Ahmed Nouaiti fait partie des artistes émérites qui travaillent dans l'ombre, sans zèle et sans penchant ni prétencieux ni exhibitionniste. Et vu les remarquables performances artistiques qu'il a réalisées ces derniers temps, parfois dans des conditions pénibles et défavorables, on pourrait dire que c'est un battant. Pour ceux qui ne connaissent pas Ahmed Nouaiti, nous aimerions en donner ce petit aperçu: Nouaiti, artiste peintre de formation a déjà fait parler de lui en tant que dessinateur, lors de l'édition de la trilogie consacrée à l'Histoire du Maroc en bande dessinée (1993). Il a participé à Art en Direct, cet événement international dédié à l'enrichissement transculturel et qui a été tenu à la fin des années 80 dans un grand palace de Rabat. Nouaiti est un des rares peintres dans le monde arabe qui ont fait de l'aviation un thème de prédilection. En effet, en 2008, il présenta en exclusivité une exposition qui relatait picturalement l'histoire de l'aviation du Maroc depuis l'indépendance à nos jours (1e Salon Aéro-Expo, Marrakech). L'année suivante, il exposa à la Villa des Arts de Rabat sous le thème «Neuromania» ses travaux sur l'alliage art/médecine. Ainsi, en pleine maturité, il entama une nouvelle étape créative sous le label: speed-painting (ou fast painting). Il en a résulté de nombreuses performances commémoratives dédiées et dédicacées à des personnalités politiques et des célébrités artistiques comme Barak Obama, le roi Abdellah Ben Abdelaziz d'Arabie Saoudite, Mahmoud Darwich, Larbi Batma et Stevie Wonder. L'originalité de la démarche réside dans l'orientation de la toile. L'artiste peint en sens opposé. Le thème de polyrythmie auquel il a abouti en est la quintessence. A propos de cette dernière innovation dans laquelle Ahmed Nouaiti s'est investi à fond, on a l'impression qu'il s'engage dans un impressionnisme expressionniste d'un genre nouveau. Le principe de création repose sur l'adjonction entre l'art pictural et la vidéographie. Dans un premier temps et grâce à l'outil informatique, l'artiste a esquissé la silhouette de trois bonhommes. Ils seront animés grâce à une technique d'animation (grafic-motion). Les images ainsi obtenues seront synchronisées avec les sons d'un morceau de musique choisi par l'artiste lui-même. Ainsi, en projetant ces images sur une toile préalablement préparée, le créateur, usant d'une palette chromatique étudiée à l'avance (sachant qu'il va travailler dans l'obscurité ) y appose ses touches de couleur selon son instinctivité et selon le rythme musical inculqué. Il se dégage de cette bienheureuse orchestration un ensemble d'aplats chromatiques portant l'empreinte aussi bien des sons musicaux d'ambiance que des marques indélébiles de la gestualité qui s'en imprégnait. Yves Klein avec son Body Art en avait donné les prémices. Mais avec Nouaiti on assiste à une rénovation de taille. La différence, c'est qu'avec ce dernier on part du virtuel pour aboutir au réel. Nouaiti a eu l'intelligence de nous présente ce cocktail esthétique avec autant de perspicacité que de ferveur.