Guy Hennebelle (1941 -2003) Pour les cinéphiles, les critiques et les historiens du cinéma, Guy Hennebelle, c'est l'homme de la revue « Cinémaction » qui, en vingt-cinq années d'existence, a fait paraître plus de 130 numéros consacrés, par de multiples auteurs, à des sujets aussi divers que la télévision, les théories du cinéma, l'Histoire de France, la marginalité. C'est aussi lui qui, en collaboration avec les Eclitsons Corlet, avait repris au début des années 80, la direction de la célèbre collection «37ème Art », initiée par les Editions du CERF. Auparavant, il avait collaboré à de nombreuses publications dont « Jeune cinéma », « Jeune Afrique », « Le monde diplomatique », « Libération », et bien d'autres. Guy Hennebelle fut un militant, expression passée de mode aujourd'hui. Si un certain nombre de ses compagnons de jadis ont retourné leur veste et pantoufles confortablement dans les hautes sphères des pouvoirs médiatiques, Hennebelle, lui , et resté fidèle à ses engagements de jeunesse. Engagé contre une certaine « Nouvelle vague » française qui préférait ignorer le monde ouvrier et la guerre coloniale outre Méditerranée, engage tout comme René Vautier, du côté de la toute jeune Algérie indépendante, engagé contre l'impérialisme d'un certain cinéma américain, engagé pour la défense et la promotion des cinéastes africains et latino-américains, Hennebelle plaisantait lui-même volontiers quand il évoquait certains moments de son parcours mais il ne se reniait pas. Défenseur du cinéma militant, il a créé en 1978, la revue « Cinémaction » qui a réuni des dossiers sur des sujets presque tabous à l'époque tels que « Les cinémas paysans », « Les cinémas d'avant-garde », « Le cinéma homosexuel », peu couverts également. Fidèle à ses principes, il crée en novembre 1977 à la faculté de Saint-Charles un colloque régulier sur le cinéma. Organisé donc par Hennebelle, Raphael Bassan, Claude Brunel, Dominique Nogez, ce colloque déboucha sur un dossier « Cinémas de ruptures », publié dans les revues «Ecran » et « Cinémaction », consacrés au cinéma expérimental et militant. Premier ouvrage du genre à couvrir le cinéma expérimental et militant dans le monde, c'est aujourd'hui un document incontournable. C'est dans cet esprit que Guy Hennebelle avait continué son combat. Janine Bazin (1923-2003) Elle n'est autre que l'épouse du critique André Bazin. Comme lui elle avait suivi le chemin du cinéma. Elle appartenait au Conseil d'Administration de l'Agence du court métrage mais ne manquait pas de protester contre la disproportion entre le nombre de films produits et le peu dignes d'intérêt. Elle avait l'habitude de recueillir chez elle les grands noms du cinéma tels que François Truffaut, Tean Renoir, Roberto Rossellini ou Luis Bunuel pour lequel avait une tendresse particulière et tant d'autres dont tous ceux qui ont fait la nouvelle vague. De son véritable nom Janine Kirsch, elle appartenait à cette singulière aristocratie d'individus qui pour être, n'ont besoin ni d'accumuler les diplômes ni de publier, ni de paraître, ni de posséder. Ils rayonnent du simple fait de leur existence et marquent leur temps par leur présence, inoubliable. Ces personnalités sont aussi moins empêtrées que d'autres dans leur rôle social. Elle resta inoubliable et liée à son émission : « Cinéastes de notre temps » qu'elle avait créé avec André Labarthe et au cours de laquelle elle invita les célébrités du septième art : Fritz Lang, Jean-Luc Godard, Carl Dreyer, Eric Rohmer, Josef Von Sternberg, Michel Simon et Jean Renoir. On pourra toujours, s'y référer pour se ressourcer et y trouver la sûreté d'un goût-, la fidélité à une idée du cinéma, la plus juste et la plus haute qui soit.