Peu de temps après son lancement, le programme des bourses des doctorants moniteurs suscite le débat, étant donné le nombre de chercheurs qui en ont bénéficié, lors de la première édition. Eclairage. Le gouvernement de Aziz Akhannouch a inscrit la promotion de la recherche scientifique et de l'innovation comme un axe central de la réforme de l'enseignement supérieur dans le cadre du PACTE ESRI-2030. Ce plan a pour objectif d'aligner les programmes de recherche sur les besoins des entreprises dans des domaines de pointe tels que les énergies renouvelables, les sciences médicales, l'intelligence artificielle, les télécommunications, la numérisation, et le transport durable, entre autres. Ainsi, pour encourager les jeunes à accéder au doctorat et stimuler la production scientifique, le ministre Abdellatif Miraoui a lancé le programme des bourses « doctorants-moniteurs ». Ce programme, qui a pour but de former une nouvelle génération de doctorants menant des recherches de haut niveau sur des thématiques nationales prioritaires, offre aux doctorants-moniteurs une bourse mensuelle nette de 7.000 dirhams pour une durée maximale de 36 mois. En contrepartie, les doctorants bénéficiaires doivent encadrer les étudiants pour 90 heures par an, en réalisant des travaux dirigés et pratiques, en surveillant les examens et concours, et en animant des activités extracurriculaires, afin de préparer la relève des professeurs universitaires, dont une partie importante prendra sa retraite en 2025. Bien que ce programme ait ravivé les espoirs de nombreux chercheurs, il a également provoqué des débats au sein des universités et parmi les doctorants, en raison du nombre limité de bénéficiaires pour cette première édition. Initialement, 1.000 doctorants étaient prévus, avec une projection d'atteindre 2.000 par an d'ici 2035. Sur les réseaux sociaux, les chercheurs critiquent les conditions imposées par le ministère, notamment la limite d'âge fixée à 27 ans pour les filières scientifiques et 26 ans pour les sciences humaines. Cette exigence a provoqué le mécontentement des chercheurs qui se voient privés d'un soutien financier crucial pendant leur recherche.
Age limite, la condition qui fait fâcher les chercheurs
« J'ai eu l'accord de principe pour bénéficier de la bourse d'excellence, mais j'ai découvert par la suite que j'avais dépassé l'âge limite d'un jour, ce qui me rend inéligible », explique une doctorante de l'Université Abdelmalek Essaâdi de Tétouan, qui regrette que les critères de sélection privilégient l'âge plutôt que la compétence et le sérieux, deux qualités essentielles pour des chercheurs de qualité. « Tous les chercheurs ne commencent pas leur doctorat immédiatement après le master, avant 26 ou 27 ans. Personnellement, j'ai dû attendre quatre ans avant que ma candidature soit acceptée », ajoute Marwa, doctorante en études islamiques. La limite d'âge imposée par le ministère, selon la communauté des chercheurs, entrave l'accès au cycle doctoral et impactera de manière significative l'attractivité de ce cycle. Bien que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique n'ait pas encore réagi aux critiques des doctorants, Abdellatif Miraoui a déjà précisé que la sélection des dossiers s'effectue selon des critères de transparence et de rigueur, dans le but de former une génération d'excellence et de positionner le Royaume comme un hub continental en recherche et développement. De plus, les doctorants regrettent les changements dans le système des bourses depuis le lancement du programme des doctorants-moniteurs. Alors que 100% des chercheurs bénéficiaient auparavant d'une bourse de doctorat, ce nombre est désormais limité à 70%, malgré le respect des conditions requises, déplore une doctorante. Le nombre de bénéficiaires a donc diminué de manière significative, atteignant jusqu'à 30% des chercheurs de chaque université, ce qui est perçu comme une injustice. Les doctorants se voient, ainsi, privés non seulement de la nouvelle bourse d'excellence, mais également de celle du cycle doctoral de 3.000 dirhams. Face à cette situation, les doctorants concernés ont soumis des réclamations à leurs universités pour obtenir des explications sur le rejet de leurs dossiers. Cependant, les universités n'ont pas encore répondu à leurs demandes. En réponse, la communauté des chercheurs envisage de créer une coordination nationale pour mener des protestations contre le ministère de Miraoui. À suivre.