A l'occasion de la Journée nationale du commerçant, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a présenté, lors d'une journée d'études tenue mercredi 21 Juin à Ksar El Kébir, sa vision pour soutenir le développement du commerce de proximité. Détails. Le commerçant de proximité résiste encore. Pourtant, son activité est confrontée à de nombreux défis. Mis à rude épreuve ces trois dernières années, le commerce de proximité traverse des turbulences à cause de la conjonction de plusieurs facteurs. Effets du Covid-19, changement des habitudes de consommation, révolution du e-commerce, inflation galopante, le commerçant de proximité se voit concurrencé de tous les côtés. Cette conjoncture exceptionnelle met le secteur à rude épreuve. D'où l'enjeu de résilience face aux multiples défis qui s'imposent. Ceci a fait l'objet d'un échange approfondi lors d'un atelier organisé mardi, en présence du ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, et de nombreux acteurs du secteur, notamment les représentants des Chambres de Commerce, d'Industrie et des Services, des organisations professionnelles et des opérateurs privés du commerce et de la distribution. Une occasion pour le ministre de présenter sa vision pour redresser le commerce de proximité qu'il connaît très bien. « C'est un maillon incontournable de la chaîne d'approvisionnement et un intermédiaire de confiance entre le consommateur et les institutions », a-t-il indiqué, tout en se félicitant du développement du commerce de proximité à travers le Royaume.
Le Plan Mezzour En effet, malgré le développement du e-commerce, le commerce de proximité reste d'une utilité capitale comme ce fut le cas durant la pandémie où il a permis la continuité des chaînes d'approvisionnement pour répondre aux besoins du consommateur. Raison pour laquelle le ministère de tutelle est conscient de la nécessité de surmonter les difficultés, telles que la faible marge de bénéfice dans le contexte inflationniste actuel, la concurrence du numérique et la capacité d'approvisionnement. En s'adressant aux commerçants venus des quatre coins du Royaume, Ryad Mezzour a fait part de l'engagement du gouvernement à développer une « chaîne commerciale » performante, en application des recommandations de la Journée nationale du commerçant. Mezzour a fait savoir, lors de son allocution, que son département travaille sur quatre axes majeurs dans le cadre d'un nouveau programme de travail qui sera, selon lui, prêt dans les semaines prochaines. Ce programme a pour objectif de combler le besoin résultant des programmes précédents.
Le défi de la transformation digitale L'écho de la transformation digitale s'invite au commerce. En conséquence, le commerçant de proximité a plus que jamais besoin d'en tirer profit. Pour accompagner ce dernier dans le processus de digitalisation, le ministre compte s'appuyer sur la nouvelle génération d'entrepreneurs. C'est pour cette raison que la tutelle a créé une plateforme dédiée aux porteurs de projets apportant des solutions innovatrices aux commerçants de proximité. « Le premier groupe de projets comprend 13 startups et le deuxième comprendra 20 autres », a annoncé Mezzour à ce sujet, soulignant que l'objectif de cette initiative est d'apporter au commerçant des solutions 100% marocaines, adaptées aux besoins de son activité et au contexte actuel. Dans la même veine, le ministère de tutelle s'apprête à lancer un programme de formation au profit des commerçants de proximité. L'objectif étant d'apporter à cette catégorie l'appui nécessaire quant à l'accès aux plateformes de commerce en ligne. Dans les coulisses, un travail de coordination se fait pour réunir les distributeurs et les commerçants de proximité autour de l'achat-vente. L'idée, selon le ministre, est d'inciter les plateformes de distribution à mettre à la disposition du commerçant les moyens modernes dont ils disposent. Et pour cela, il faut que le produit de ce commerçant devienne attractif et compétitif au même niveau du commerce moderne. S'agissant de la protection sociale, le ministre s'est félicité de la réussite de la première étape de sa généralisation, notamment auprès des commerçants, rassurant sur les efforts déployés pour trouver une issue aux cas problématiques existants. Du fait de l'importance de l'accès au financement pour tout projet, le ministre a assuré que son département travaille à dessein d'engager les institutions bancaires à accompagner le commerçant de proximité dans le développement de son activité, par l'octroi de facilités de crédit par exemple. D'ailleurs, ceci a fait l'objet d'une convention signée mercredi à Ksar El Kébir entre le ministère de l'Industrie et du Commerce et Al Barid Bank.
Trois questions à Nabil Nouri « Il faut doter le commerçant de proximité d'une carte professionnelle » Comment se comporte le commerçant de proximité d'aujourd'hui ? Plutôt bien. Aujourd'hui, suite à la généralisation de la protection sociale, le commerçant de proximité bénéficie de la couverture sanitaire. C'est un acquis majeur pour cette catégorie vitale de la société. L'instauration du système de contribution professionnelle unifiée pour les commerçants, dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas deux millions de dirhams, a permis de consolider une certaine justice fiscale. Le commerçant s'acquitte, ainsi, de l'impôt sur la marge de bénéfice et non pas sur son chiffre d'affaires. Celui soumis à ce régime est exempté de la taxe professionnelle. Que reste-t-il à faire donc ? Je dirai principalement le suivi, car il y aura toujours des défis à relever avec le développement du secteur. Dans le contexte actuel, j'estime qu'il est temps de créer une fondation des œuvres sociales pour les commerçants. Outre la modernisation de l'offre et la numérisation des outils d'achat du commerçant de proximité, il est nécessaire de développer les opérations communes d'achat, avec les mêmes avantages que les grandes surfaces. Il faut également créer une carte professionnelle pour le commerçant. Pour faire face à la concurrence du commerce moderne, plusieurs intervenants ont relevé la nécessité de développer une cartographie de ces espaces. Rejoignez-vous cette vision ?
Oui, cela pourrait servir pour effectivement maîtriser la répartition de ces espaces au Maroc. Car ces derniers évoluent au détriment du commerçant dit « Moul L'hanout » par exemple dont les moyens sont très timides. Or, j'estime qu'au lieu de faire ainsi, il faut apporter son soutien au commerçant pour l'aider à développer ses moyens, moderniser son petit « Hanout » pour qu'il puisse faire face à la concurrence.