Le Hamas a réclamé, dimanche, la mise en œuvre du plan présenté par le président Joe Biden pour une trêve à Gaza "plutôt que de mener plus de négociations. Biden, pour sa part, a déclaré sur CBS qu'un accord de cessez-le-feu serait « possible » avant la fin de son mandat. L'appel du mouvement islamiste palestinien intervient au lendemain d'un raid israélien sur une école, considéré comme l'un des plus meurtriers depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre. Le 31 mai, le président américain avait annoncé un plan, émanant d'Israël, prévoyant, dans une première phase, une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d'otages retenus dans le territoire palestinien et de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Le Hamas a appelé dimanche soir les médiateurs à "présenter une feuille de route" pour "appliquer" ce plan, "fondé sur la vision du (président américain Joe) Biden et les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU", "plutôt que de mener plus de négociations ou d'amener de nouvelles propositions". De leur côté, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont affirmé lundi "qu'il ne peut plus y avoir aucun délai supplémentaire" pour négocier un cessez-le-feu à Gaza, mettant en garde "l'Iran et ses alliés" contre toute "nouvelle escalade" du conflit. "Les combats doivent cesser tout de suite et tous les otages encore détenus par le Hamas doivent être libérés", affirment les dirigeants de ces trois pays dans une déclaration commune. "Nous convenons qu'il ne peut plus y avoir aucun délai supplémentaire", ajoutent les dirigeants européens, se disant "profondément préoccupés par l'aggravation des tensions dans la région".
Israël ne veut pas de trêve
Mais du côté israélien on ne voit les choses du même œil. Itamar Ben Gvir, ministre extrémiste israélien de la Sécurité nationale, a renouvelé sa menace de se retirer du gouvernement Netanyahu, si ce dernier acceptait un accord avec le Hamas pour un échange de prisonniers et un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. La chaîne hébraïque 12 a déclaré que le parti d'extrême droite « Pouvoir juif » dirigé par Ben Gvir avait informé les responsables qu'il n'y avait aucun changement dans sa position et que si un accord était accepté, il se retirerait du gouvernement. La chaîne a indiqué que les responsables du bureau de Netanyahu ont commencé à explorer les positions des partis partenaires au sein du gouvernement concernant l'accord potentiel. Selon la chaîne, Ben Gvir et le parti d'extrême droite « Sionisme religieux », dirigé par le ministre des Finances Bezalel Smotrich, devraient se retirer du gouvernement si l'accord est accepté. Dimanche, Ben Gvir a renouvelé son rejet de l'accord proposé et a appelé à la réoccupation de la bande de Gaza et au déplacement des citoyens palestiniens. Le conflit a en effet pris une nouvelle dimension depuis les assassinats fin juillet du chef militaire du Hezbollah libanais, Fouad Chokr, près de Beyrouth, et surtout du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran. Le régime iranien a d'ailleurs affirmé avoir "légalement le droit de punir" Israël pour cet acte - non revendiqué - perpétré sur son sol.
La menace d'une escalade régionale plus qu'imminente
Les trois capitales européennes ont exhorté "l'Iran et ses alliés à s'abstenir d'attaques qui aggraveraient encore les tensions régionales et compromettraient la possibilité de parvenir à un cessez-le-feu et à la libération des otages". L'escalade militaire menace dans la région, où les ennemis d'Israël ont ouvert plusieurs fronts contre lui, notamment le Hezbollah libanais qui échange des tirs quasiment quotidiennement avec l'armée israélienne à la frontière israélo-libanaise depuis plus de dix mois. Le secrétaire à la Défense américain Lloyd Austin a ainsi pressé le porte-avions USS Abraham Lincoln et ses escortes de se déployer plus vite dans la région, a rapporté le Pentagone dimanche. Il a aussi ordonné au sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière USS Georgia d'aller dans la même zone, selon la même source. Egalement dimanche, le Hezbollah a annoncé que trois de ses combattants avaient été tués dans des frappes israéliennes dans le sud du Liban, dont deux dimanche. L'armée a dit avoir frappé des infrastructures du mouvement pro-iranien. La situation est encore plus explosive depuis l'assassinat le 31 juillet à Téhéran du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, attribué à Israël, et la mort le 30 juillet du chef militaire du Hezbollah Fouad Chokr, tué dans une frappe près de Beyrouth revendiquée par Israël. L'Iran et ses alliés ont menacé Israël d'une riposte "sévère". Washington accélère le déploiement d'un porte-avions et de sa flotte Le ministre de la Défense américain Lloyd Austin a ordonné au porte-avions USS Abraham Lincoln d'"accélérer son transit" vers le Moyen-Orient, où les craintes d'une régionalisation de la guerre Israël-Hamas ne cessent de se renforcer, a indiqué dimanche le Pentagone. Austin a donné l'ordre à la flotte menée par l'USS Abraham Lincoln, qui transporte des avions de combat F-35C, d'aller plus vite, a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder, face au risque d'une offensive de grande envergure du Hezbollah libanais soutenu par l'Iran, ou de l'Iran lui-même contre Israël. Lloyd Austin a eu une conversation avec son homologue israélien Yoav Gallant dimanche et également ordonné le déploiement du sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière USS Georgia dans la même zone, a ajouté M. Ryder. Selon lui, les deux hommes ont discuté de "l'importance de réduire le mal fait aux civils, de progresser vers la conclusion d'un cessez-le-feu et la libération des otages retenus à Gaza", de même que de dissuader les groupes appuyés par l'Iran d'attaquer. Washington avait annoncé la semaine dernière le renforcement de son dispositif militaire au Moyen-Orient, déployant davantage de navires de guerre et d'avions de combat. L'USS Abraham Lincoln doit rejoindre dans la région un autre porte-avions américain, l'USS Theodore Roosevelt.