Les exportations d'olive et dérivés sont désormais soumises à des mesures de restrictions. Le point sur leur impact sur l'agriculteur avec l'ingénieur statisticien et ex-président de la commune de Ed- Dachra relevant de la Province d'El Kelaa des Sraghna. - Les prix n'ont cessé de grimper, ces dernières années, et semblent destinés à rester sur cette trajectoire ascendante. Cette année, le prix du litre d'huile d'olive pourrait dépasser la barre des 100 dhs. Est-ce une première au Maroc ? Comment expliquez- vous cela ? - Tous les indicateurs montrent que le prix de l'huile d'olive connaîtra une hausse, un record, dépassant 100 dhs le litre. Plusieurs facteurs entrent en jeu. A la loi de l'offre et de la demande s'ajoute la faible production d'olive, due à la succession des années de sécheresse et la faible pluviométrie. La vague de chaleur, aggravée par le chergui, qui a sévi durant plusieurs semaines dans différentes régions du Royaume, n'est pas sans dégâts sur les exploitations agricoles, notamment les oliviers. Les olives ont donc perdu leur fraîcheur et leur humidité, même avant leur maturité, sans oublier le facteur de la sécheresse. En effet, les réserves en eau des barrages affichent une baisse. Ce qui a poussé les agriculteurs à se diriger vers l'exploitation de la nappe phréatique, conduisant à son épuisement. Par conséquent, les agriculteurs ont creusé des puits profonds à l'aide de techniques développées, devenant leur source d'approvisionnement en eau. On observe également une régression des superficies plantées en oliviers contre leur déracinement. Le coût de production d'un litre d'huile d'olive est estimé à 90 dhs et plus. S'y ajoute la marge de bénéfice du producteur, du grossiste et du vendeur au détail, sans parler de la spéculation... Le tout explique la hausse des prix. D'ailleurs, durant les quatre dernières années, les prix augmentent d'une année à une autre, principalement à cause de la hausse du coût de la productivité. - Le prix pourrait-il continuer à grimper ? Comment pourrait-on le stabiliser ? - Absolument, si les facteurs sus-indiqués ne s'améliorent pas ! - L'exportation de l'olive et de son huile est limitée par le gouvernement en vue d'endiguer la flambée des prix sur le marché interne. Quels en sont les effets sur les agriculteurs, notamment ceux de la Province d'El Kelaa des Sraghna ? - Le gouvernement a décidé de soumettre à licence l'exportation des olives à l'état frais ou réfrigéré, les olives transformées, l'huile d'olive et l'huile de grignons d'olives dans l'objectif de valoriser la production nationale localement, d'assurer l'approvisionnement normal et régulier du marché national. Il s'agit aussi de stabiliser les prix à la consommation à des niveaux normaux, d'assurer la viabilité et la pérennité de la filière oléicole (toute la chaîne de valeur) et de contribuer à la sécurité alimentaire du citoyen marocain. Je pense que cette décision n'aura aucun impact sur l'agriculteur, notamment au niveau de la Province d'El Kelaa des Sraghna, connue pour la haute qualité de son huile d'olive, qui connaît un engouement auprès des consommateurs. Je trouve que c'est une décision nécessaire pour les exportateurs qui vont rencontrer des difficultés pour commercialiser leurs produits à l'extérieur du pays. Ainsi, il y aura une forte concurrence avec les pays qui produisent une huile de bonne qualité, à bas prix, tels que la Turquie, la Grèce et l'Egypte. - Sur le court et le moyen termes, quelles devraient être les priorités du gouvernement pour stabiliser les prix à la consommation, donc à des niveaux normaux ? - Dans un délai de dix ans, le gouvernement doit agir d'emblée au niveau de l'aide au creusement des puits, qui coûte cher, dans l'attente de solutions radicales et de grands projets pour l'approvisionnement en eau, notamment le dessalement de l'eau de mer.