Récemment, des informations ont circulé sur un prétendu intérêt du Maroc pour systèmes de défense antiaérienne russes "S-400". Un tel scénario demeure dépourvue de crédibilité pour plusieurs raisons. Détails. L'agence russe Sputnik a annoncé une liste de 13 pays, dont le Maroc, le Qatar, l'Egypte, le Vietnam et l'Irak. qui seraient intéressés d'acquérir le système de défense antiaérienne russe S-400. Cette information a aussitôt été reprise et largement diffusée dans l'espace médiatique marocain.
Conçu par Almaz Antei, ce système comprend une unité de tir composée de neuf lanceurs et de 120 missiles avec des véhicules de commande. Le S-400 est utilisé par plusieurs pays dont la Chine, l'Inde et l'Algérie qui s'en est dotée en 2021. Ce sont des clients traditionnels de la Russie sauf la Turquie qui, bien qu'elle ait acheté ces missiles en 2019, a eu du mal à s'en servir à cause de son appartenance à l'OTAN. Cela a provoqué une crise majeure avec les Etats-Unis qui ont désapprouvé le choix des turcs sous prétexte que les missiles russes sont incompatibles avec la doctrine otanienne. L'administration américaine avait même adressé un ultimatum en 2019, menaçant de bloquer la livraison des F-35 à la Turquie si elle ne renonce pas aux systèmes russes.
Dans le cas du Maroc, les chances d'un tel contrat demeurent extrêmement minimes. Selon Abdelhamid Harifi, expert dans les questions de défense, un tel scénario est d'autant moins crédible que la Russie ne vend plus des armes à des tiers puisqu'elle honore uniquement les contrats déjà signés.
Déployé en Ukraine, le système russe a fait preuve d'une piètre performance sachant qu'il n'a pas assuré la protection de la Crimée que l'Armée ukrainienne a bombardé à plusieurs reprises. Plusieurs lanceurs ont été détruits depuis le début de la guerre en 2022.
Il serait étonnant, voire même un tournant stratégique, que le Maroc fasse un tel choix à ce moment alors que le Royaume ne cesse de privilégier la technologie occidentale et israélienne durant ces dernières années pour raffermir ses capacités de défense anti-aérienne. En témoigne le choix du système israélien Barack MX en 2023 qui a fait ses preuves au conflit du Haut Karabakh. Le Maroc avait également commandé les batteries françaises MICA VL en 2019 après avoir acquis le modèle chinois "Sky Dragon". Ces systèmes ont été acquis pour se protéger contre plusieurs types de missiles, dont les "Iskander" russes que possède l'Algérie.
Le Maroc a d'ores et déjà manifesté son intérêt pour les missiles Patriot le PAC 3 MSE. Le Royaume a été cité parmi les clients potentiels du fameux système américain dans un rapport déclassifié du Département américain de la Défense, qui date de décembre 2019. Cela dit, le Maroc semble plus enclin à la technologie américaine surtout que le Patriot s'est montré d'une efficacité redoutable en Ukraine où il a été utilisé pour sanctuariser quelques villes comme Kiev. Jusqu'à présent, ce contrat est toujours en négociation, le Maroc n'ayant pas encore eu l'aval des américains. L'unique inconvénient du Patriot est son coût qui s'élève à 3 millions par missile, le prix du système complet pouvant atteindre un milliard de dollar.
Depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne le 24 février 2022, le Maroc a commandé des armes américains qui ont fait leur preuve sur le front, à savoir les missiles Javeline, commandés en mars 2024, et les lance-roquettes HIMARS, dont le contrat fut annoncé en juillet 2023.