Le rapport de la Commission des Affaires Economiques et du Développement Durable, présenté lors du 18ème Congrès général du Parti de l'Istiqlal, a mis en lumière la problématique du chômage et des mesures pour y remédier. Les recommandations visent à stimuler l'emploi par des politiques macroéconomiques ciblées et à promouvoir un marché du travail inclusif et flexible. Tenu du 26 au 28 avril au complexe Moulay Rachid à Bouznika, le 18ème Congrès général de l'Istiqlal a été l'occasion de réélire Nizar Baraka Secrétaire Général du parti, mais également d'exposer un nouveau programme dans plusieurs domaines. Plusieurs mois avant le Congrès, des commissions ont été mises en place dans le but de recueillir les idées et d'établir une liste de propositions afin de positionner le parti sur la scène politique et de le doter d'une armature idéologique et intellectuelle pour les prochaines échéances. L'une de ces commissions est celle des Affaires Economiques et du Développement Durable, présidée par le ministre istiqlalien de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour. Cette dernière s'est penchée sur plusieurs problématiques dans le domaine et a dressé une liste des défis auxquels le Royaume est actuellement confronté. "La grande priorité aujourd'hui est la création de l'emploi. C'est la plus grande bataille du Maroc et pour la gagner il faut exploiter toutes les opportunités qui se présentent devant nous", a expliqué Ryad Mezzour. "Telle est la pensée istiqlalienne qui insiste sur la souveraineté, notamment économique. Cette souveraineté commence d'abord par le développement du produit national et l'incitation des Marocains à consommer le Made in Morocco", a poursuivi le ministre. Dans son rapport, la Commission des Affaires Economiques et du Développement Durable a en effet mis l'accent particulièrement sur l'emploi, car c'est l'une des principales problématiques auxquelles est confronté le Maroc, entravant son développement économique et menaçant sa stabilité sociale.
Chômage structurel Comme le rappelle le rapport de la Commission, outre les facteurs circonstanciels, le chômage au Maroc revêt un caractère structurel important. En effet, le taux de création d'emplois par point de croissance, même s'il reste positif, ralentit lorsqu'il s'agit de créer des emplois en comparant les périodes 2002-2007, 2007-2012, 2012-2017 avec la période 2017-2022. A l'exception de la crise de 2020, la dynamique structurelle de création/destruction d'emplois au cours de la décennie 2013-2023 est toujours largement dominée par les services, qui ont créé 758.000 emplois, contre 132.000 emplois dans le secteur de la construction. La main-d'œuvre disponible n'est pas utilisée (taux d'activité de 43,6%), alors que le pourcentage élevé de chômage est principalement dû aux pertes d'emploi. Les personnes les plus touchées par le chômage sont les jeunes âgés de 15 à 24 ans (environ 2,8 fois le niveau national), les femmes (18,3%) et les titulaires de diplômes (19,7%), comparé à 3,8% pour ceux qui n'ont pas de diplôme. La création nette d'emplois affecte principalement les emplois rémunérés, tandis que la destruction des emplois non rémunérés se poursuit (amélioration du taux d'emploi à 66,2% en 2023 contre 60,3% en 2022). 60% de la main-d'œuvre employée dans trois secteurs (agriculture, forêts et pêche, commerce, construction) ne génèrent que 30% de la valeur ajoutée. À l'exception des diplômés des écoles et des instituts supérieurs, les personnes ayant des qualifications élevées, notamment les diplômés universitaires, enregistrent un taux de chômage plus élevé que ceux ayant des qualifications inférieures.
Politiques macroéconomiques Concernant les politiques publiques macroéconomiques, la Commission a proposé plusieurs mesures pour stimuler la demande et améliorer l'environnement réglementaire et fiscal. Tout d'abord, il est suggéré de donner la priorité aux investissements dans des secteurs clés tels que les transports, l'énergie et les infrastructures de base, ainsi que les communications, dans le but de renforcer la demande. En outre, le développement des infrastructures rurales, comme les routes et les systèmes d'irrigation, est recommandé pour soutenir l'activité agricole et faciliter l'accès aux marchés. Parallèlement, il est essentiel de renforcer les commandes publiques et d'introduire des mesures d'incitation à l'industrie de substitution pour dynamiser l'économie. Enfin, des efforts doivent être déployés pour améliorer la qualité et l'accès aux services de base tels que la santé et l'éducation, afin d'accroître le bien-être et la productivité des travailleurs. En ce qui concerne l'environnement réglementaire et fiscal, il est recommandé de proposer des avantages fiscaux et des subventions pour les entreprises qui investissent dans les régions où le taux de chômage est élevé ou dans les zones isolées, afin de stimuler l'emploi et le développement économique dans ces zones.
Travail plus flexible En outre, il est proposé de mettre en place un prêt fiscal ou d'offrir une exonération temporaire des cotisations de sécurité sociale pour les employeurs des premiers salariés dans les entreprises créant des emplois, en particulier pour les jeunes et les personnes en situation de précarité. Le montant de l'exonération fiscale pourrait être proportionnel au nombre d'emplois créés et maintenus pendant une période déterminée. Des incitations fiscales pourraient également être accordées aux entreprises opérant dans l'économie sociale et solidaire, telles que les coopératives et les associations. Il est également nécessaire d'examiner la possibilité de réviser les systèmes de travail pour offrir plus de flexibilité aux employeurs tout en garantissant la protection des droits des travailleurs. Enfin, il est recommandé de promouvoir des formes d'emploi flexibles, telles que le travail à temps partiel ou à distance, pour répondre aux besoins des employeurs et des travailleurs.
Marché de travail inclusif Pour mettre en œuvre des politiques actives en matière d'emploi, plusieurs mesures peuvent être envisagées. Tout d'abord, il est essentiel de lancer des programmes d'intégration et des initiatives visant à faciliter l'accès au marché du travail pour les jeunes, les diplômés et les chômeurs de longue durée. Ensuite, il est nécessaire de renforcer les opportunités d'emploi et d'autonomiser les femmes, ce qui pourrait passer par la création de garderies et le développement des systèmes de transport pour faciliter leur accès au travail. Enfin, il convient de mettre en place des mesures concrètes visant à promouvoir la diversité et l'inclusion sur le marché du travail, notamment en prenant en compte les besoins des personnes en situation de handicap et des orphelins. Ces actions combinées pourraient contribuer à stimuler l'emploi et à favoriser une croissance économique inclusive.
Classe moyenne : Une nouvelle approche Pour le parti, il est impératif de mettre en œuvre les réformes nécessaires afin que les politiques publiques puissent jouer leur rôle dans la redistribution, répondant ainsi à l'exigence de justice sociale, et préservant les acquis des classes fragiles, pauvres et moyennes.
Dans le même esprit, le parti accorde une importance capitale aux politiques sociales, qu'il s'agisse du logement, de l'éducation ou de l'accès aux services de santé. Il appelle également à une amélioration continue du pouvoir d'achat de la classe moyenne, en augmentant les salaires parallèlement à l'augmentation de l'inflation, en répondant aux besoins changeants de cette classe.
De plus, il préconise l'adoption d'une taxe progressive sur le revenu et la réduction de la pression fiscale sur la classe moyenne à revenu limité, ainsi que l'accompagnement des familles de la classe moyenne en ce qui concerne les coûts de l'éducation et du logement, en adaptant les niveaux de déduction fiscale aux besoins de cette classe sociale. Capital humain : La formation pour améliorer la productivité Dans le secteur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique, une vérité fondamentale émerge : l'éducation de base, bien que cruciale pour l'acquisition des compétences fondamentales, ne suffit pas à elle seule à développer les compétences professionnelles nécessaires à l'épanouissement dans un environnement professionnel compétitif et en constante évolution.
Dans cette optique, la Commission appelle à plusieurs mesures stratégiques. Tout d'abord, elle insiste sur la restructuration du système de formation continue, visant à éliminer les obstacles qui entravent la participation des individus à ces formations essentielles pour leur développement professionnel.
De même, l'instauration d'une politique nationale d'apprentissage tout au long de la vie est identifiée comme une étape cruciale pour garantir une adaptation continue aux exigences changeantes du marché du travail.
Un autre aspect crucial est le développement d'un système de validation des acquis de l'expérience professionnelle, reconnaissant ainsi la valeur des compétences acquises sur le terrain.
Par ailleurs, le rapport souligne l'importance de renforcer la formation et le développement professionnel, afin d'améliorer les compétences pratiques et les capacités d'innovation des individus. En effet, ces compétences sont essentielles pour soutenir la productivité et favoriser la compétitivité sur le marché mondial.
En parallèle, il est crucial de capitaliser sur l'expérience et les connaissances accumulées, en développant des mécanismes efficaces de transfert de compétences entre les générations. Cela inclut également la création de moyens pour tirer parti des connaissances et de l'expertise des travailleurs retraités, contribuant ainsi à un enrichissement continu du capital humain.
En plus du développement des compétences individuelles, il est impératif de reconnaître le droit à la santé et de renforcer la couverture sanitaire et la protection sociale. Ces mesures sont essentielles pour garantir la santé et le bien-être des travailleurs, renforçant ainsi leur capital humain et leur productivité.
Le renforcement du capital humain est une entreprise multidimensionnelle, nécessitant une approche holistique qui intègre l'éducation, la formation, la santé et la protection sociale. Seul un tel engagement permettra de libérer pleinement le potentiel humain, favorisant ainsi le développement économique et social durable. Chômage : Des chiffres alarmants Le taux de chômage a progressé entre 2022 et 2023, passant de 11,8% à 13% (+1,2 point), selon le HCP. Ce taux est passé de 5,2% à 6,3% (+1,1 point) en milieu rural et de 15,8% à 16,8% en milieu urbain (+1 point), précise le HCP dans sa note d'information relative à la situation du marché du travail en 2023.
En chiffres, le nombre de chômeurs a augmenté de 138.000 personnes, passant de 1.442.000 en 2022 à 1.580.000 chômeurs en 2023, ce qui correspond à une hausse de 10%, relève la même source. Cette hausse est la conséquence d'un accroissement de 98.000 chômeurs en milieu urbain et de 40.000 en milieu rural. Par genre, le taux de chômage a augmenté de 1,2 point parmi les hommes, passant de 10,3% à 11,5% et de 1,1 point parmi les femmes, de 17,2% à 18,3%.
Selon le diplôme, le taux de chômage a enregistré une hausse de 1,1 point parmi les diplômés, passant de 18,6% à 19,7%, et de 0,7 point parmi les personnes n'ayant aucun diplôme, passant de 4,2% à 4,9%.
Suivant l'âge, le taux de chômage est passé de 32,7% à 35,8% (+3,1 points) parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, de 19,2% à 20,6% (+1,4 point) pour les personnes âgées de 25 à 34 ans, de 6,4% à 7,4% (1 point) pour celles de 35 à 44 ans, et de 3,3% à 3,7% pour celles de 45 ans et plus (+0,4 point).
Par ailleurs, au cours de cette période, le chômage a été marqué par la hausse de la proportion des personnes récemment en chômage. La part des personnes en situation de chômage depuis moins d'un an s'est élevée de 31,3% à 33,3%. Ainsi, la durée moyenne de chômage est passée de 33 mois à 32 mois.