Ingénieurs. Lors de cette visite, elle a rencontré des étudiants ayant participé à la conception et au développement, en collaboration avec leur école, d'un satellite actuellement en orbite. « Ils m'ont expliqué que ce satellite restera en orbite entre 3 et 5 ans et qu'ils possèdent les compétences nécessaires pour le piloter et traiter les données recueillies. Ils reçoivent de nombreuses images et utilisent l'intelligence artificielle (IA) pour filtrer celles qui sont inutilisables, notamment celles obstruées par des nuages », a-t-elle précisé. « Ce n'est qu'un seul exemple, mais une fois qu'un modèle est établi, il est certain que les professeurs et les futurs étudiants s'y intéresseront pour aller plus loin et améliorer les réalisations. Cela signifie qu'un seul bon exemple peut ouvrir la voie à davantage de recherches dans l'industrie spatiale au Maroc. Il faut croire au jeunes et leur offrir les moyens nécessaires pour innover», a-t-elle ajouté. Maria-Gabriella Sarah, membre du directoire scientifique de l'Agence spatiale européenne (ESA), interrogée par L'Opinion sur les perspectives de collaboration avec le Maroc, a rappelé qu'elle avait eu l'opportunité, en 2018, de visiter le Centre Royal de Télédétection Spatiale (CRTS). À l'époque dirigé par M. Idriss El Hadani – aujourd'hui conseiller principal auprès du Bureau des affaires spatiales des Nations unies –, ce centre lui avait présenté son travail rigoureux ainsi que ses coopérations internationales en matière d'échange de savoir-faire et de chercheurs. Elle a également souligné que d'autres initiatives verront le jour à l'avenir dans le cadre des partenariats entre le Maroc et l'ESA. « À l'ESA, nous accueillons régulièrement des talents marocains. Actuellement, nous offrons un stage à deux doctorants dans notre bureau à Rome, en Italie », a-t-elle précisé. Elle a également souligné l'engagement de l'ESA en Afrique : « Nous sommes heureux d'être présents à l'ouverture officielle de l'Agence spatiale africaine, prévue en avril 2025 au Caire, une occasion de renforcer la coopération entre nos deux continents. » Dr. Tidiane Ouattara, président de l'Agence spatiale africaine (AfSA), a souligné que l'Afrique dispose d'une véritable opportunité en matière de formation, mettant en avant le fait que 60 % de la population du continent est âgée de moins de 35 ans. Selon lui, cette dynamique démographique permet de repenser le marché du travail dans le secteur spatial, en formant une masse critique de jeunes talents qui n'auront plus besoin d'émigrer pour trouver des opportunités. Il a rappelé que cette ambition est au cœur des priorités de l'AfSA, qui met l'accent sur la formation et le développement des compétences. À ce titre, il a invité le Maroc, avec ses infrastructures avancées, à collaborer avec l'Afrique subsaharienne dans le cadre d'une coopération Sud-Sud renforcée. « Ne nous y trompons pas, l'Afrique innove dans tous les domaines, et les sciences spatiales n'échapperont pas à cette dynamique », a-t-il affirmé, expliquant que l'innovation repose sur deux piliers : le secteur académique, qui forme les talents et mène des recherches de pointe, et le secteur privé, qui transforme ces avancées en produits et services innovants. Il a également mis en avant l'importance de l'entrepreneuriat dans ce domaine. Consciente de cet enjeu, l'AfSA organisera, du 6 au 8 mai à Abidjan, le Marché africain des solutions spatiales, un événement qui réunira plus de 300 entreprises pour débattre des défis du secteur et proposer des solutions. « Le secteur public ne peut plus, à lui seul, répondre aux besoins ; il appartient désormais aux autres acteurs de s'impliquer pleinement », a-t-il conclu. Pour rappelle la scientifique Marocaine Amal Layachi, a été élue en février 2024, responsable de l'Afrique du Nord au sein du Conseil de l'AfSA, témoignant ainsi de l'implication croissante du Maroc dans le développement spatial du continent.
Youssef Benkirane La fabrication du premier satellite géostationnaire marocain prévue avant fin 2025 Yan Levy, directeur général de Thales au Maroc, a annoncé dans une déclaration à "l'Opinion" que la fabrication du tout premier satellite géostationnaire marocain sera lancé avant la fin de 2025. "Tout est prêt pour ce projet. En tant que fabricants, nous attendons le feu vert de notre partenaire marocain Panafsat pour entamer la production", nous a déclaré M. Levy. "Cette production débutera très probablement au cours de l'année 2025, pour une entrée en service en 2030", a-t-il ajouté. "Les autorités marocaines ont fait preuve d'une collaboration étroite et rigoureuse pour la concrétisation de ce projet ambitieux", s'est félicité le directeur de Thales au Maroc. Un seul satellite géostationnaire peut couvrir près d'un tiers de la surface terrestre, ce qui justifie l'ambition de ce projet maroco-français visant à fournir une connectivité à très haut débit à 26 pays africains, dont 23 pays francophones, couvrant ainsi une population de plus de 550 millions d'habitants répartis sur une superficie de 12 millions de km2. Thales Alenia Space a conçu et fabriqué plusieurs satellites géostationnaires dédiés à la fourniture d'une connexion Internet à haut débit, comme le EUTELSAT KONNECT VHTS, qui fournit un accès Internet à très haut débit partout en Europe, notamment dans les zones mal desservies, avec des performances comparables à celles de la fibre optique. Il en va de même pour le SATRIA-1, lancé en 2023, afin d'améliorer la connectivité de l'archipel indonésien en apportant une connexion Internet aux zones les plus isolées. Le protocole d'accord entre l'opérateur marocain Panafsat (Panafrican Satellite Communications) et Thales Alenia Space pour la fabrication de ce satellite a été signé fin octobre 2024, dans le cadre de la visite d'Etat du président de la République française, Emmanuel Macron, au Royaume du Maroc, en présence de Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'Economie et des Finances, et d'Antoine Armand, ministre français de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. Selon Yan Levy, le coût exact de ce projet n'a pas encore été révélé, mais il bénéficie d'un financement de la CDG, de plusieurs banques partenaires ainsi que du gouvernement marocain.