Le sacrifice d'Allal Ben Abdallah, le 11 septembre 1953, a déclenché une vague de résistance nationale, précipitant la chute du protectorat et le retour de Feu Mohammed V. Come-back sur cet épisode charnière dans l'Histoire de l'Indépendance. Il y a 71 ans, un acte de bravoure et de vaillance secoua le Maroc. Le 11 septembre 1953, Allal Ben Abdallah, animé d'un patriotisme ardent, se jeta au-devant du cortège officiel de Mohamed Ben Arafa, le sultan imposé par les autorités du protectorat français. Ce geste n'était pas un coup de tête, mais l'expression d'une volonté farouche de préserver la souveraineté du Maroc et de restaurer la légitimité du Sultan Mohammed V, exilé contre la volonté du peuple marocain. En s'attaquant au symbole même de la trahison coloniale, Ben Abdallah marquait un tournant dans la lutte pour l'indépendance. Né en 1916 à Guercif, dans la tribu des Haouara, ce simple artisan peintre avait, comme tant d'autres Marocains, ressenti au plus profond de son être l'injustice de l'occupation française et le mépris de la dignité nationale. Installé dans le quartier Akkari de Rabat, il se lia rapidement aux cercles nationalistes, partageant avec eux un rêve commun, celui d'un Maroc libre, libéré de l'oppression étrangère. Son acte héroïque, bien qu'avorté, eut des répercussions profondes. Lorsque les balles des forces de sécurité de Ben Arafa mirent fin à sa tentative, elles déclenchèrent bien plus qu'un simple drame personnel. Allal Ben Abdallah, en sacrifiant sa vie, devint le martyr d'une nation en pleine mutation. Il incarna la résistance armée qui ne tarda pas à suivre son exemple. Son attaque, bien que stoppée par la garde rapprochée de Ben Arafa, ne pouvait étouffer l'élan de liberté qui bouillait déjà sous la surface de la société marocaine. Si le protectorat pensait avoir sécurisé son pion sur l'échiquier politique, il se trompait lourdement. Allal Ben Abdallah avait semé les graines d'une révolte irrémédiable. Dans les jours qui suivirent, les rues de Guercif, Salé, Rabat et d'autres villes s'embrasèrent. Partout, des mouvements de résistance prirent de l'ampleur. Les organisations nationalistes, jusque-là pour la plupart pacifiques, commencèrent à envisager des formes d'action plus directes. C'était le début d'une véritable guerre d'usure entre les forces coloniales et une population prête à tout pour recouvrer sa liberté. Les autorités du protectorat français, conscientes du symbole que représentait cet acte, tentèrent d'étouffer l'affaire, mais la presse nationaliste, clandestine, en fit un étendard. Allal Ben Abdallah devint un héros de la nation, son nom résonnant dans les rues et les cafés, dans les marchés et les mosquées. Il était le symbole d'une résistance marocaine qui n'allait plus se taire. Le peuple, galvanisé par son sacrifice, intensifia ses actions, rendant la vie difficile aux forces coloniales. L'année 1954 fut marquée par une escalade des tensions. Les forces coloniales, affaiblies par les guerres d'Indochine et les premières insurrections en Algérie, peinaient à maintenir leur emprise sur le Maroc. Le refus catégorique du peuple marocain d'accepter Ben Arafa comme sultan devint de plus en plus manifeste. Le Sultan légitime, Mohammed V, bien que loin de son Royaume, était plus présent que jamais dans les esprits et les cœurs des Marocains. En novembre 1955, après de longs mois de négociations et de luttes, Mohammed V fit son retour triomphal au Maroc. C'était un moment historique, le point d'orgue d'années de résistance acharnée. Allal Ben Abdallah, par son sacrifice, avait ouvert la voie à cet événement. Son sang, versé sur l'autel de la liberté, avait renforcé la détermination du peuple marocain à ne jamais plier face à l'oppression. Ce retour du Sultan marqua le début de la fin du protectorat. Le 2 mars 1956, le Maroc obtenait officiellement son indépendance. La France, épuisée par ses guerres coloniales et incapable de maintenir son contrôle sur le Royaume, céda. Mais dans cette victoire, le souvenir d'Allal Ben Abdallah resta vivace. Il fut l'un de ces héros sans lesquels l'indépendance n'aurait pu être arrachée. Depuis lors, chaque 11 septembre, la mémoire d'Allal Ben Abdallah est honorée par la famille des anciens résistants et par tous les Marocains. Des rues et boulevards portent son nom, lequel nom retentit comme un rappel du prix élevé que la liberté exige. Il incarne le courage, la foi et l'amour inébranlable de la patrie. Ainsi, l'histoire d'Allal Ben Abdallah est celle d'un homme simple qui, par un acte héroïque, a déclenché une chaîne d'événements qui allait changer le cours de l'Histoire du Maroc. Son nom est à jamais gravé dans la pierre de l'indépendance, un hommage à ceux qui ont donné leur vie pour que la nation puisse vivre libre.
Houda BELABD Rétrospective : Le sang de l'Indépendance La mort d'Allal Ben Abdallah, le 11 septembre 1953, fut l'étincelle qui embrasa tout le Maroc. Ce sacrifice, loin d'éteindre la flamme de la résistance, lui donna une intensité nouvelle. Le lendemain, les rues de Salé et de Rabat se soulevèrent. Les quartiers populaires s'emplirent de murmures qui montèrent en un grondement sourd, annonciateur de jours sombres. La répression coloniale ne se fit pas attendre. Les autorités françaises, conscientes du poids symbolique de cet assassinat raté de Mohammed Ben Arafa, le sultan imposé, déployèrent un dispositif militaire impitoyable. Dans les jours qui suivirent, des arrestations massives eurent lieu. Les figures du Mouvement nationaliste furent traquées, emprisonnées, parfois même torturées. Les manifestations pacifiques furent réprimées avec une violence inouïe. Mais loin de calmer la révolte, cette vague de répression cristallisa la détermination du peuple marocain. De Casablanca à Fès, de Tanger à Marrakech, des soulèvements éclatèrent, des grèves se multiplièrent. Le martyr d'Allal Ben Abdallah était désormais dans toutes les têtes, son nom scandé lors des rassemblements, son visage imprimé clandestinement dans les tracts distribués sous le manteau. La Monarchie légitime, en exil, devint le symbole autour duquel toute la nation se rassemblait. Mohammed V, déchu et envoyé loin de Son Trône, demeurait l'unique Sultan aux yeux des Marocains. Les appels à son retour se firent plus insistants, plus urgents, et chaque jour qui passait sans lui semblait prolonger la souffrance du pays. Les tensions atteignirent un point de non-retour en 1954. Le protectorat français, déjà affaibli par la guerre d'Indochine et les premières révoltes en Algérie, peinait à contenir la contestation. Les responsables français, incapables de rétablir un ordre stable avec Ben Arafa, se rendirent vite compte que le maintien de ce dernier au pouvoir était un échec cuisant. En 1955, après des mois de mobilisation ininterrompue, le retour de Mohammed V fut négocié. Le Sultan, accueilli triomphalement, revint comme le symbole vivant de l'unité et de la résistance. Son retour marqua le début de la fin pour le protectorat. Le 2 mars 1956, l'indépendance du Maroc fut officiellement proclamée. Mais dans cette victoire éclatante, le nom d'Allal Ben Abdallah n'était pas oublié. Son sacrifice avait ouvert la voie à cette libération tant espérée. Le martyre de Ben Abdallah ne fut donc pas une fin tragique, mais l'un des premiers coups portés à un empire colonial vacillant. Son sang, versé pour la cause, avait irrigué les racines de la liberté marocaine. Hommage : Un marque-page de l'Histoire de la bravoure Au cœur des villes marocaines, le nom d'Allal Ben Abdallah résonne encore, gravé sur des plaques de rues et de boulevards qui traversent le quotidien de milliers de citoyens. Ce martyr, figure emblématique de la lutte pour l'indépendance du Maroc, a laissé une empreinte indélébile, non seulement dans l'Histoire nationale, mais aussi dans l'urbanisme du pays. Ces avenues et ces artères, qui portent son nom, ne sont pas de simples axes routiers, mais de véritables hommages vivants à un homme qui a sacrifié sa vie pour la patrie. En effet, dans les principales villes du Royaume, de Rabat à Casablanca, en passant par Marrakech et Fès, des rues et des boulevards sont baptisés en son honneur. À Rabat, sa ville d'adoption où il a mené son acte héroïque contre le cortège de Mohamed Ben Arafa en 1953, l'"Avenue Allal Ben Abdallah" traverse des quartiers vivants de la Capitale, rappelant à chaque passant le lourd tribut payé pour la liberté du pays. À Casablanca, le "Boulevard Allal Ben Abdallah" est l'une des artères principales, reliant des quartiers animés. Cette voie symbolise l'élan vers la libération, empruntée quotidiennement par des générations qui, parfois, ne connaissent pas toujours l'histoire derrière ce nom. Fès, la capitale spirituelle du Royaume, n'est pas en reste. Dans ses rues anciennes, empreintes d'Histoire, le nom d'Allal Ben Abdallah est inscrit, comme une piqûre de rappel de l'époque où la ville était un foyer de la résistance. D'autres villes, comme Meknès, Tanger ou encore Agadir, ont également choisi d'inscrire dans leur topographie la mémoire de ce résistant. Ainsi, ces rues ne sont pas seulement des lieux physiques, mais aussi des symboles de la mémoire collective. Elles incarnent la continuité de l'Histoire et la transmission d'un héritage précieux, celui de la résistance et de l'amour indéfectible pour la patrie. À chaque coin de rue portant son nom, c'est une partie de l'âme du Maroc qui s'exprime, celle d'un peuple reconnaissant envers ceux qui ont lutté pour sa liberté. Anniversaire : Sa mort, ce coup de massue... La nouvelle de la mort d'Allal Ben Abdallah, le 11 septembre 1953, tomba comme un couperet sur toute une Nation, comme une déflagration silencieuse, ébranlant le cœur des souches nationalistes et enveloppant le Maroc dans un deuil profond. Dans l'ombre des ruelles de Salé, ses camarades, frères de cause, serrèrent les poings, comme si le courage du martyr coulait à nouveau dans leurs veines. À Rabat, les regards s'échangèrent dans les cafés, ébahis et lourdement chargés d'une colère froide, précipice d'une série d'événements qui ne pouvait être que sombre et désastreuse. Le Sultan, en exil, apprit la nouvelle dans l'amertume d'un lointain qu'il ne pouvait franchir. On dit que son silence fut plus assourdissant que mille discours, que dans ce mutisme forcé, une promesse silencieuse se tissait : celle du retour et de la justice. Dans l'ombre de son bannissement, le défunt Mohammed ben Youssef comprit que cette mort pouvait bien être le ferment d'une unité nationale encore plus solide. La presse nationaliste, encore clandestine, n'eut besoin que de quelques lignes pour faire éclater la vérité : « Le sang du martyr abreuve notre espoir ». Dans les rues, la nouvelle courait, s'accrochait aux murs, passait de bouche en bouche, plus rapide que les journaux français, qui tentèrent de minimiser l'impact de cet acte héroïque. Mais rien ne pouvait éteindre l'incendie. Le nom d'Allal Ben Abdallah, déjà gravé dans l'Histoire, brûlait désormais dans la mémoire collective. Car le pays tout entier se tenait sur le fil du rasoir, sentant que le sacrifice d'Allal avait scellé une promesse : celle de l'indépendance, à n'importe quel prix.