Guy Martinet est mort, lundi dernier, à Montpellier. Ce grand humaniste et historien a pris part à la lutte pour l'indépendance du Maroc. Il a vécu au Royaume où il a formé plusieurs générations de Marocains. L'annonce de sa mort suscite beaucoup d'émoi dans le milieu des historiens et des archéologues où il était très connu. Guy Martinet est mort, lundi 19 mai 2003, à Montpellier en France. Il était âgé de 83 ans. Cet historien, ami du Maroc, vivait dans notre pays où il comptait de nombreux amis. Il avait pris part à la lutte pour l'indépendance du Maroc. Il fait partie des signataires de la fameuse lettre, dite des 75. Dans cette lettre, il avait protesté contre la destitution du défunt Roi Mohamed V, à un moment où peu de Français, vivant au Maroc, osaient s'opposer ouvertement à la politique des autorités du Protectorat. Après l'indépendance du Maroc, il a choisi de ne pas le quitter. Il y est resté non pas en observateur, mais en acteur voulant participer au processus de démocratisation de notre pays. «Ce Chrétien de gauche», selon les termes de l'écrivain Jean-Pierre Koffel, a été en effet solidaire des manifestations des élèves le 23 mars 1965 à Casablanca. Le fait qu'il soit professeur, représentant une forme de pouvoir, et qu'il sympathise avec les manifestants a été mal jugé par les autorités. Guy Martinet a été arrêté puis relâché. Guy Martinet est connu par de nombreux Marocains comme un enseignant. Il a marqué par son humanisme des générations de lycéens qui ont suivi ses cours, une première fois au lycée Moulay Hassan au quartier Habbous à Casablanca où il a occupé le poste de censeur. Ensuite au lycée Moulay Abdellah à Casablanca où il a enseigné l'Histoire et enfin à l'école de la marine marchande où il donnait des cours d'Histoire du Maroc. «Un homme d'une très grande culture, un grand historien et un grand humaniste», dit de lui Henri Boyé, un proche du défunt durant ses dernières années. Guy Martinet était en effet connu par ses écrits sur l'Histoire du Maroc. Des écrits sur des sujets pointus comme l'Histoire des consulats étrangers à El Jadida. Mais l'homme aimait par-dessus tout les ouvrages collectifs. Cela faisait probablement partie de son humanisme et de sa conviction que la conjonction des efforts est plus fructueuse que le fait de s'enfermer seul dans une tour d'ivoire. À cet égard, il est difficile de trouver un ouvrage collectif sur la résistance ou la période du protectorat auquel Guy Martinet n'a pas contribué. Guy Martinet était également connu dans le milieu des archéologues marocains. Il animait le Bulletin d'archéologie du Maroc. Marié à l'archéologue anglaise Susan Searight, il a coécrit avec elle des textes se rapportant à ce domaine. L'une des publications les plus appréciées s'intitule «Peintures rupestres d'un nouveau genre dans le Sud marocain». Son intérêt pour l'archéologie lui a valu l'estime et l'amitié de plusieurs archéologues marocains. Pour le jeune archéologue Abdeljalil Bouzouggar, il s'agit d'une «grande perte pour Casablanca. C'était une personne très attachante, un passionné de l'archéologie. La ville de Casablanca doit lui rendre hommage». Et d'ajouter : «Je suis si ému en apprenant sa mort que je peux à peine parler». Guy Martinet se trouvait à Montpellier pour soigner un cancer. «Il partait pour une série de soins en France et revenait toujours au Maroc», dit Jean-Pierre Koffel. Ce retour au Maroc, il le fera pour la dernière fois. Guy Martinet a en effet formulé la demande du rapatriement de son corps au Maroc pour y rester toujours.