A en croire un think tank londonien, l'amélioration de la balance des paiements et le fort ralentissement de l'inflation donnent la confiance nécessaire à Bank Al-Maghrib pour flotter entièrement le dirham. L'amélioration de la situation de la balance des paiements du Maroc et le fort ralentissement de l'inflation devraient donner à Bank Al-Maghrib (BAM) la confiance nécessaire pour franchir la prochaine étape vers un dirham entièrement flottant, selon Capital Economics. Dans un récentrapport, le think tank londonien indique que les autorités marocaines s'orientent, depuis l'obtention d'une ligne de précaution et de liquidité (PLL) de 3 milliards de dollars auprès du FMI en 2014, progressivement vers une plus grande flexibilité pour le dirham et un cadre de ciblage de l'inflation. D'après le think tank londonien, Bank Al-Maghrib a permis à la monnaie marocaine en 2018 de s'échanger dans une bande de 2,5% au-dessus ou en dessous d'un taux de référence publié quotidiennement pour un panier de devises composé de 60% d'euros et 40% de dollars. Cette bande a été élargie à ±5 % en mars 2020, fait savoir la même source. « Il est probable que la prochaine étape ne sera pas un flottement libre du dirham, mais plutôt un nouvel élargissement de la marge de fluctuation de la monnaie », prévoit Capital Economics. Le taux de change effectif réel est environ 3 % plus faible que son sommet de fin 2021 et 2 % plus faible qu'avant le précédent élargissement de la bande en 2020, ajoute le think tank londonien. Et de poursuivre que les élargissements de la bande ont conduit, dans le passé, à des appréciations de 2 à 3% du dirham contre le panier euro-dollar. Dans ce sillage, Capital Economics s'attend à ce que le dirham s'apprécierait d'environ 3% face à ce panier d'ici la fin de l'année 2024. Le think tank indique, au passage, que le déficit du compte courant s'est réduit à 0,7% du PIB au troisième trimestre de 2023, le plus petit déficit depuis 2007.
Réserves de change VS besoins de financement extérieur
Autre condition favorable pour le Maroc : la couverture des réserves de change est substantielle, couvrant plus de trois fois les besoins de financement extérieur à court terme du Maroc. Ce qui donne confiance dans la capacité de la banque centrale à soutenir la monnaie nationale si nécessaire. « L'évolution vers un dirham plus flexible marquerait également un passage à un cadre de ciblage de l'inflation, dans lequel la poursuite par la banque centrale d'un objectif d'inflation agit comme un point d'ancrage pour les prix, plutôt que comme un instrument de taux de change », estime la même source. Le fait que l'inflation soit faible rendrait probablement les décideurs plus confiants dans le succès d'une telle démarche, pense le think tank londonien. Il fait savoir, dans le même ordre d'idées, que l'inflation au Maroc, après avoir bondi en raison des retombées de la guerre en Ukraine, a fortement ralenti pour atteindre 2,3 % sur un an en janvier 2024, soit le rythme le plus faible depuis fin 2021. Comparé à d'autres économies de marché émergentes qui ont adopté un cadre de ciblage de l'inflation, Capital Economics souligne que le taux d'inflation du Maroc se situe désormais au taux moyen au moment de l'adoption. De même, le signe encourageant pour le Maroc est que pour les économies de marché émergentes qui ont adopté des cadres de ciblage de l'inflation, le taux global a continué de baisser et est resté faible au cours des années suivantes. Selon des récentes données de Google Finance et Forbes Currency Converter, le dirham marocain continue de gagner en solidité en se positionnant 3ème dans le top 10 des monnaies africaines les plus puissantes en 2024. Une position qui reflète la stabilité du système financier national qui pourrait renforcer l'attrait des investissements privés au Maroc, tant nationaux qu'étrangers.