Ce qui se passe à Gaza relève de «crimes d'atrocité de la plus haute importance». Une rapporteuse onusienne accuse Israël de déplacer de force les habitants de Gaza et les confiner dans des conditions de vie impossible. C'est une tragédie humaine, plus encore, c'est une honte pour la civilisation », dénonce le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi. Lors de la traditionnelle conférence de presse annuelle du ministre des Affaires étrangères devant les médias chinois et étrangers, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a rappelé que la Chine appelle régulièrement à un cessez-le-feu à Gaza depuis l'entrée en guerre d'Israël en octobre contre le Hamas dans ce territoire palestinien. "Le fait qu'aujourd'hui, au XXIe siècle, cette catastrophe humanitaire ne puisse être arrêtée est une tragédie humaine, plus encore, c'est une honte pour la civilisation", a affirmé Wang Yi. "La communauté internationale doit agir de toute urgence, en faisant d'un cessez-le-feu immédiat et de la cessation des hostilités une priorité absolue", a insisté le diplomate. Le ministre chinois des Affaires étrangères s'est par ailleurs dit jeudi favorable à une "pleine" adhésion d'un Etat palestinien aux Nations unies. Par ailleurs, une experte de l'ONU, Paula Gaviria Betancur, a souligné qu'après cinq mois de guerre contre Gaza, les autorités israéliennes ont perdu toute crédibilité dans leurs affirmations selon lesquelles elles tentent de protéger les civils palestiniens dans le territoire assiégé. D'après cette rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits de l'homme, les israéliens continuent à faire preuve d'un «mépris total» sans précédent pour les droits des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Elle a accusé Israël d'utiliser les ordres d'évacuation uniquement pour déplacer de force les habitants de Gaza et les confiner dans des conditions impropres à la vie. Elle s'est également déclarée consternée par l'intention déclarée d'Israël d'étendre ces ordres à la ville méridionale de Rafah – dernier refuge pour plus de 1,5 million de Gazaouis déplacés et seul point d'entrée encore fonctionnel pour l'aide humanitaire dans le territoire – si ses demandes (d'Israël) ne sont pas satisfaites d'ici le 10 mars.
Les Palestiniens fuient dans des conditions de mort certaine
«Tout ordre d'évacuation imposé à Rafah dans les conditions actuelles, alors que le reste de la bande de Gaza est en ruines, constituerait une violation flagrante du droit international humanitaire et des droits de l'homme, obligeant les gens à fuir dans des conditions de mort certaine, privés de nourriture, d'eau, de soins de santé et d'abri», a signalé Gaviria Betancur. Peu de crises de déplacement interne dans l'histoire récente ont égalé le mépris total des droits des personnes déplacées à Gaza, a-t-elle ajouté. «Les personnes déplacées à l'intérieur de la bande de Gaza ont été arbitrairement chassées de leurs maisons à de multiples reprises, au mépris de leurs droits à la vie, à la dignité, à la liberté et à la sécurité», a-t-elle expliqué. «Il est impossible de concevoir une solution durable à leur déplacement, compte tenu de la destruction systématique par Israël des infrastructures civiles, notamment des maisons, des hôpitaux, des écoles, des marchés et des lieux de culte, et de l'immense tribut psychologique que le conflit a fait payer à la population de Gaza. «Prévenir les déplacements arbitraires et fournir une protection, une assistance et des solutions durables aux personnes déplacées ne sont ni facultatifs ni des actes de charité. Il s'agit d'obligations qui incombent à Israël en tant que puissance occupante en vertu du droit international», a-t-elle estimé. Israël continue de mener des frappes aériennes sur Rafah qui tuent plus de 100 Palestiniens par jour.
Campagne de dénigrement de l'UNRWA, épine dorsale de l'aide
Gaviria Betancur a condamné les «actions continues d'Israël pour entraver et militariser l'aide humanitaire, notamment par des attaques contre des civils cherchant de l'aide». L'experte onusienne stigmatise la campagne de dénigrement lancée par Tel-Aviv et tendant à discréditer et à cesser de financer l'agence des Nations unies qui fournit de l'aide et de l'assistance au développement aux Palestiniens, l'Unrwa, «l'épine dorsale de la réponse humanitaire à Gaza, sur la base d'allégations pour lesquelles Israël n'a pas encore fourni publiquement de preuves crédibles», a clarifié Gaviria Betancur. «Israël a également continué à attaquer les convois d'aide et les installations sanitaires, à imposer des restrictions de mouvement arbitraires aux acteurs humanitaires et n'a pas fait grand-chose pour tenir les citoyens israéliens responsables d'avoir bloqué l'acheminement de l'aide humanitaire. En conséquence, la famine et les maladies sévissent et font des victimes parallèlement aux actions militaires d'Israël», a-t-elle dévoilé. «Le plus inquiétant, c'est qu'Israël semble avoir élargi son attaque contre l'aide humanitaire pour s'en prendre systématiquement aux demandeurs d'aide eux-mêmes», a-t-elle ajouté, faisant référence au massacre du 29 février, au cours duquel des centaines de personnes ont été tuées ou blessées alors qu'elles faisaient la queue pour obtenir de l'aide alimentaire. 6ème mois de l'agression israélienne contre Gaza, et toujours pas de trêve La guerre dans la bande de Gaza, qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts, est entrée jeudi dans son sixième mois au moment où les médiateurs internationaux tentent de négocier une trêve dans le territoire palestinien assiégé et frappé par la famine. Face au désastre humanitaire et au lourd bilan parmi la population civile, les Etats-Unis, le Qatar et l'Egypte espèrent arracher, sans succès jusqu'à présent, un accord sur une pause dans les combats avant le ramadan. Les bombardements israéliens qui se poursuivent sans répit ont fait 83 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas, portants le bilan des morts à Gaza à 30.800, dont près de la moitié des enfants. Dans l'enclave palestinienne, soumise par Israël à un siège total, 2,2 millions de personnes, mais aussi à blocus total depuis 2007, l'immense majorité de la population, sont menacées de famine, selon l'ONU. La situation est particulièrement grave dans le nord, où les pillages, les combats et les destructions rendent presque impossible l'acheminement de l'aide humanitaire. "Cette horreur doit cesser maintenant. Un cessez-le-feu humanitaire ne peut pas attendre", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, mercredi sur le réseau social X.