La seule voie d'une paix véritable est une négociation «pour résoudre le statut de Jérusalem comme future capitale de deux États», écrivent les ministres européens. Les vingt-sept ministres des Affaires étrangères ont choisi de rester flous dans la définition d'un futur État palestinien. L'Union européenne appelle Israël à partager Jérusalem comme capitale conjointe de deux États hébreu et palestinien, dans un appel urgent à la négociation lancé mardi par les vingt-sept ministres des Affaires étrangères. Au risque de braquer le gouvernement Nétanyahou et les partisans de l'unité de la ville sous férule israélienne, les Vingt-Sept assurent qu'ils «ne reconnaîtront aucun changement autre que négocié» au statut d'avant 1967, c'est-à-dire antérieur à l'annexion de Jérusalem-Est. La seule voie d'une paix véritable est une négociation «pour résoudre le statut de Jérusalem comme future capitale de deux États», écrivent les ministres dans leurs conclusions. Une première mouture du texte, formulée par la Suède, était encore plus directe. Elle désignait Jérusalem-Est comme la capitale d'un éventuel État palestinien. Face au tollé déclenché en Israël, l'UE a finalement arrondi les angles. Elle laisse aux intéressés et à une hypothétique négociation le soin d'en décider. Elle se ménage aussi une porte de sortie si Israéliens et Palestiniens s'accordaient sur une autre solution. Le même souci d'apaisement justifie le flou dans la définition d'un futur État palestinien. Le projet suédois précisait qu'il devait inclure la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. Le texte final retient qu'il devra être «indépendant, démocratique, contigu (d'Israël) et viable». Là encore, l'UE veut éviter d'envenimer la discussion avant même qu'elle commence et laisser toute latitude aux Israéliens comme aux Palestiniens. «Un pas positif» La formulation a fait l'objet d'intenses débats entre les ministres européens. Le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt, a voulu voir dans la polémique avec Israël la preuve que «la voix de l'Europe porte». Son homologue italien Franco Frattini estimait au contraire que «décider ici à Bruxelles ce que doit être le statut de Jérusalem serait plutôt frustrant pour les négociateurs» . Au bout du compte, la diplomatie israélienne s'est «félicitée que la voix des États responsables et équilibrés a prévalu» à Bruxelles. De son côté, un conseiller du Palestinien Mahmoud Abbas a relevé «un pas positif, même si nous espérions quelque chose de plus fort et de plus clair» de la part de l'UE l'Autorité palestinienne : Kouchner a affaibli la déclaration de l'UE sur AL QODS Un haut fonctionnaire de l'Autorité palestinienne a critiqué le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, mardi soir, pour avoir affaibli la proposition suédoise sur le statut de Jérusalem lors de la réunion des ministres des AE de l'Union européenne, à Bruxelles. A cause de la position de Kouchner, les ministres des AE de l'Union ont édulcoré le projet de la Suède. Le secrétaire général de la présidence palestinienne, At-Tayyib Abdul Rahim, déclare, « Nous critiquons le ministre des Affaires étrangères de la France, Kouchner, pour sa position envers le statut de Jérusalem. » « Nous considérons que son attitude est en contradiction avec celle du président français qui a déclaré à plusieurs reprises que Jérusalem-Est faisait partie des territoires occupés en 1967, » déclare Abdul-Rahim. Abdul-Rahim précise qu'à cause de la position de Kouchner, les ministres des AE de l'Union européenne ont édulcoré le projet de déclaration de la Suède, de sorte que la déclaration finale n'adopte pas une « position claire » sur les frontières d'un Etat palestinien. Les ministres des AE de l'Union européenne ont adopté une déclaration mardi appelant à ce que Jérusalem-Est devienne la capitale d'un Etat palestinien par la négociation. Selon les officiels israéliens et palestiniens, la déclaration a adopté cependant une position plus modérée qu'un projet initialement proposé par Israël. Pour Abdul-Rahim, ce manque de clarté va permettre à Israël de continuer à ignorer les résolutions internationales qui reconnaissent Jérusalem comme partie intégrante des territoires palestiniens occupés par Israël en 1967. Il affirme que Jérusalem sera la capitale du futur Etat palestinien, et que le statut de la ville a déjà été décidé par les résolutions internationales. « L'attitude de Kouchner a été perçue avec étonnement et ressentiment par le peuple palestinien bien que le peuple palestinien et sa direction respectent le peuple français et son président, de même que l'attitude de la France à l'égard du Moyen-Orient, » ajoute Abdul-Rahim. « Kouchner n'aurait pas dû adopter une telle position qui s'accordait avec les projets israéliens d'affaiblir la proposition suédoise, laquelle évoquait clairement Jérusalem comme de la capitale de l'Etat palestinien, » ajoute le communiqué palestinien. Israël, mardi, a exprimé sa satisfaction devant le rejet par les ministres des AE de l'Union européenne de la proposition suédoise qui aurait déclaré Jérusalem-Est capitale d'un Etat palestinien. Au lieu de cela, le projet définitif a retenu une formulation plus modérée indiquant qu' « une voie devait être trouvée par la négociation pour résoudre le statut de Jérusalem en tant que future capitale des deux Etats. » Dans une interview mardi, l'ancien ministre de l'Information palestinien, Mustafa Barghouthi, qualifiait la déclaration finale de « décevante » à côté du projet original. Selon lui, « certains pays européens » avaient atténué la version de la déclaration.