Un vibrant hommage a été rendu, samedi à l'Université de la Sorbonne à Paris, au colonel et écrivain Mohamed Boughdadi, l'un des spécialistes de la question du Sahara, décédé en août dernier, après une riche carrière de militaire et de chercheur. Le dernier ouvrage du défunt «Regard sur la sécurité euro-maghrébine face aux enjeux sahariens» (Septembre 2009), a été ainsi présenté lors d'une conférence-débat sous le thème «la résolution du conflit du Sahara, un impératif à la stabilité politique au Maghreb». Le livre est ventilé en cinq parties traitant de «L'Europe méditerranéenne», des «liens historiques, politiques et juridiques maroco-sahariens», des «Préludes au conflit saharien», du «conflit saharien et l'UMA» et de la «Défense et sécurité euromaghrébines». Présentant cet ouvrage, le Dr. Lahcen Mahraoui, membre du Conseil Royal consultatif pour les Affaires sahariennes (Corcas), a d'emblée souligné l'important travail de recherche et de documentation réalisé par feu Boughdadi. «Le livre est le fruit d'une véritable recherche documentaire et d'une analyse de terrain sur le conflit artificiel autour du Sahara», a souligné M. Mahraoui, également porte-parole de l'Association des Tribus Sahraouies en Europe (ATSE). Pour étayer son constat, M. Mahraoui a axé sa présentation sur deux chapitres de l'ouvrage qui confirment «les liens historiques, politiques et juridiques maroco-sahariens». Le chapitre intitulé «Le Sahara, le même peuple dans les mêmes frontières» est consacré à toutes les tribus sahraouies, leurs fractions, leurs sous-fractions et leurs rameaux. Il évoque l'histoire de chaque tribu et sa répartition sur le territoire national, a relevé Lahcen Mahraoui, citant l'exemple de l'une des grandes tribus, les R'guibat. Les R'guibat sont des chorfas Idrissides, descendants de la première dynastie musulmane qui a régné au Maroc de 788 à 1016, il y a 1200 ans, souligne le chercheur qui s'appuie sur un «Dahir du Sultan Moulay Abdelaziz, en 1904, confirmant le rang de chorfas» de cette tribu. Le conférencier s'est attardé, par ailleurs, sur un autre chapitre, celui relatif à «la marocanité du Sahara à travers témoignages, accords internationaux et citations», soulignant que dans les archives européennes, les documents traitant les relations maroco-sahariennes, «tiennent une place cardinale pour le chercheur sur le Sahara». Parmi les nombreux documents présentés dans l'ouvrage, figure l'Acte d'allégeance de M. Brahim Ould Abdellahi Ould Sidi Youssef, Cheikh de la Tribu Yzerguyène, adressé à Feu SM Mohammed V, le 4 novembre 1926. Ce cheikh, précise l'auteur, est le grand-père de Ali Beïba Ould Douihi Ould Sidi Youssef (Alias Mahfoud Ali Beïba), l'un des responsables du «polisario». Il n'est d'ailleurs pas le seul cadre des séparatistes à avoir les parents et arrières parents qui ont présenté allégeance aux Sultans du Maroc, souligne-t-il. Feu Mohamed Boughdadi est né le 20 mars 1936 à Essaouira. Après l'indépendance, le regretté a intégré l'Armée Royale au sein de laquelle il a exercé diverses responsabilités : officier au Palais Royal, chef de bureau à l'Etat-Major général, enseignant à l'Ecole d'Etat-Major à Kénitra et chef des troupes sahariennes dans le Sud. Il compte à son actif plusieurs autres ouvrages dont «Le Sahara marocain entre passé et présent» (1999) et «Le conflit saharien, une nouvelle lecture» (Arrissala, 2001). Cette conférence a été également marquée par une intervention du Pr Abdelhamid El Ouali, membre de la Commission consultative de la régionalisation qui a engagé les jeunes marocains établis en France à se remobiliser en direction des ONG et de la société civile française pour faire valoir la crédibilité de la proposition marocaine d'autonomie, son caractère sérieux et généreux pour la résolution de la question du Sahara.