En raison de la recrudescence possible des cas de rougeole suite aux déplacements massifs pendant les vacances scolaires, il est désormais crucial de renforcer les mesures préventives dans les établissements scolaires. Les experts avertissent également sur le risque d'autres maladies infantiles et insistent sur la nécessité d'une vigilance accrue concernant la vaccination. Une alerte retentit dans le domaine de la Santé au Maroc, alors que les experts tirent la sonnette d'alarme face à l'aggravation de la situation. Le retour des vacances scolaires, avec son flot de déplacements à travers tout le pays, a entraîné une hausse vertigineuse des cas de rougeole. Le risque épidémique est de nouveau en forte progression, et l'urgence de rétablir une couverture vaccinale optimale n'a jamais été aussi pressante. Face à cette recrudescence, il est impératif d'agir rapidement pour maîtriser la situation et protéger l'ensemble de la population. Dans ce contexte, le Dr Tayeb Hamdi, Médecin et Chercheur en politiques et systèmes de Santé, alerte : « Après une dizaine de jours d'écoles désertées, l'épidémie ralentira pendant deux à trois semaines, mais elle redémarrera en raison du faible niveau d'immunité collective ». Il ajoute ensuite que « les déplacements, les voyages et les retrouvailles familiales, pendant les vacances scolaires, favoriseront la propagation de la maladie. Les écoliers, en particulier, peuvent transmettre la maladie aux autres groupes de la population ». Des mesures nécessaires mais insuffisantes ? Dans ce sillage, plusieurs efforts sont déployés pour maîtriser les cas et rattraper la situation. C'est dans ce contexte que la campagne de vaccination, lancée dans les établissements scolaires à partir de ce lundi 3 février 2025, intervient afin de renforcer la couverture vaccinale des élèves de moins de 18 ans. Une note ministérielle invite les directions d'établissements à collaborer avec les services de santé, à prévoir des espaces adaptés et à impliquer le personnel éducatif pour assurer le bon déroulement de l'opération. En cas de détection de cas de rougeole, les élèves non vaccinés seront temporairement exclus pour éviter la propagation. Si un établissement devient un foyer de contagion, sa fermeture pourra être ordonnée. Les élèves affectés par ces fermetures ou exclusions bénéficieront d'un enseignement à distance, garantissant ainsi la continuité de leur scolarité. Selon Tayeb Hamdi, tous ces efforts sont importants, et les mesures prises au niveau scolaire sont nécessaires, incontournables et vitales, mais elles restent encore insuffisantes. Fort de son suivi attentif de la situation depuis le début, il ne cesse de souligner les risques imminents. Il met en garde : « Tant que nous n'atteindrons pas un taux de couverture vaccinale de 95%, la rougeole continuera de se propager sous forme d'épidémies. Ce seuil d'immunité collective ne pourra être atteint que par la vaccination ». Cependant, sur une note plus optimiste, il rappelle que, bien que la rougeole soit une maladie très contagieuse et grave, elle est heureusement évitable. Selon lui, il est crucial d'atteindre une immunité collective de 95% et d'endiguer la propagation de la maladie. Vacciner pour prévenir les épidémies infantiles : En complément de ces mesures, le Dr Tayeb Hamdi formule plusieurs recommandations essentielles. Il souligne particulièrement l'importance de maintenir un taux élevé de couverture vaccinale sur le long terme, en renforçant la vaccination des enfants selon le calendrier établi et en ne se contentant pas des seules campagnes de rattrapage. Il souligne, également, la nécessité de reprendre et de renforcer la vaccination contre les autres maladies infantiles, car la baisse du taux de vaccination ne touche pas uniquement la rougeole. D'autres maladies, telles que la coqueluche, la diphtérie, la poliomyélite et bien d'autres, pourraient ressurgir en raison de la baisse des taux de protection. Il invite aussi à sensibiliser tous les adultes, nés après 1980, qui ne sont pas complètement vaccinés ou n'ont jamais contracté la rougeole, à se faire vacciner, en particulier les groupes à risque. Enfin, il évoque l'importance d'instaurer l'obligation vaccinale contre les maladies infantiles graves, soulignant que les vaccins ont prouvé leur efficacité et leur sécurité à un très haut niveau. Agir au niveau territorial : Sur un autre plan, le docteur aborde la nécessité de mener des enquêtes et audits au sein du ministère de la Santé et de la Protection sociale pour comprendre ce qui a échappé ces dernières années. Selon lui, il est essentiel d'analyser l'impact de la pandémie de Covid-19, l'hésitation vaccinale des parents, ainsi que le relâchement de l'offre vaccinale par les services de Santé et les professionnels concernés. Il précise que cette tendance s'est intensifiée au Maroc en raison de plusieurs facteurs, dont la pénurie de ressources humaines, les grèves répétées et un manque de motivation du personnel. Le spécialiste insiste, en outre, sur le fait que les raisons pour lesquelles les taux de vaccination ont chuté aussi bas doivent être éclaircies, notamment pourquoi le suivi des taux à l'échelle régionale et nationale n'a pas pu sonner l'alerte avant la propagation de l'épidémie actuelle. Enfin, il propose de lancer une étude urgente pour comprendre les racines de l'hésitation vaccinale des parents, afin de mieux cibler les campagnes de sensibilisation, de rattrapage vaccinal et de vaccination.