Il est 22h, à l'Hôpital Ibn Sina de Rabat, l'air est irrespirable dans le service des urgences. Une odeur âcre de désinfectant se mêle aux cris de douleur des patients et au bip incessant des machines. Les équipes médicales, à court de bras, courent dans tous les sens, auscultent, examinent et prescrivent des examens. Le ballet des blouses blanches est incessant. Dans cette atmosphère électrique, des patients souffrant de cas graves doivent attendre des heures pour être traités, avec des visages grimaçants de douleur et des regards hagards d'angoisse. Ces scènes chaotiques ne sont qu'un exemple parmi tant d'autres que connaissent des centaines d'hôpitaux publics au Maroc. Dans ce contexte, le ministre de tutelle mène des pourparlers avec les professionnels pour réformer le secteur, de sorte à répondre non seulement aux aspirations des Marocains, mais également à celles des blouses blanches, qui dénoncent depuis des années l'intensification de la charge de travail. Et si, aujourd'hui, la pomme de discorde entre la tutelle et les professionnels de la Santé concerne principalement le volet salarial, la question de la pénurie de ressources devrait être traitée avec la même ardeur, d'autant que l'exode des cerveaux poursuit sa tendance haussière, au moment où la demande de soins médicaux explose. Maintenant que les textes d'application de la loi sur la fonction de santé sont fin prêts, il faut éviter toute forme d'attentisme, pour activer la fameuse démarche de recrutement des médecins étrangers, dont la réussite dépendra du packaging proposé par le ministère. Un packaging qui, outre le facteur salarial, devra comprendre un écosystème moderne capable d'attirer les jeunes compétences. Pour ce faire, la modernisation des infrastructures hospitalières s'impose et en urgence. Il suffit d'un petit tour dans nos hôpitaux publics pour s'en apercevoir !