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Discours de la Marche Verte: Alpha Thiam, candidat à la présidentielle sénégalaise nous livre sa lecture de l'initiative Royale pour l'espace Afro-Atlantique
Alpha Thiam, Secrétaire général du Parti politique sénégalais "Forces Nouvelles" et candidat à l'élection présidentielle de février 2024 au Sénégal, a voulu réagir au discours de Sa Majesté le Roi à l'occasion du 48ème anniversaire de la Marche Verte, et à l'initiative Royale visant à promouvoir l'espace atlantique africain. Nous lui avons donné la parole. - Avant tout propos, en tant que formation politique sénégalaise, que vous inspire la Marche Verte ?
- Pour nous, la Marche Verte a été et restera le symbole absolu de la symbiose qui unit indissolublement le Trône et le peuple marocain. C'est toujours une libération, la fin de l'occupation signifiant la détermination d'un Souverain Courageux et Visionnaire, feu SM Hassan II, de recouvrir l'intégralité du territoire de Son pays. Une épopée qui marque à jamais l'Histoire contemporaine du Maroc, mais aussi un exemple pour les générations d'aujourd'hui et de demain.
- Dans Son discours, SM le Roi a mis en exergue l'Atlantique du Sahara et de l'Afrique. Quelle analyse faites-vous à ce sujet ?
- Nous sommes dans un monde en pleine mutation. Cette mutation est caractérisée par la vitesse du changement et la difficulté de faire de la prospective. Dans cet avenir et cette géographie remplis d'incertitudes, SM le Roi Mohammed VI, par Son autorité, Sa diplomatie et Sa légitimité stratégique et spirituelle, a accepté d'endosser le rôle de rassembleur entre l'Afrique du Nord et le Sahel. A titre personnel, Il entre encore plus dans l'Histoire.
En effet, depuis l'avènement du règne de SM le Roi Mohammed VI en 1999, le Maroc a déployé une politique étrangère continentale ambitieuse et audacieuse. Le Royaume ambitieux est reconnu aujourd'hui comme une puissance africaine émergente dans son identité comme dans son espace de projection avec un rôle singulier autour de la notion de « juste milieu ».
Nous pouvons apprécier les résultats obtenus en analysant, d'une part, la structuration sur le plan empirique, notamment sur les conditions de l'élaboration et de la conduite de cette politique africaine et, d'autre part, sur le plan de l'impact terrain, l'évolution de l'identité marocaine ainsi que le rôle du Royaume à l'échelle internationale.
- Ce chantier titanesque peut-il être un élément fédérateur et intégrateur des différents continents ?
- A n'en pas douter, ce projet est une réponse d'avenir, un espace géopolitique de haute portée. Ce projet est vu à sa juste valeur comme une réponse pertinente et envisagé comme un pont entre l'Afrique, l'Europe et les Amériques. Une passerelle solide qui prend pied ici au Maroc. Ce projet fédérateur va permettre l'émergence d'un pôle d'intégration économique, social, environnemental avec un rayonnement continental et international.
Ce chantier a un rôle hautement révélateur de la volonté de SM le Roi Mohammed VI d'imprimer une nouvelle page dans l'agenda économique mondial d'aujourd'hui et de demain. Et c'est le lieu de saluer la vision de SM le Roi Mohammed VI sur cette dynamique qui remonte à feu SM Hassan II et au regretté Père fondateur de la nation, feu SM Mohammed V. Dans cette dynamique, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a apporté une pierre précieuse à l'édifice d'un tel projet structurant pour l'intégration africaine, en agissant avec conviction et avec une forte détermination.
- Quel rôle peuvent jouer les Etats subsahariens dans cette dynamique continentale initiée par le Maroc ?
- L'Afrique a besoin de se rassembler, de s'unir, de développer le commerce intra-africain, de profiter de son marché intérieur et voir comment casser le paradigme de l'exportation sur le continent au profit d'une industrialisation du continent. A cela se rajoute un fort besoin en infrastructures, en investissements et en développement de compétences. Le Maroc est un pivot central avec un rôle éminent à jouer dans cette nouvelle co-construction africaine.
Les Etats subsahariens seront des Etats à forte croissance dans les décennies à venir. A terme, certains seront des pays émergents. Le rayonnement de ces pays - « les Lions Africains » - ne sera réel et utile pour leur développement que si nous arrivons à mutualiser nos forces, à développer des coopérations gagnantes et des compétitions régionales saines pouvant soutenir la prise en charge des préoccupations de nos populations pour apaiser définitivement le climat social dans différents pays concernés par le projet.
Nous devons garder en ligne de mire que la donne change. En effet, pour 2050, la population africaine est estimée à 2,5 milliards d'habitants, soit un quart de la population active mondiale. Une population jeune, avec plus de 40% de moins de 15 ans. Il y aura un bouleversement du monde et l'avènement d'un empire culturel fort actuellement en renaissance.
Assurément, avec le projet de faire de la façade atlantique un haut lieu de communion humaine, un pôle d'intégration économique, un foyer de rayonnement continental et international, SM le Roi Mohammed VI a posé la première pierre de cet édifice à co-construire.
Ce terme de co-construction en fera son premier facteur clé de succès s'il est effectivement appliqué pour un marché régional colossal avec des talents et des champions économiques à venir dans tous les domaines. Les sauts technologiques se feront et l'Afrique sera l'avenir du Monde. SM le Roi montre le chemin à emprunter et trace la voie pour les décennies à venir et creuse, en fin stratège, un sillon de conquête puissant pour la diplomatie du Royaume chérifien pour les décennies à venir.
«Le Royaume est reconnu comme une puissance africaine émergente dans son identité comme dans son espace de projection» - Qu'en est-il de la coopération entre le Maroc et le Sénégal en tant que leader politique ?
- La relation entre le Maroc et le Sénégal s'est forgée au fil des siècles par les flux humains de part et d'autre, les liens de sang qui en ont découlé remontent loin dans l'Histoire. Certains historiens parlent même des 7ème et 8ème siècles. Les relations séculaires et particulières entre le Royaume du Maroc et la République du Sénégal sont bâties sur « la complicité et la proximité ». Elles se sont intensifiées davantage durant ces dernières décennies.
Le Maroc est une des destinations phares pour les Sénégalais sur le plan des études supérieures, du tourisme ou encore de la spiritualité. Le Maroc, l'autre pays de la Téranga, est devenu, avec le temps, le pont des affaires entre l'Europe et l'Afrique car beaucoup de grands groupes ont leur siège à Casablanca ou à Rabat.
Sur le plan économique, les échanges commerciaux entre les deux pays s'intensifient au fil des années. En 2019, le Sénégal était le 22ème marché d'exportation du Maroc et le 83ème marché d'importation du Royaume. En valeur, cela représente 220,4 millions de dollars pour les exportations du Maroc vers le Sénégal, soit 0,8% des exportations marocaines, pour ne citer que cela.
En outre, SM le Roi Mohammed VI et le Président Macky Sall, de même qu'avec son prédécesseur Maître Abdoulaye Wade, animés par ce sens du destin commun et de l'esprit de solidarité qui en découle, se sont investis pour donner de la consistance et un contenu concret à cette relation singulière en mettant en place des partenariats solides et renouvelés entre nos deux pays.
Ces partenariats couvrent des domaines allant de la finance aux BTP en passant par l'off-shoring, l'agriculture et les services, entre autres domaines stratégiques, sans oublier l'importance de la dimension culturelle reposant sur le fait de l'existence de communautés de Marocains au Sénégal et de Sénégalais au Maroc.
Sur les plans politique et diplomatique, les deux Etats ont des visions communes sur les problèmes du monde. D'ailleurs, l'ouverture d'un Consulat sénégalais dans les provinces du Sud illustre bien cette réalité car le soutien de mon pays à la marocanité du Sahara est indéfectible. C'est pour dire que la coopération entre le Maroc et le Sénégal est exemplaire, multidimensionnelle et exceptionnelle.