Des touristes en plein circuits dans le Grand Sud Marocain et dans le circuit des villes impériales ont été largués, en plein circuit, à cause d'une grève de 24 heures de certains guides et chauffeurs de l'agence Globus Tours et Univers Holidays d'Agadir. A Rabat, Fès, Meknès, Beni Mellal, Arfoud, Zagora et Ouarzazate, les clients internationaux sont restés bloqués dans les hôtels et laissés à leur sort. Une drôle d'hospitalité pour un pays à vocation touristique connu pour sa réputation d'hospitalité légendaire. Loin de nous l'idée de réfuter le principe de grève, d'ailleurs le DG de l'Agence de voyages et de la société de transport touristique le confirme aussi en précisant à ce sujet: «la grève est un droit acquis pour le personnel. C'est indiscutable. C'est dans la manière, le lieu et le préavis de grève où il y a problème. Lorsque les revendications syndicales ne sont pas toujours raisonnables, il y a problème aussi… Le Privé est un champ très large et on ne peut revendiquer d'avoir les mêmes avantages que ceux de la concurrence. Il y a problème lorsque les principes fondamentaux du Droit de travail ne sont pas appliqués. Ce n'est pas le cas pour notre agence…» De leur côté, les grévistes affiliés il y a juste cinq mois à un syndicat national, reconnaissent que leur grève a fait du tort aux clients et affecte l'image du tourisme. Les revendications syndicales (et non celles des délégués du personnel) proclamées sont entre autres: les tarifs des guides touristiques et prime de deuxième langue, augmentation de salaire et prime du 13 ème mois, prime rentrée scolaire et Aid Al Adha, prise en charge de trois employés pour le pèlerinage … Il est certain que chez les deux antagonistes, chacun défend sa position, ce qui est normal et n'a rien de sorcier, sauf qu'avec des discussions franches, de la patience et de la compréhension de part et d'autres, on arrive à s'entendre et à éviter une grève. La grève dans un secteur économique, lié à des visiteurs étrangers, fait toujours mal, que ce soit dans des établissements hôteliers, dans des aéroports ou dans des agences de voyage. La grève est un grand indice d'un malaise. Quand elle est mal gérée, elle fait trop de dégâts. Et c'est là où l'on veut évoquer l'importance des enjeux du secteur du tourisme dans notre pays. Ces enjeux sont énormes et aux conséquences directes et indirectes sur l'économie locale, régionale et nationale. Le personnel travaillant dans le secteur, les élus locaux, certains responsables de l'autorité et autres services compétents de l'Etat, sont-ils vraiment conscients des vrais enjeux du tourisme dans notre pays ? Très difficile d'être affirmatif là-dessus. La preuve réside dans la mauvaise implication des uns et des autres à pousser de l'avant le développement du tourisme de manière adéquate. Rappelons que le tourisme est actuellement une priorité économique nationale. Il est le premier secteur pourvoyeur de devises. Il est le secteur qui souffre d'une concurrence bien acharnée et puissamment agressive. C'est un secteur très fragile, aussi. Rappelons également que le tourisme est un secteur où l'on ne vend que des sensations, des émotions, des souvenirs (les bons évidement) et du plaisir (gastronomie, culture, divertissement, loisirs…). Bref matériellement, rien de très concret à empaqueter et à empocher ; d'où l'impératif de satisfaire le client et lui assurer un bon accueil, un bon séjour, un bon service. Or lorsqu'on largue des visiteurs internationaux en plein circuit et qu'on les laisse à leur triste sort sous le prétexte qu'on est en grève, on porte un coup dur au tourisme. A Zagora, un groupe spécial se déplaçant avec 17 véhicules tout terrain, s'est trouvé seul du fait que le guide et le chauffeur refusent de continuer à les accompagner, parce qu'il sont en grève. Quel souvenir vont garder ces visiteurs de ce séjour, eux qui viennent pour la première fois au Maroc, avides de découvrir les merveilles du Grand Sud, dans les fabuleuses dunes de M'hamid Al Ghazlalne ou celles de Marzouga, uniques en Afrique. Les responsables de l'agence Globus et Univers Tour, grâce à leur long parcours professionnel dans le domaine, grâce également à leurs amis professionnels hôteliers avertis et grâce à leur persévérance à satisfaire leurs clients, sont arrivés à sauver la situation, partout, non sans stress, avec une nuit blanche mais peu de dégâts. L'agence en question est partenaire du deuxième grand TO mondial, Thomas Cook en l'occurrence. Les opérateurs touristiques ont beau construire des hôtels, acheter des véhicules de transport touristiques, réaliser des golfs et des marinas. L'Etat a beau encourager le développement touristique avec le lancement de nouvelles stations balnéaires, l'Open Sky et autre, lorsque les vrais enjeux du secteur ne sont pas connus, ou sont méconnus et non maîtrisés, notre tourisme en restera victime, bloqué dans un amateurisme qui l'empêche d'évoluer pour atteindre certains pays concurrents dont la Turquie ou l'Egypte, à titre d'exemple. Moralité, il faut une synergie et une dynamique d'ensemble de la part de tous les intervenants : pouvoirs publics, autorités locales, élus et professionnels pour enclencher le vrai développement touristique au Maroc qui exploite à peine 20 % de son potentiel et de ses atouts touristiques. Le chemin est donc long à faire, il va falloir s'y préparer avec sérieux, professionnalisme, synergie et implication sérieuse.