Le déficit commercial de la France s'est accru à 3,4 milliards d'euros en août, sous le coup d'une rechute des exportations après leur bond du mois précédent. Selon Reuters citant es données publiées jeudi par les Douanes, le déficit s'est creusé à 3,411 milliards d'euros en données corrigées des variations saisonnières alors qu'il avait fondu en juillet à 1,016 milliard, chiffre le plus bas depuis quatre ans. Les exportations, en hausse de 9,9% en juillet, sont retombées de 9,1% à 27,7 milliards d'euros alors que les importations n'ont que légèrement diminué à 31,1 milliards. Le déficit, bien supérieur au consensus de 2,5 milliards d'euros établi par Reuters, retrouve ainsi son niveau de juin mais sur les huit premiers mois de l'année il reste en baisse par rapport à la période équivalente de 2008, à 25,2 milliards d'euros contre 33,3 milliards. «La statistique d'août montre que le chiffre surprenant de juillet était une anomalie», explique Dominique Barbet, chez BNP Paribas, en faisant allusion au nombre inhabituel de gros contrats qui ont gonflé la valeur des exportations en juillet. La vente d'un paquebot, de satellites et des livraisons élevées d'Airbus avait permis au montant des exportations de dépasser la barre des 30 milliards d'euros pour la première fois depuis le mois de décembre. Aucun contrat de la sorte n'a été enregistré en août et les ventes d'Airbus ont en outre diminué avec 15 appareils vendus pour 830 millions d'euros, contre 18 pour 1,01 milliard en juillet. «En août, les exportations d'équipements de transports sont revenues à la normale après les opérations exceptionnelles du mois précédent», commente l'administration des douanes dans son communiqué. Chemins tortueux vers la reprise Mais les quelques signes de reprise apparus en juin et juillet ne se sont pas confirmés non plus. Les exportations ont ainsi baissé dans les biens intermédiaires (métaux, plastiques, chimie...), les équipements électroniques et informatiques, l'automobile, l'agroalimentaire, la pharmacie et les produits pétroliers. De plus, elles ont diminué vers la plupart des pays, européens et extra-européens. Avec l'Union européenne, qui absorbe près des deux tiers des exportations françaises, le déficit des échanges est reparti à la hausse - à 1,27 milliard d'euros contre 1,04 milliard en juillet - après un trimestre de baisse, sous le coup d'une baisse des exportations vers le Royaume-Uni et l'Allemagne. Le déficit bilatéral avec la seule Allemagne, premier partenaire commercial de la France, a augmenté à 1,16 milliard contre 1,04 milliard en août tandis que l'excédent des échanges avec le Royaume-Uni a baissé à 508 millions d'euros contre 745. Le déficit avec l'Europe hors UE a augmenté tandis que les échanges avec l'Amérique, excédentaires de 684 millions en juillet, sont devenus négatifs de 447 millions. «Si les chiffres de juillet avaient donné l'espoir d'une reprise de l'activité industrielle en France, tirée par le commerce extérieur, les données d'août indiquent que cette reprise ne sera pas immédiate et que le chemin menant à une hausse durable des exportations sera, au mieux, tortueux», commente Alberto Balboni, économiste au cabinet d'études Xerfi. Il relativise en outre l'amélioration sur la période janvier-août, due surtout à l'allègement de la facture énergétique alors que le déficit de l'industrie s'est dégradé de plus de trois milliards d'euros sur ces huit mois. «La dégradation a eu lieu non seulement dans l'automobile, désormais déficitaire, mais aussi dans des ‘fleurons' de l'industrie française comme l'aéronautique, la pharmacie ou le secteur agroalimentaire, qui ont vu leurs excédents se réduire en 2009», observe-t-il. Même la baisse des importations, certes légère (-1,2% en août), inquiète dans la mesure où elle reflète le fléchissement «du dernier rempart de la croissance hexagonale, la consommation des ménages», ajoute l'économiste de Xerfi. Sur les douze derniers mois, le déficit commercial cumulé de la France ressort à 47,43 milliards d'euros.