La DGA du Fonds appelle à s'inspirer de l'expérience du Royaume «Nous pouvons nous inspirer de l'histoire du Maroc, au moment où les économies du monde entier cherchent à renforcer leur résilience, tout en cherchant une reprise transformationnelle qui construit leur potentiel pour l'avenir» Le Maroc source d'inspiration. En effet, les responsables du FMI ne tarissent pas d'éloges sur le Royaume. Dans ce sens, la directrice générale adjointe (DGA) du Fonds monétaire international (FMI), Gita Gopinath, a déclaré que la trajectoire du Maroc en matière de résilience économique et de transformations incroyables au fil des années constitue un modèle à suivre. La responsable s'exprimait à l'occasion de la conférence «Une reprise transformationnelle : Saisir les opportunités de la crise» tenue les 23 et 24 juin à Rabat. «Nous pouvons nous inspirer de l'histoire du Maroc, au moment où les économies du monde entier cherchent à renforcer leur résilience, tout en cherchant une reprise transformationnelle qui construit leur potentiel pour l'avenir», a dit M. Gopinath lors de cette conférence de haut niveau, organisée à l'initiative de Bank Al-Maghrib (BAM), en partenariat avec le FMI et la Revue économique du FMI. Elle a également souligné qu'au moment où l'économie mondiale se remettait de ses pires moments à cause de la pandémie, la situation s'est de nouveau aggravée à cause de nouveaux chocs, à l'origine du conflit russo-ukrainien. Et de soutenir : «Nous avons baissé nos projections de croissance mondiale à 3,6% pour les deux années 2022 et 2023». L'inflation est également restée élevée et s'est étendue au-delà des prix de l'énergie et des produits alimentaires dans de nombreuses économies, a fait remarquer Mme Gopinath, ajoutant que les récentes mesures de confinement strictes en Chine pèsent sur la croissance et risquent de causer d'autres perturbations dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. De son côté, le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, a assuré que la banque centrale continue de maintenir les mesures exceptionnelles déployées lors de la crise sanitaire pour ne pas freiner la reprise. «Au niveau de BAM, nous continuons de maintenir les mesures exceptionnelles que nous avons déployées lors de la crise sanitaire pour ne pas freiner la reprise mais en même temps nous restons très vigilants quant à l'évolution des prix», a souligné M. Jouahri. Il a rappelé dans ce sens que la banque centrale table sur un taux d'inflation légèrement au-dessus de 5% cette année, mais qui devrait revenir à un niveau modéré l'année prochaine. Par ailleurs, M. Jouahri a mis en avant les grands défis qui entravent la reprise de l'économie mondiale, notant dans ce sens que le déclenchement du conflit en Ukraine est venu assombrir les perspectives de l'économie mondiale, après un rebond en 2021, la reprise se retrouve fortement compromise et de plus en plus incertaine. A cet égard, il a fait savoir que le monde ne serait pas à l'abri d'une crise alimentaire mondiale, sachant d'ores et déjà, selon les dernières évaluations de la Banque mondiale, qu'entre 75 millions et 95 millions de personnes additionnelles vivent dans l'extrême pauvreté en 2022 comparativement aux projections pré-pandémie. S'agissant de l'inflation, le gouverneur de la banque centrale a indiqué que face à une accélération de l'inflation à des niveaux jamais observés depuis des décennies, les banques centrales font face à un dilemme délicat : resserrer la politique monétaire et freiner davantage l'économie, ou privilégier une orientation accommodante avec le risque d'une accentuation de la flambée des prix. De leur côté, et outre le ralentissement de l'économie, les gouvernements sont confrontés à des besoins sociaux accrus et des pressions pour apporter leur soutien au pouvoir d'achat, sachant que leurs marges budgétaires ressortent largement réduites par la crise sanitaire, avec des niveaux d'endettement très élevés et des conditions de financement de plus en plus difficiles, a-t-il dit. Réflexion profonde M. Jouahri a relevé qu'une réflexion profonde est nécessaire, cela permettrait de définir les contours d'un véritable changement de paradigmes qui s'impose en matière d'élaboration et de mise en œuvre de la politique publique. Il a, en outre, affirmé qu'au-delà de simples ajustements des choix et des politiques, ce sont bien leurs fondements qu'il faudrait requestionner à l'instar de ce qui a été fait au lendemain de la crise internationale de 2008. Dans ce sens, il a fait savoir que BAM fournit un effort permanent pour essayer de répondre aux questionnements tels que ceux soulevés dans cette conférence. «Nous nous interrogeons régulièrement sur nos approches et nous adaptons nos instruments et nos outils de suivi, d'analyses et de prévisions. Nous attachons dans ce sens une grande importance au développement de la recherche et à l'ouverture sur le monde académique national et international, nous en avons même fait un des principaux axes de notre plan stratégique 2019- 2023» , a-t-il ajouté.