L'Institut français de Casablanca organise sous le titre de "l'Appel de l'Aïta les samedi", 19 et dimanche 20 décembre 2009, deux journées consacrées à l'art de l'Aïta abordé sous différentes formes. Comme son nom l'indique, l'Aïta est un appel. Un appel de femme. Au départ lancinant, porteur d'une infinie nostalgie, il s'en va crescendo, suivant des étapes codifiées, vers une explosion de joie libératrice. L'art de l'Aïta, dont les spécialistes date la naissance de la première moitié du XIXe siècle, n'est pas sans rappeler certaine forme de flamenco ou encore le fado. Art féminin issu des plaines océanes s'étendant entre les régions de Safi et d'Essaouira, mais apprécié de tout le pays, il a connu une dégénérescence certaine ces dernières décennies. Les représentantes de la forme classique de cet art se font de plus en plus rares. Elles sont recherchées et traitées par leurs aficionados comme de véritables divas d'opéra. Chikha Khadija Margoum (ex élève de Fatna Bent Lhoucine) en est assurément une. Khadija Margoum ainsi que sa troupe seront habillées pour l'occasion par la très en vogue designer de mode Fadela El Gadi. Bouchra Ouizguen, danseuse, chorégraphe, membre de la compagnie Marrakchie Anania, a pris l'art et la vie des chikhates comme point de départ de son dernier spectacle. « Madame Plaza », dernièrement créée au Festival de Montpellier Danse, est une chorégraphie contemporaine à la fois très énergique, très physique, et d'une abstraction raffinée. Elle a été plébiscitée par le public averti du Festival. Le spectacle sera présenté au public casablancais pour la première fois. Tout a été dit et écrit sur la beauté, l'intelligence et la sensibilité du documentaire joliment intitulé « Le blues des chikhates » signé Ali Essafi. Il sera également présent à l'Appel ainsi que « Aïta », un documentaire réalisé dans les années 80 par Izza Genini, où on y voit évoluer et parler feue Chikha Fatna Ben Lhoucine. Une table ronde réunissant des chercheurs en la matière mais également de simples amateurs du genre (avec Ghita El Khayat et Hassan Nejmi, écrivains; Ali Essaifi, cinéaste; Jean-Paul Montanari, directeur de Montpellier Danse) permettra une discussion à caractère informel autour de l'Aïta d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Le débat sera modéré par le journaliste Jamal Boushaba.