L'appropriation "active" de l''Intelligence artificielle (IA) dans le domaine de la formation et de l'enseignement passe par plusieurs niveaux allant de la formation des enseignants jusqu'à l'intégration de l'IA dans les curricula, a affirmé, mardi à Rabat, le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, Abdellatif Miraoui. Intervenant lors d'un colloque international sur l'IA initié par le Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS), M. Miraoui a souligné ainsi l'importance d'exiger une formation à l'IA dans les programmes de formation initiale des enseignants, avant d'intégrer les concepts de base de l'IA dans le curriculum, en l'adaptant au niveau de la formation des apprenants.
De même, l'appropriation active de l'IA, qui révolutionne de plus en plus le domaine de l'enseignement et de l'éducation, est tributaire des efforts de développement de ressources pédagogiques attrayantes et accessibles qui intègrent l'IA de manière transparente dans le contenu éducatif et en créant des modules de cours en ligne, des tutoriels et des guides pratiques pour aider les enseignants à utiliser efficacement les outils basés sur l'IA, a ajouté le ministre.
Il a également suggéré de mettre en place des projets pilotes dans des écoles et des universités, pour permettre aux enseignants d'expérimenter l'utilisation de l'IA dans des contextes éducatifs réels et en favorisant une appropriation progressive à partir d'expérimentation et d'innovation réussies au sein des établissements éducatifs, ayant valeur d'exemple.
En outre, M. Miraoui a mis en relief l'importance du soutien institutionnel, en fournissant le cadre réglementaire, incitatif et des ressources matérielles, financières et humaines pour faciliter l'intégration de l'IA.
"Le soutien passe également par l'implication du management de l'école, de l'université et des décideurs, dans le processus d'appropriation de l'IA en sensibilisant sur les bienfaits et les méfaits de l'IA dans l'éducation", a-t-il dit.
Pour sa part, le Sous-Directeur général de l'UNESCO pour la communication et l'information, Tawfik Jelassi, a passé en revue les principes de l'UNESCO pour la gouvernance des plateformes numériques à savoir la capacité de ces dernières à faire preuve de diligence, de respecter les normes internationales des droits humains, d'être transparentes, de mettre les informations nécessaires à la disposition des utilisateurs et de rendre compte aux parties prenantes de la mise oeuvre de leurs conditions d'utilisations et de leurs politiques de contenus.
M. Jelassi a ainsi fait savoir que l'UNESCO soutient déjà la création d'un "réseau des réseaux" d'autorités comprenant des organes de gestion des élections et une communauté épistémique qui travailleront ensemble pour partager les pratiques ainsi que pour contrôler et évaluer la mise en œuvre des principes aux niveaux national, régional et mondial.
Ce réseau a été créé sur la base d'une «Déclaration des réseaux de régulateurs des médias et de la sécurité en ligne» à l'occasion de la Conférence mondiale de L'UNESCO «Pour un Internet de confiance» tenue en février 2023, a-t-il ajouté, précisant que la première réunion de ce réseau aura lieu le 18 juin 2024 en Croatie.
De son côté, Amal El Fallah Seghrouchni, membre du CSEFRS a mis en évidence les différents enjeux relatifs à une bonne gouvernance de l'IA, lesquels sont liés notamment à l'éthique, la réglementation, la gestion des données, l'acceptabilité sociale, la responsabilité, l'impact sur l'emploi, la transparence et l'interopérabilité.
Selon elle, l'IA représente des opportunités pour les acteurs du système éducatif, citant, à cet effet, la capacité des applications de l'IA de redéfinir les tâches de manière significative ou encore de créer de nouvelles fonctionnalités, auparavant impossibles.
Organisé sous le thème "l'Intelligence artificielle : levier de transformation de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique", ce colloque international, qui réunira, deux jours durant, des experts nationaux et internationaux, des praticiens, des chercheurs, ainsi que des représentants gouvernementaux, se penchera sur les implications, les opportunités et les défis liés à l'intégration de l'IA dans le secteur éducatif.
Cet événement a pour ambition de clarifier et d'approfondir la compréhension des concepts clés liés à l'IA, de discuter des défis et opportunités sociaux découlant de ces technologies et de mettre en lumière l'impact de l'IA dans les domaines de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique. Il vise également à contribuer à l'élaboration d'une vision nationale et panafricaine de l'IA.