A l'occasion de l'anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, SM le Roi Mohammed VI a accordé Sa Grâce à 4.831 personnes condamnées, poursuivies ou recherchées dans des affaires liées à la culture du cannabis. Une initiative inédite au Maroc, qui non seulement rendra la liberté à ces derniers, mais leur garantit également un processus de réinsertion adéquat à travers la nouvelle stratégie de la culture du cannabis à vocation médicale et industrielle. Cette décision démontre premièrement l'engagement sérieux du Royaume à faire d'une activité, longtemps exploitée sous les radars, un véritable levier de développement, surtout pour certaines régions du Nord, où les trafiquants imposaient leur diktat, au grand malheur du petit «fellah». Chiffres à l'appui, en seulement trois ans, les revenus agricoles ont explosé, faisant le bonheur des professionnels et des investisseurs, et devraient générer plus de 240 millions de dollars cette année. Et à travers l'industrialisation, la transformation, l'export et l'import de ces produits, les perspectives sont encore plus prometteuses, non seulement pour les zones concernées, mais pour toute l'économie nationale en quête de nouveaux piliers de croissance. Plus qu'une amnistie générale, la décision du Souverain d'accorder Sa Grâce à une grande partie de ces milliers de marocains de nos provinces du Nord, qui vivaient sous l'épée de Damoclès des poursuites pénales pour cause de culture de cannabis, s'apparente par ailleurs à une réconciliation avec une composante importante de notre identité culturelle, ainsi qu'à un affranchissement des anciens tabous sociaux et moraux qui obéraient jadis un système judiciaire aussi aveugle qu'implacable. Maintenant que SM le Roi a montré le cap, la machine judiciaire et administrative chargée de gérer les détails et procédures d'application de ce genre de décisions dans l'avenir - parce qu'il y en aura et il devrait y en avoir -, doit être affranchie de toutes lacunes ou possibilités de manipulation. Il en va de même pour la dimension législative qui doit inclure cette nouvelle donne et la figer dans le marbre de la loi.