Le cinéma a traversé plusieurs étapes historiques, durant lesquelles il a connu des évolutions et des développements notables. La plus importante est celle qui a précédé sa naissance, où l'on ne pouvait même pas parler de « cinéma », ce mot n'existant pas encore. Depuis les origines jusqu'à son accomplissement en 1895, le « cinéma » a vécu une histoire fascinante jalonnée de découverte, de création de succès et d'échecs, où l'on apporte des scientifiques : mécaniciens, médecins, physiologistes, opticiens, est prépondérant. Les appareils, inventés, aussi bien en Europe qu'en Amérique, portaient des noms bizarres, justifiés certes, mais difficiles à retenir par les communs des citoyens. Cela va du praxinoscope au Kinétoscope que les gens ont délibérément ignorés. Il faut avouer que les inventeurs eux-mêmes n'avaient pas fourni beaucoup d'effort pour trouver des noms à leurs découvertes, simples, faciles, malgré le caractère populaire de ces derniers, tels que le thaumatrope, qui n'est qu'un jouet destinés à amuser les enfants. Avec la découverte de la cinématographie, le cinéma va connaître sa période de vulgarisation. On ne retiendra de ce nom compliqué encore qu'une partie (cinéma au lieu du cinématographe) sans que cela n'introduise la moindre ambiguïté. Cette étape est caractérisée par l'exploration de cet outil nouveau de communication repassant sur la seule image, et s'introduit vite comme spectacle privilégié des masses, éclipsant rapidement le théâtre, le cirque, les fêtes foraines et le musical. D'emblée, le cinéma s'érige en moyen susceptible d'intéresser les grandes masses portant en lui plusieurs valeurs identitaires que les théoriciens mettront longtemps à cerner. Cette deuxième étape est celle aussi de la découverte des possibilités techniques, de l'établissement des premiers genres et de la popularisation du cinéma. Une sévère concurrence est engagée entre les Américains et les Européens, en particulier les Français, caractérisée par une course effrenée vers les démonstrations techniques et artistiques liées à ce nouveau moyen, toutes étonnantes les unes, les autres. Au cours des années 10, les Américains vont commencer à avoir des avances sur les Français. Les Américains vont préférer voir dans le cinéma surtout un commerce et une industrie et vont établir les infrastructures nécessaires, en matière de studios et de salles. La construction de Hollywood n'est que l'accomplissement de cette politique qui ne finit pas de s'épanouir jusqu'à nos jours. Dès les années 20, la France va abandonner la partie au profit des Américains. Elle ne peut plus suivre le rythme des Américains en matière de production de films. Les intellectuels français tout comme les professionnels vont consolider une orientation toute originale dévoilant de nouvelles possibilités du cinéma. Ils refusent de voir dans le cinéma un moyen de commerce et d'industrie seulement. Le cinéma est aussi un art, englobant six autres précédents, qui a ses propres spécificités. Des théories naissent en Europe de l'Ouest et de l'Est permettant de voir dans le film un objet d'art culturel, loin du dédain américain. Les philosophes, écrivains, toute comme les plasticiens et les cinéastes engagent leurs réflexions dans ce sens en vue d'édifier un art tout nouveau en évitant le caractère populiste du spectacle. Un film, on l'écrit et on lit tel un tableau ou un texte, portant un langage propre. C'est ce langage qui continue à nous envoûter.