La hausse des prix à la consommation éloigne le risque de déflation que l'accélération de la dégradation du marché de l'emploi ne permet pas d'écarter définitivement. L'indice des prix à la consommation a progressé de 0,4% en février par rapport au mois précédent interrompant six mois de baisse. Sur un an, la progression des prix de détail remonte à +0,9%, après +0,7% en janvier qui constituait un plus bas depuis septembre 1999. Elle avait culminé à +3,6% à l'été 2008 avec la flambée des prix du pétrole et des matières premières dont les cours ont commencé à refluer durant l'été. L'indice des prix IPCH, qui permet une comparaison au niveau européen, a également augmenté de 0,4% en février, sa progression sur un an ressortant à 1,0% après +0,8% en janvier. Vingt et un économistes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à une hausse de 0,3% de l'indice IPCH en février et à un taux d'inflation inchangé à 0,8% sur un an. «Le risque d'inflation s'éloigne et c'est une très bonne nouvelle», a estimé Nicolas Bouzou, économiste au bureau d'analyse Asterès. «Dans les mois à venir, l'inflation sera tirée à la baisse par d'importants effets de base dans le secteur de l'énergie, tandis que la contraction de l'activité et la sous-utilisation des capacités pèseront de plus en plus sur l'évolution des prix sous-jacents, dont le taux d'inflation s'établit encore à 1,9% en février. Au total, le taux d'inflation devrait être négatif en France avant l'été», prévient toutefois Frédérique Cerisier, économiste à la banque BNP Paribas. Pour l'heure, «la modération des étiquettes permet de redorer un peu le pouvoir d'achat des ménages, malmené par ailleurs par la faible progression des revenus distribués dans l'économie en raison des destructions massives d'emplois», relève Alexandre Mirlicourtois, économiste chez Xerfi, en faisant référence aux chiffres révisés de l'évolution de l'emploi salarié au quatrième trimestre publiés par l'Insee. L'emploi dans les secteurs principalement marchands a reculé de 0,7% au quatrième trimestre 2008, correspondant à 117.400 emplois détruits sur la période. Même la construction, qui était jusqu'alors épargnée, a décroché avec 13.000 suppressions de postes sur la période. «La multiplication des plans sociaux et les fermetures de sites depuis janvier dernier ne laissent rien présager de bon», prévient-il alors que l'équipementier automobile allemand Continental vient d'annoncer la fermeture de son site de Clairoix, dans l'Oise, qui emploie 1.120 salariés. «Les résultats du premier trimestre en termes d'emploi seront calamiteux», ajoute Alexandre Mirlicourtois. Alors que plus de 100.000 emplois ont été détruits dans l'ensemble du secteur privé l'année dernière, le régime d'assurance-chômage prévoit autour de 400.000 suppressions nettes de postes cette année.