Depuis le début de l'année universitaire, les étudiants en médecine enchaînent les grèves et les sit-in, exprimant leur rejet de la réforme de leur formation académique présentée par les deux départements de tutelle. De Casablanca à Guelmim, en passant par Rabat, Béni Mellal, Marrakech ou encore Oujda... les futures blouses blanches sont montées au créneau, appelant à « une vision claire, conforme aux standards internationaux » pour garantir la pérennité du secteur et de ses professionnels. La pomme de discorde entre l'Exécutif et les étudiants est surtout la réduction de 7 à 6 ans de la durée des études en médecine, créant chez ces derniers la hantise d'une fermeture éternelle des portes de l'étranger. Car oui, en actant cette mesure, la tutelle fera d'une pierre deux coups. D'un côté, les étudiants en formation sortiront plus tôt au marché du travail, comblant ainsi le manque de bras dans les hôpitaux publics, et, de l'autre, ils ne pourront plus poursuivre leurs carrières sous d'autres cieux, faute d'équivalence. Et si pour Ait Taleb, la décision est «irrévocable», sous prétexte que le Maroc forme des médecins en vue de « combler le déficit des ressources humaines » au Royaume et non pas pour servir d'autres pays, les futurs professionnels brandissent la menace du boycott. Une décision qui sera incontestablement préjudiciable à toutes les parties concernées. C'est dire que l'heure est au dialogue, pour éviter tout scénario semblable à celui des enseignants-cadres des AREF (ex-contractuels), lequel a coûté cher à l'Etat, aux grévistes et aux élèves, sans oublier leurs parents. Car les étudiants d'aujourd'hui sont les médecins de demain et leur tordre le bras en position de faiblesse pourrait avoir de graves conséquences dans l'avenir. Mais ce combat autour de la durée des cursus n'est que l'arbre qui cache la forêt. Le fond du problème étant celui des conditions de travail, dont l'amélioration pourrait inciter nos compétences à rester au Maroc. Manque d'infrastructures, volume de travail exorbitant, rémunération en deçà des attentes, manque de sécurité alarmant au sein des structures hospitalières publiques... autant de lacunes qui poussent les lauréats à l'exode. C'est peut-être par là qu'il faudrait commencer !