Durant les trois dernières années, les prix du diesel et de l'essence ont connu partout dans le monde des hauts et des bas, suite à la fluctuation des coûts de fret maritime et au chamboulement des chaînes logistiques, aujourd'hui aggravés sur fond de tensions géopolitiques en Occident. Le Maroc n'étant pas un pays producteur a été touché de plein fouet par cette conjoncture particulière, observant des prix de carburant tutoyant les sommets, alors que les ménages se serrent la ceinture pour pouvoir boucler leurs fins de mois. Il est vrai que nous sommes loin derrière la période où l'essence et le diesel frôlaient respectivement les 18 et 16 dirhams, mais il n'empêche que le prix à la pompe reste supérieur au pouvoir d'achat d'un citoyen lambda issu de la classe moyenne, bien que le cours du baril soit stable dans les environs de 80 dollars depuis plusieurs mois. Si le tarif de l'or noir se fractionne en plusieurs segments, impliquant non seulement le prix du baril brut, mais également la marge de raffinage et celle de distribution, le packaging fiscal appliqué sur les opérateurs pétroliers (TVA et TIC), qui atteint 37% sur le gasoil et 47% sur le super, fait exploser le coût de cession de ces produits. En témoigne la dernière analyse du Conseil de la Concurrence, montrant que les neuf principales sociétés de distribution au Maroc ont dégagé, au titre du premier trimestre de l'année 2024, « une marge brute moyenne pondérée de 1,46 DH/L pour le gasoil et 2,07 DH/L pour l'essence ». Alors que le Royaume est engagé dans une profonde réflexion sur l'Etat social, on gagnerait peut-être à envisager une baisse graduelle des prélèvements qui explosent le coût de cette denrée vitale, ou, comme nous l'avons déjà proposé sur ces mêmes colonnes, couper la poire en deux entre les recettes de l'Etat et les marges de gain des opérateurs. C'est ainsi qu'on pourrait réajuster notre marché de carburants, actuellement en décalage avec le pouvoir d'achat de nos concitoyens.