Tirant profit de l'évolution rapide des nouvelles technologies, la e-santé, grâce à son accessibilité et son universalité, se présente aujourd'hui comme une solution pertinente pour répondre aux défis auxquels font face les systèmes de santé. En l'espace de quelques années seulement, la e-santé a réussi à faire son bout de chemin au Maroc comme ailleurs en tant que solution évidente qui allie efficacité et qualité de soins à la maîtrise des dépenses tout en plaçant le patient au cœur du système de santé.
L'arrivée de la e-santé a bouleversé le rapport des soignants au patient, a favorisé le partage de données médicales et a aidé également le corps médical dans le traitement, la prise en charge et le suivi des personnes soignées.
Toutefois, malgré ses multiples avantages et l'engouement qu'elle suscite auprès des patients et des praticiens, la e-santé n'en demeure pas sans risques.
Dans le cadre de la refonte de son système de santé, le Maroc a fait sienne la mise en œuvre d'une vision alliant modernisation et efficacité, avec un accent particulier sur la digitalisation et la promotion de la télémédecine.
Cette réforme vise notamment à instaurer un écosystème de santé connecté, accessible et centré sur le patient. La digitalisation du système de santé émerge donc comme l'un des piliers majeurs de cette transformation numérique du secteur, avec des mesures concrètes qui redéfinissent la prestation des soins de santé.
La réforme du système national de santé englobe un volet de mise à niveau significative du système d'information sanitaire. L'objectif est de créer une infrastructure informatique moderne et intégrée, permettant un partage efficace des données entre les établissements de santé et favorisant une gestion optimisée des dossiers médicaux.
Adoptée au Maroc depuis 2021, la e-santé repose sur trois piliers que sont l'innovation, l'efficacité et l'efficience. Elle vise à réduire la pression exercée sur le système de santé et à améliorer les processus de soins et de prise en charge sanitaire.
Parmi les facilités qu'offre la e-santé, figure la télémédecine qui regroupe plusieurs nouvelles pratiques comme la téléexpertise, la téléassistance médicale et télésurveillance médicale qui permet aux médecins de suivre à distance l'état de leurs patients n'ayant pas la possibilité de se déplacer.
La consultation à distance fait également partie de ce dispositif et constitue une alternative en cas d'absence d'un médecin à proximité ou parce que les délais d'attente pour la prise de rendez-vous avec un spécialiste sont trop longs.
Toutefois, en dépit de cette large palette de services proposés à tous les acteurs de la santé, la e-santé présente plusieurs limites.
Dans des déclarations à la MAP, certains praticiens ont évoqué les difficultés liées au remboursement des prestations ou la prescription des médicaments à distance.
Ils ont également pointé du doigt le manque d'interopérabilité entre les différents acteurs de l'écosystème de la santé, médecins, experts, patients, mutuelles, assurances etc.
Pour Driss Tebaa, radiologue à Kénitra, la télémédecine peut poser certains problèmes en termes de protection des données personnelles des patients ou des difficultés de communication, car l'absence de contact physique ou visuel avec le patient rend difficile le suivi de certains cas.
Bien qu'il reconnaît que l'intégration des nouvelles technologies dans le domaine de la santé est essentielle pour plus d'accessibilité et d'efficacité, Dr. Tebbaa explique qu'une mauvaise qualité visuelle ou sonore lors de la consultation à distance peut parfois être à l'origine d'une erreur de diagnostic.
Il s'avère, de l'avis de ces praticiens, que la digitalisation de la santé reste un moyen important dans l'écosystème de la santé de par les facilités qu'elle offre notamment pour la prévention, la sensibilisation et la promotion de l'accessibilité des populations aux soins de santé. Son utilisation devra cependant être accompagnée de mesures de protection des données et de sensibilisation des patients pour un meilleur usage et une bonne efficacité.