La résistance palestinienne a toujours été claire dans ses principes et conditions pour conclure tout accord d'échange de prisonniers. Elle a même fait preuve de souplesse en acceptant le plan Biden pour un cessez-le-feu, avant que Netanyahu n'y ajoute quelques amendements que les Palestiniens ne sauraient accepter. Plusieurs médias hébreux ont mis l'accent sur un rôle négatif du secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken dans les négociations de cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Mercredi, des sources israéliennes bien informées ont accusé Blinken d'avoir saboté les négociations de cessez-le-feu dans la bande de Gaza et ont déclaré qu'il les qualifiait de «condamnation à mort» du processus. Le journal israélien Yedioth Ahronoth citant des sources qu'il a qualifiées d'informées, sans les nommer, relève que «Blinken a commis une très grave erreur en disant que (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu avait accepté la proposition américaine, et la balle est désormais dans le camp du Hamas». Le journal estime que le secrétaire d'Etat américain "a sérieusement saboté les négociations et commis une erreur très grave, ce qui témoigne de la naïveté et du manque de compréhension". Les mêmes sources ont expliqué que Blinken "a répandu l'optimisme en raison de considérations politiques internes aux Etats-Unis, de sorte que la conférence du Parti démocrate à Chicago (qui a débuté lundi et se poursuit jusqu'à jeudi) se déroulera sans problème", alors qu'«il n'y aura pas d'accord ni de sommet si l'insistance israélienne sur le déploiement de forces le long de l'axe de Philadelphie», à la frontière entre Gaza et l'Egypte, se poursuit. Interprétant les propos du secrétaire d'Etat américain, les sources de Yedioth Ahronoth estiment que les "les Etats-Unis soutiennent Netanyahu pour que les forces de l'armée israélienne restent à Philadelphie, alors que les Egyptiens et le Hamas refusent cela". Et de déplorer qu'au moment où on s'attendait à ce que Blinken «appellerait et Israël et Hamas à faire preuve de flexibilité», il a, au contraire, pris parti pour Netanyahu en imputant la responsabilité d'un échec des négociations au Hamas, poussant ce mouvement à dénoncer «un parti pris américain flagrant en faveur de Netanyahu». Pour sa part, Times of Israel ajoute que l'annonce par Blinken du soutien de Netanyahu à la proposition américaine est déroutante et que les déclarations de Blinken placent à tort le Hamas comme celui qui fait obstacle à l'accord. Le journal, citant un responsable arabe d'un pays jouant un rôle de médiateur, souligne qu'il ne sert à rien de tenir la réunion du Caire à moins que Washington ne fasse pression sur Netanyahu.
Aucun accord sans flexibilité israélienne
Mais, ajoute le journal, «la proposition américaine adhère trop aux positions de Netanyahu concernant la présence continue de l'armée israélienne dans les couloirs de Rafah et de Netzarim», d'où la futilité de «tenir une autre réunion au Caire», ce qui place le processus des négociations dans une impasse. Les Etats-Unis ont exhorté Netanyahu à renoncer à ses nouvelles exigences et à modifier sa proposition en conséquence. Ainsi, selon le journal israélien, les négociations sont dans une impasse, «et un responsable arabe a exprimé son regret qu'il ne soit plus utile de tenir une autre réunion de haut niveau des négociateurs», tandis qu'un deuxième responsable arabe «a exprimé sa perplexité» face à l'insistance répétée de Blinken ces derniers jours. De son côté le site d'information américain Axios fait état que des responsables israéliens et américains ont fait part du rejet par la délégation égyptienne du plan présenté par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui montre qu'«Israël, malgré la réduction de certaines de ses forces, est toujours déployé le long de la frontière» dans le couloir de Philadelphie. Aussi, poursuit Axios, les négociateurs américains et israéliens estiment que si «les forces israéliennes restent déployées le long du couloir de Philadelphie, à la frontière entre l'Egypte et Gaza», cela constitue «un obstacle majeur à la conclusion d'un accord possible». En outre, des responsables israéliens ont déclaré à Axios que «le ministre de la Sécurité Yoav Gallant et les négociateurs ont informé Netanyahu dimanche que retarder tout accord jusqu'à ce que sa nouvelle demande concernant le corridor de Philadelphie soit satisfaite pourrait exposer les otages qui sont toujours à Gaza à un danger (de mort) et augmenter le risque du déclenchement d'une guerre régionale». La chaîne israélienne 13 a, pour sa part, rapporté que le général de division Nitzan Alon, chargé par l'armée d'occupation de gérer le dossier des négociations, n'a pas rejoint au Caire la délégation israélienne qui a tenu des pourparlers au cours des deux derniers jours. Alon a justifié sa position en soulignant que «cela ne sert à rien, compte tenu de l'inflexibilité de Netanyahu sur la question de l'axe de Philadelphie et du corridor Netzarim», affirmant que «S'il n'y a pas de flexibilité sur cette question fondamentale, cela ne sert à rien d'aller de l'avant en Egypte».
30.000 Palestiniens au kilomètre carré dans la région d'Al-Mawasi Les Nations Unies ont annoncé que le nombre des personnes par kilomètre carré dans la zone d'Al-Mawasi, dans la bande de Gaza, a atteint les 30.000 en raison de l'afflux des déplacés fuyant les attaques israéliennes. Al-Mawasi est située le long de la côte des villes de Deir al-Balah, Khan Younes et Rafah, surplombant la mer Méditerranée. Elle manque d'infrastructures et a peu de capacité d'expansion urbaine. Depuis le 7 octobre 2023, l'armée israélienne mène une guerre dévastatrice contre Gaza et tente de confiner environ 2,3 millions de Palestiniens aux frontières de la zone d'Al-Mawasi. L'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a déclaré que de nombreux Palestiniens se réfugient dans certaines parties d'Al-Mawasi, au centre de la bande de Gaza. L'UNRWA a fait savoir dans un communiqué publié mercredi que les opérations militaires en cours et les ordres d'évacuation répétés ont contraint les familles de Gaza à être déplacées à plusieurs reprises. Et d'expliquer qu'environ 30.000 personnes vivent actuellement par kilomètre carré dans la région d'Al-Mawasi, contre 1.200 personnes au kilomètre carré avant la guerre. Selon les données de l'ONU, 90% des personnes à Gaza ont été déplacées à cause des attaques israéliennes. Les données de l'organisation indiquent également que la plupart des Palestiniens de Gaza sont contraints de déménager au moins une fois par mois. Les personnes déplacées fuyant les attaques israéliennes vivent dans des conditions désespérées dans leurs zones de refuge et tentent de s'accrocher à la vie dans des tentes rudimentaires.