Dans la foulée du projet de la charte environnementale qui est entrain de se discuter au Maroc, les professionnels du secteur des algues marines souhaitent aussi apporter leur contribution dans le grands débat qui fait échos à ce sujet un peu partout au royaume. Les algues marines constituent pour l'Homme une fabuleuse richesse renouvelable dont on n'exploite seulement qu'une faible part du gisement existant, et dont on ne profite que fort peu. Le «gelidium sesquipedale», appelé communément algue marine rouge, permet en particulier l'extraction de l'agar utilisé dans l'industrie alimentaire, dans des produits pharmaceutiques ou encore dans la cosmétique. C'est un marché juteux exploité aux quatre coins du globe. Dans la province d'El Jadida, ramasser des algues ne rapporte plus. La mer est beaucoup moins généreuse en algues marines ces derniers temps. L'activité depuis les quatre dernières années ne rapporte plus grand-chose, bien que la demande à l'international est importante. C'est du moins l'avis des ramasseurs de cette plante de mer qui suscite tant de convoitise. L'informel et le braconnage pointés du doigt y sont pour beaucoup sans le moindre doute. «La tendance du marché est inversée sous la pression des gros exploitants de l'algue qui ont réussi à imposer leurs prix», souligne un opérateur de la région. «Pour la complète reconstitution de la ressource, il faudrait des phases de repos biologique plus longues», estime par ailleurs un professionnel du secteur. Il faut rappeler que les algues constituent aussi des zones de fraie pour le poisson.Une bonne raison pour la délégation des Pêches Maritimes d'intensifier les contrôles pendant les périodes prohibées. Par ailleurs, des campagnes de sensibilisation aux menaces et conséquences de la disparition de cette richesse marine doivent être aussi régulièrement menées à Sidi-Abed (40 km au sud d'El-Jadida) et à Moulay-Abdellah (10 km au sud). Des rencontres périodiques avec les marins doivent être organisées à la Chambre d'agriculture et des efforts d'information menées auprès des ramasseurs, des professionnels, des associations et auprès des coopératives de l'algue marine. En attendant et pour sauver ce qui reste à sauver, estiment certains opérateurs avertis du secteur, des périodes de repos biologiques doivent être progressivement observées et respectées. Compte tenu du caractère social que revêt cette activité qui fait vivre chaque saison d'été des milliers de familles, une grande partie des opérateurs sont d'accord pour deux mois de travail sur trois en 2010, un mois de travail sur trois en 2011 et le repos biologique complet pour l'année 2012. Bref, la quantité exacte des algues extraites et commercialisées au Maroc et à l'étranger est encore difficilement quantifiable dans la mesure où les déclarations de débarquement sont loin de refléter la réalité. Ce flou qui entoure l'activité ne contribue certainement pas à améliorer les conditions de travail des ramasseurs d'algues. La sonnette d'alarme est tirée.