L'idée que retient de lui le lectorat francophone est celui qui a traduit une partie des «Fleurs du Mal sous le titre perspicace de «Fleurs de la Douleur» en arabe, car il y a plus de souffrances exprimées dans les Alexandrins de Baudelaire que de mal, au sens biblique; cela va de soi, quand on Iit et relit le recueil Néanmoins, ce qui est moins connu c'est la traduction qu'a faite EL KASRI du Petit Prince de Saint-Exupéry. Inutile de souligner la finesse, la perspicacité et surtout le lexique nécessaire pour traduire ce qui est apparemment un roman destiné aux enfants; Mostapha El Kasri a eu l'idée originale de faire illustrer le Petit Prince par son ami le peintre naïf BEN ALLAL dont la célébrité aujourd'hui est reconnue, il n'aurait pas pu voir plus juste. Mais l'autre volet, chez Mostapha El Kasri, qui est connu seulement par ses amis arabophones, dont moi, c'est sa connaissance parfaite, sa fascination pour le personnage et son œuvre. Il s'agit du grand poète arabe du IVème siècle AI Moutanabbi, surnom qu'il s'est donné lui-même et qui veut dire: celui qui prétend à la prophétie, car conscient, que son style et sa rhétorique équivalent à la puissance linguistique du Coran dont le miracle a été de paraître sous un texte inégalable. A ce sujet, un an avant son décès, Mostapha El Kasri avait commencé un travail qui consistait à répertorier toute la poésie assez conséquente d'AI Moutanabbi sur le cheval et l'équitation. L'objectif de cet hommage tardif n'est pas celui de parIer des œuvres littéraires de l'écrivain car cela demande un travail de longue haleine mais de raconter une anecdote qu'il me répétait assez souvent avec son humour habituel, lorsqu'il évoquait l'au-delà question incontournable à un certain âge - «Le Paradis qu'on nous décrit, peuplé de Houris et de délices concrets ne m'intéresse pas car il propose des plaisirs auxquels on a goûté ici bas; ce que je souhaite est que mon âme se promène indéfiniment dans le Cosmos ». Puisse Dieu exhaucer ton vœu et garde-moi une place près de toi pour qu'on puisse continuer nos conversations littéraires et autres, car on a pas assez de temps pour que tu me transmettes ton immense savoir. Que je puisse tout simplement goûter au plaisir d'être à côté de ta charismatique présence.