Renforcer le rôle du secteur privé dans le développement de l'Afrique est devenu impératif dans une conjoncture où le financement devient de plus en plus difficile et où l'Etat providentiel n'existe presque plus. C'est la quintessence de la volonté de la Banque africaine de développement et de la Cassa Depositi e Prestiti à investir 400 millions d'euros sur cinq ans pour accélérer la croissance du secteur privé du continent. Explications. Aujourd'hui, le secteur privé représente 90% des emplois, 70% du produit intérieur brut et 70% de tous les investissements en Afrique. A ce titre, il est devenu le principal moteur de la création d'emplois et de la croissance verte inclusive. Pour la Banque africaine de développement, le développement du secteur privé est considéré comme l'un des domaines principaux vers lequel il sied d'orienter ses interventions pour réduire la pauvreté et soutenir une croissance durable en Afrique. Son guichet des opérations non souveraines vise à mettre en œuvre la vision de l'institution en matière de développement du secteur privé en améliorant l'environnement des affaires. Il s'agit aussi de développer des infrastructures socio-économiques de qualité et soutenir les entreprises privées pour la mise en œuvre de projets transformateurs et à fort impact positif pour les jeunes et les femmes. Le guichet du secteur privé de la Banque contribue également à améliorer l'accès des petites et moyennes entreprises (PME) au financement, à travers des lignes de crédit accordées aux intermédiaires financiers. L'objectif final est de promouvoir l'intégration régionale et à créer un effet de démonstration permettant d'attirer les ressources d'autres donateurs, notamment dans les Etats en transition. C'est dans ce cadre que l'annonce, dernièrement faite par la Cassa Depositi e Prestiti (institution nationale de promotion de l'Italie) et la BAD d'investir ensemble jusqu'à 400 millions d'euros sur cinq ans pour booster le secteur privé, trouve tout son pesant d'or. Car elle vise à accélérer la croissance du secteur privé du continent grâce à la Plateforme pour la croissance et la résilience en Afrique (GRAF) nouvellement mise en place. Les investissements sont destinés à appuyer des projets dans les domaines de la sécurité alimentaire, du développement des PME et de la croissance durable des infrastructures en Afrique, et ce dans le cadre du Plan Mattei.
Nouvelles initiatives A travers cette nouvelle collaboration, les deux institutions financières soulignent leur volonté commune de soutenir la croissance économique du continent par le biais de projets stratégiques ciblés. Elles favoriseront l'échange d'informations entre les parties prenantes et faciliteront les opportunités d'investissements conjoints. A cet effet, la nouvelle plate-forme devrait accélérer la mise en œuvre de nouvelles initiatives du secteur privé en Afrique et créer un point d'accès unique pour les opportunités d'investissement. D'ailleurs, Akinwumi Adesina, président du Groupe de la BAD, n'a pas manqué de relever que le partenariat entre son institution et la Cassa Depositi e Prestiti facilitera la réalisation des objectifs du Plan Mattei en Afrique en renforçant le soutien aux petites et moyennes entreprises africaines, dans le but d'élargir l'inclusion économique des femmes et des jeunes, de créer des emplois et de s'attaquer aux causes de la migration. Dans cette optique, la banque centrale panafricaine appuiera ce partenariat stratégique pour accroître les investissements dans les fonds africains et donner plus de confiance aux investisseurs institutionnels mondiaux et du continent pour qu'à leur tour ils augmentent leurs investissements. Ce qui fait dire à Dario Scannapieco, PDG de la Cassa Depositi e Prestiti, que le développement, à long terme de son pays, est intrinsèquement lié à la croissance du continent, en particulier de son secteur privé. Pour ce faire, son établissement est en train de mettre en place un nouveau canal important en faveur de projets et d'initiatives qui doivent profiter directement à l'Afrique. A l'en croire, cet effort s'inscrit dans le droit fil de l'engagement pris par notre gouvernement dans le cadre du Plan Mattei. « Nous sommes convaincus que ce nouveau partenariat créera des occasions réelles pour nos entreprises dans des secteurs stratégiques tels que l'agriculture, les infrastructures et l'industrie manufacturière, où notre pays excelle », a-t-il ajouté.
Infrastructures durables En effet, selon les termes du partenariat, chaque institution contribuera à hauteur de 200 millions d'euros qui seront injectés dans l'économie africaine par le biais de fonds de capital-investissement et de capital-risque opérant dans trois domaines principaux : la sécurité alimentaire, la croissance des PME locales et les infrastructures durables. La plateforme GRAF mobilisera 350 millions d'euros supplémentaires provenant d'autres sources pour porter l'enveloppe à 750 millions d'euros. Ces investissements collaboratifs ont pour but de permettre aux futurs investisseurs d'acquérir de nouvelles connaissances sur le secteur privé africain et de partager des opportunités d'investissement dans des fonds opérant sur le continent. La plateforme devrait également contribuer de manière significative à la création d'emplois et à l'amélioration de la fourniture de produits et de services essentiels sur l'ensemble du continent. En outre, l'initiative, présentée par la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, lors du récent sommet du G7 à Borgo Egnazia, s'inscrit dans le cadre du Plan Mattei pour l'Afrique, une initiative stratégique italienne dévoilée en 2022. In fine, l'initiative se fixe pour objectif de forger une nouvelle ère de partenariat et de développement durable. Le plan est axé sur la coopération énergétique, la sécurité et la stabilité ainsi que sur les échanges culturels et scientifiques entre l'Italie et les pays africains. En la matière, le groupe de la BAD dispose du plus grand ensemble de fonds de capital-investissement et de capital-risque en Afrique. Plus de 1,36 milliard de dollars américains sont engagés dans 74 fonds.
Bon à savoir Le Groupe de la Banque africaine de développement est la première institution de financement du développement en Afrique. Il comprend trois entités distinctes à savoir : la Banque africaine de développement, le Fonds africain de développement et le Fonds spécial du Nigéria. Présente sur le terrain dans 44 pays africains et possédant un bureau externe au Japon, la BAD contribue au développement économique et au progrès social de ses 54 Etats membres de la région. Quant à Cassa Depositi e Prestiti (CDP), c'est l'institution nationale de promotion et l'organisme financier pour la coopération internationale au développement de l'Italie. Elle est chargée de favoriser le développement durable de l'Italie et de ses pays partenaires. La CDP œuvre au soutien de la croissance économique, de l'inclusion sociale et de la transition écologique en investissant dans l'innovation, la compétitivité des entreprises, les infrastructures et le développement local. Selon son plan stratégique 2022-2024, elle devrait mobiliser 128 milliards d'euros d'investissements d'ici la fin de cette année.