Il y a plus de 45 ans apparaissait à Casablanca, une revue sur le cinéma, portant le nom de « l'Ecran marocain ». Elle fut entreprise par l'association « Image et son » à Casablanca qui publia le premier numéro de cette revue spécialisée, la première au Maroc, en décembre 1963. Le responsable de cette revue fut Jean-Claude Lair avec comme rédacteurs critiques Michel Mortier, Henri Ramajo et Georges Schmickrath. Mais, dès le premier numéro apparut le nom d'Ahmed Sefrioui, écrivain marocain d'expression française dont personne ne lui ni l'apport littéraire et linguistique en matière d'enseignement du Français. Directeur des Affaires Culturelles au Ministère de l'Education Nationale dès les premiers gouvernements de l'après-indépendance, Sefrioui fut l'équivalent de Mohamed Fassi, mais du côté français. Quelques mois avant l'apparition du premier numéro de « l'Ecran Marocain », Ahmed Sefrioui était membre du jury du 16ème Festival de Cannes, précisément en mai 1963 où il siégeait aux côtés de Rouben mamoulian, Robert Hossein, Jean de Baroncelli et Henri Alekan. Depuis, il ne cessa d'écrire régulièrement sur le cinéma et la récente revue publia fièrement ses articles. Ce fut le temps où ces écrivains et critiques marocains et Français, lançaient les jalons des premiers ciné-clubs, par et pour les coopérants de toute catégorie. Bien sûr, la sortie de cette revue était encore prématurée, tenant compte de son titre pompeux. Qu'y a-t-il sur les écrans marocains si nom des films étrangers, américains, français, italien, égyptien et hindou en ce début des années 60. Le cinéma marocain est encore balbutiant et n'est signalé qu'à travers quelques courts-métrages de commande caractérisés par une partialité quasi-totale du réalisateur. Ce n'est que plus tard que l'on commença à apprécier des œuvres faites dans le même esprit certes, mais porteuses d'un germe de création certain. De fait, la revue « L'écran marocain » accompagna cet élan en parlant des tournages marocains en cours, en critiquant avec une grande tolérance les films sortis en salle en complément de programme, et en donnant la parole aux auteurs. Puis, cerise sur le gâteau, la revue organise la première table ronde sur le cinéma marocain et consacra un numéro spécial à l'événement (n° 4 – été 1964). Participaient à la tableronde Mohamed Lotfi, Seddik Bouabid, Tayeb Saddiki, Larbi Skalli, Ahmed Sefrioui, Mohamed Tazi et Larbi Benchekroun. Ce fut l'occasion d'évoquer l'éternel discours sur le cinéma national partagé entre la production, la distribution et l'exploitation, ce même discours qui va servir des décennies durant. Et entre-temps, de nombreux courts métrages vont bénéficier de sorties et qu'on va profiter pour aborder avec insistance : « Nuits Andaouse », tout comme « un troubadour Marrakech », « Le Rocher », « La peste du siècle », « Grand jour à Imilchil » sont critiques, analysés, décortiqués par la revue « l'Ecran marocain » au même titre que « Les oiseaux », « Landru », « L'Ile nue », « Rocco et ses frères », « La dame au petit chien », « La chaine » « Cela s'appelle l'aurore », tout à l'honneur des jeunes cinéastes marocaines. Aussi, c'est dans cette revue que Pierre Boulanger va publier ses premiers articles intitulés : « Le Maroc vu par les cinéastes étrangers », ce qui va devenir, dix années plus tard « Le cinéma Colonial », publié en France et préface par Guy Hunnebelle. A «L'écran marocain », Boulanger donnait les premiers esquisses de cet ouvrage original, précis, profond et riche en informations et en illustration. Plus tard, on va assister à des « remaks », soit aussi médiocres les uns les autres, copiant faussement Boulanger, Pire encore, les amateurs des séries B reprennent les erreurs, hélas inévitables dans un travail aussi sérieux, que Boulanger. Que Dieu les pardonnent !