Le Maroc a perdu en moyenne un peu plus de 90.000 emplois chaque année depuis 2020. Une situation qui n'est pas prête de s'arranger dans les années à venir au regard de la vulnérabilité du pays au changement climatique, souligne BNP Paribas. Dans une nouvelle note de recherche sur les pays émergents, publiée ce mercredi 17 juillet, BNP Paribas a fait le point sur les conséquences du réchauffement climatique sur l'emploi au Maroc. « L'économie marocaine s'est illustrée par sa capacité de résistance ces dernières années. Les pertes de PIB induites par la crise du Covid ont été rapidement effacées et le choc inflationniste de 2023 est passé », souligne la Banque française. La même source ajoute que l'inflation, tombée en dessous de 1% depuis le début de l'année contre un pic de 10% début 2023, n'est plus une source de préoccupation majeure. C'est ce qui a poussé en effet Bank Al-Maghrib de décider d'assouplir, en juin dernier, sa politique monétaire. « Après avoir maintenu le taux directeur inchangé pendant quatre réunions consécutives, il a décidé de le réduire de 25 points de base à 2,75% », a indiqué la banque centrale dans un communiqué sur la 2ème réunion trimestrielle de 2024 de son Conseil d'administration, tenue le 25 juin. « Le Conseil a jugé que le resserrement calibré de la politique monétaire, le suivi régulier de la transmission de ses décisions, ainsi que les mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir le pouvoir d'achat des ménages et certaines activités économiques ont permis des progrès très notables en matière de retour de l'inflation à des niveaux en ligne avec l'objectif de stabilité des prix et de préservation de la reprise post-Covid de l'activité économique », a fait savoir le communiqué. BNP Paribas indique, par ailleurs, que la solidité des comptes extérieurs et la consolidation en cours des finances publiques ont également rassuré les autorités monétaires dans leur prise de décision.
Chômage : Des chiffres qui inquiètent Ces bons résultats macroéconomiques masquent une dégradation sur le front de l'emploi, estime cependant la banque française, soulignant que le taux de chômage dépasse 13% contre moins de 10% avant la pandémie. En effet, dans une récente note sur la situation de l'emploi au Maroc, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a révélé que le taux de chômage au Maroc a augmenté de 1,2 point, pour atteindre 13,7% au premier trimestre 2024, contre 12,9% l'année précédente. L'institut, dirigé par Ahmed Lahlimi, attribue cette hausse à la réduction importante des terres cultivées, passant de 4 millions à 2,5 millions d'hectares. Une perte inévitable de 159.000 postes dans le secteur agricole a été alors enregistrée. Par ailleurs, BNP Paribas fait remarquer que « le taux d'activité n'a jamais été aussi bas, à 43,3%, et à seulement 18,3% pour les femmes (l'un des plus faibles au monde) ». Dans sa note de recherche intitulée « Les conséquences du réchauffement climatique sur l'emploi au Maroc », la banque française affirme, de même, que le secteur agricole, qui contribue traditionnellement pour 30% de l'emploi et dans lequel la place des femmes est prépondérante, a été durement touché par plusieurs épisodes de sécheresse ces quatre dernières années. « Les destructions massives d'emploi dans ce secteur n'ont pas pu être absorbées par les créations dans celui des services ou de la construction », lit-on. « Le Maroc a perdu en moyenne un peu plus de 90.000 emplois chaque année depuis 2020, une situation qui n'est pas prête de s'arranger dans les années à venir au regard de la vulnérabilité du pays au changement climatique », conclut PNB Paribas. Il est à rappeler, selon les dernières données du HCP, que le secteur de l'agriculture, de la forêt et de la pêche a subi une baisse significative de 206.000 postes au premier trimestre 2024, les autres secteurs ayant affiché une dynamique positive. Le secteur des services a généré 63.000 emplois, suivi par l'industrie, y compris l'artisanat, avec 34.000 postes, et le BTP avec 25.000 postes.