Le torchon brûle de nouveau entre les syndicats les plus représentatifs du secteur du transport routier de marchandises et le ministère du Transport et de la Logistique. Cette fois-ci, c'est autour de l'actuel projet de décret modifiant le décret N° 2.03.169, régissant le secteur où les désaccords surgissent. Dans un communiqué, publié le 28 janvier, la Coordination des syndicats du secteur, regroupant l'UGTM, l'UMT, l'UNMT et la CDT, s'est opposée à la publication dudit décret du fait qu'il fixe de nouvelles règles d'accès à la profession, « chose qui n'a jamais figuré dans le cahier revendicatif des professionnels », selon les termes des syndicats. Ces derniers soulignent que ce point en particulier a toujours été un point de discorde avec la tutelle. Selon eux, les deux parties ne se sont jamais mises d'accord sur la nécessité de revoir les conditions d'accès à la profession comme condition sine qua non à l'amélioration de la qualité des services du transport de marchandises. Jointe par nos soins, une source du ministère du Transport et de la Logistique souligne que ce projet de décret a été élaboré dans le cadre du dialogue sectoriel avec les syndicats en 2022, puis en 2023. « Le dialogue a porté sur plusieurs questions d'ordre prioritaire dont l'amélioration des conditions d'accès à la profession qui auront bien évidemment un impact positif sur les sociétés de transport, les professionnels et serviront à préserver la sécurité routière », renchérit notre source. En outre, ledit texte apporte plusieurs nouveautés dont la fixation du domaine d'activité de l'entreprise de transport, la détention par celle-ci d'un nombre précis de véhicules suite à son enregistrement au registre du transport.
Fin de l'anarchie « La tutelle cherche à travers cette réforme à lutter contre le manque d'organisation et de professionnalisme qui règne dans le secteur depuis plus de 40 ans. L'idée étant de le réorganiser et de lui redonner son élan », explique notre interlocuteur. A cet effet, le ministère souligne qu'à l'heure actuelle, tout le monde se donne à cette profession alors que son exercice requiert des conditions spécifiques au-delà des moyens financiers. Dans ce secteur, de nombreuses personnes, estimées à des milliers, s'engagent dans des activités d'intermédiation entre les camions et les clients sans autorisations, ce qui en fait un commerce non réglementé, alerte notre source. Outre cela, le secteur souffre d'une grande problématique de représentativité, ajoute notre source. « Au lieu d'être la voix des transporteurs professionnels, les syndicats représentent désormais les propriétaires des camions, soit des entreprises, chose qui nuit à leur mission et rend l'aboutissement du dialogue plus compliqué », s'alarme-t-elle. Ce qui va changer pour les professionnels du transport de marchandises
Outre la fixation du domaine d'activité du professionnel (national ou international) et l'obligation d'obtenir un nombre précis de véhicules, le nouveau projet de décret a apporté des nouveautés visant à structurer le secteur pour garantir la qualité des services offerts. Il stipule la création d'un registre des professionnels chargés de l'administration permanente et effectivité de l'activité du transport de marchandises mais également de la fixation de leurs fonctions et de leurs responsabilités au sein de l'entreprise en question. Le texte insiste également sur la formation continue des professionnels du transport à travers l'organisation de sessions de formation certifiées au profit des responsables administratifs permanents effectifs. De plus, la durée de validité de l'attestation d'enregistrement au registre des professionnels du transport de marchandises ne sera plus ouverte, en vue de garantir la stabilité des entreprises. Il est également question, selon le décret, de remplacer le service régional ou provincial par le service territorial relavant du département du Transport et de la Logistique.