Le principal défi auquel le Maroc est confronté est la lutte contre l'inflation qui a commencé à baisser continuellement depuis son pic de 10,1 % en février, mais qui demeure élevée, a indiqué Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM), dans une interview au média «Global Finance». A l'approche de la date du Conseil de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri a livré une brève analyse de la situation de l'économie marocaine qui, selon lui, montre des signes d'amélioration après une année 2022 difficile. Le Wali de la Banque centrale a souligné que les conséquences du conflit en Ukraine, combinées à une grave sécheresse, ont confronté le Royaume à plusieurs défis structurels, mais avec les efforts considérables déployés par le gouvernement pour réduire l'inflation en soutenant les entreprises, les ménages et les programmes sociaux, le déficit budgétaire et la dette nationale restent gérables. Jouahri a déclaré que «la balance extérieure du pays affiche une bonne performance, grâce aux exportations de phosphates, au tourisme international et aux importants envois de fonds des Marocains du Monde».
Depuis l'année dernière, et comme dans de nombreux pays du monde, l'inflation au Maroc a atteint des niveaux jamais vus depuis des décennies, obligeant BAM de resserrer sa politique monétaire depuis septembre 2022, en relevant progressivement le taux directeur de 1.50 point de base. Mais ceci dit, Jouahri a affirmé que « malgré les récents chocs extérieurs qui ont mis en évidence les vulnérabilités économiques et affecté certains segments de la population, le Maroc a fait preuve d'une remarquable résilience attribuée à sa stratégie de diversification économique, aux réformes mises en œuvre au cours des deux dernières décennies et aux actions proactives du gouvernement ».
Des choix difficiles à faire
Même si des progrès significatifs ont été réalisés, l'ajustement des politiques monétaires reste une tâche complexe, en particulier dans un contexte de forte incertitude mondiale, a noté le Wali, ajoutant qu'«un resserrement excessif pourrait nuire à la croissance et à l'emploi, tandis qu'un assouplissement prématuré pourrait entraîner des coûts encore plus élevés ». Le resserrement de la politique monétaire a également un impact sur la stabilité financière globale, a-t-il commenté.
Il est à rappeler qu'en janvier 2018, les autorités monétaires marocaines sont progressivement passées à un régime de change plus flexible afin de renforcer la résilience et la compétitivité. Malgré les récents chocs économiques, cette transition se déroule sans heurts, mais la poursuite des progrès dépend du retour de la stabilité macroéconomique et d'une baisse de l'inflation. Le changement climatique constitue un autre défi affectant les missions de la Banque centrale, notamment en matière de stabilité financière. Dans ce sens, Jouahri a indiqué qu'il faut «adapter et ajuster nos instruments et nos politiques pour atténuer les effets de cette réalité nouvelle mais très tangible ». Il a également expliqué que « les principaux atouts du Maroc sont la stabilité politique et des institutions étatiques solides. Ces facteurs constituent des piliers fondamentaux de force dans l'environnement géopolitique international et régional complexe d'aujourd'hui ». Ceci alors que le Maroc est également engagé de longue date en faveur de politiques économiques ouvertes et tournées vers l'extérieur. Dans la même ligne de pensée, le responsable a déclaré que «le Royaume est aujourd'hui un acteur mondial majeur dans divers secteurs, dont les industries automobile et aérospatiale. Le Maroc a également été à l'avant-garde de la transition mondiale vers les énergies renouvelables». Des chantiers qui donnent plus de crédibilité au pays et qui poussent à la hausse ses perspectives de croissance.
« Nos choix politiques à long terme donnent des résultats et ont fait du Maroc un partenaire commercial international crédible. Ces derniers mois, le Royaume a été retiré des listes grises du Groupe d'Action Financière (GAFI) et de l'Union Européenne (UE) et a obtenu une ligne de crédit flexible du Fonds Monétaire International (FMI). Nous nous préparons désormais à accueillir les réunions annuelles du FMI et de la Banque Mondiale à Marrakech», a conclu le gouverneur de Bank Al-Maghrib.