La vigilance est de mise au niveau de la région Casablanca-Settat pour éviter tout scénario catastrophique en matière d'approvisionnement en eau, surtout en cette saison estivale. A cet effet, une réunion de travail, présidée par le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, s'est tenue, ce mardi 20 juin au siège de la Wilaya. Au menu :la situation hydrique dans la région et les chantiers lancés pour faire face au déficit hydrique persistant. Détails. A la réunion, ont pris part le président de la région Casablanca-Settat, Abdellatif Maâzouz, ainsi que plusieurs acteurs du secteur public, notamment Lydec, sous la supervision du ministre Nizar Baraka, qui a prononcé une allocution inaugurale dans laquelle il a insisté sur le contexte particulier que traverse la région et les enjeux qui se rapportent aux chantiers en cours. « Cette réunion de travail s'inscrit dans le cadre du suivi des chantiers déjà lancés portant sur l'eau potable, conformément aux orientations de SM le Roi Mohammed VI », a-t-il précisé. Dans ce sens, Nizar Baraka a souligné que la situation hydrique de la région de Casablanca-Settat est critique, et nécessite une accélération des chantiers déjà lancés, tels que la centrale de dessalement de l'eau de mer mise en chantier pour couvrir la région en eau potable. Le président de la région Casablanca-Settat, Abdellatif Maâzouz, a, à son tour, précisé que cette région connaît la situation la plus critique à l'échelle nationale. Cette conjoncture de la région, mise à rude épreuve, a nécessité une importante mobilisation et le déploiement d'efforts inédits face à ce stress hydrique qui frappe la région de plein fouet. En effet, le président de la région a exposé en chiffres, les projets, les enveloppes financières, les programmes et la feuille de route mis en œuvre dans la politique du gouvernement pour contrecarrer le stress hydrique dans la région. « Plusieurs programmes sont envisagés, dont deux de taille, pour résoudre la question de l'eau potable dans la région », a-t-il précisé. Zoom sur les chantiers Il s'agit d'abord du projet d'interconnexion entre Sebou et Bouregreg. Il l'a qualifié de projet stratégique et décisif qui devra connecter le bassin du Sebou excédentaire et le bassin Bouregreg déficitaire. Cet apport supplémentaire devra alimenter également le grand Casablanca en eau potable et tout le littoral entre Casablanca et Rabat, y compris la capitale. L'interconnexion en question a nécessité une enveloppe financière de 3 milliards de dirhams (MMDH) prélevés sur le budget du Conseil de la Région, et d'autres contributions émanant d'autres entités gouvernementales. En effet, Mustapha Baitas, porte-parole du gouvernement, avait annoncé en avril, dans une conférence de presse, que ce projet nécessitera 6 MMDH. Le second projet majeur consiste en la centrale de dessalement de l'eau de mer à El Jadida, conçu pour couvrir plus de 5.000 ha en réseau d'irrigation. Ce périmètre sera alimenté en eau dessalée, avec une dotation annuelle d'eau allant de 30 à 50 millions de mètres cubes.
Ainsi, le ministère de l'Agriculture avait déclaré, en mars 2023, qu'il sera responsable de l'aménagement et de l'équipement du projet, y compris la mise en place d'un réseau d'irrigation sécurisé et efficace, alimenté en eau dessalée à hauteur de 6 000 m3/ha/an. La construction de la station de dessalement se fera en deux phases, avec une première phase prévue pour juin 2026 et une seconde phase pour 2030, avec une capacité de traitement de 300 millions de mètres cubes d'eau à traiter par an.
Le projet permettra ainsi d'utiliser environ 300 millions de mètres cubes d'eau de mer dessalée de Casablanca pour irriguer des milliers d'hectares de terres, allégeant ainsi la pression sur les ressources en eau du bassin de l'Oum Rbia. L'eau potable dans le milieu rural de la région Casa-Settat Le Conseil de la Région a mis en œuvre, d'après Maâzouz, 11 programmes pour alimenter les zones rurales de la Région Casa-Settat en eau potable, dont cinq sont en phase d'exécution et six en phase d'études préliminaires. « Ces programmes sont élaborés sous forme de convention avec plusieurs partenaires étatiques pour un budget de 975 millions de dirhams (MDH), avec une contribution du Conseil de 300 MDH », a-t-il fait savoir, ajoutant que les six projets sont axés sur la réutilisation des eaux usées au lieu de leur déversement dans la mer. Le plan d'action 2023-2028 de la ville de Casablanca Ce plan s'étale sur la période 2023-2028, et est doté d'une enveloppe budgétaire de 39,6 milliards de DH, dont près de 7,8 milliards de DH de ressources propres de la commune de Casablanca. Il s'articule autour de six axes stratégiques, avec 25 programmes et 96 projets. Accélérer la mise en œuvre des chantiers Maâzouz a souligné devant les participants, en l'occurrence les partenaires des secteurs privé et public, la nécessité d'accélérer le taux de réalisation de tous les chantiers existants, en vue de respecter les dates limites prédéfinies. Nabila Rmili explique les enjeux cruciaux de l'eau à Casablanca Nabila Rmili, maire de la ville de Casablanca, a insisté, de son côté, sur le niveau critique de stress hydrique auquel fait face la capitale économique du Royaume, en préconisant une série de recommandations telles que la réutilisation des eaux usées traitées, notamment pour l'irrigation des espaces verts de la ville. En outre, la responsable préconise la mise en place d'une stratégie de sensibilisation pour la préservation de l'eau potable car la population casablancaise est destinataire de 70% du total de l'eau potable, soulignant que la ville de Casablanca a une fréquence d'usage des eaux potables de 600.000 m3 par jour. « Il s'agit de la consommation de l'eau la plus importante au Maroc », a-t-elle alerté. Elle a indiqué que, dans une démarche initiée en étroite collaboration avec Lydec, elle a envoyé des avertissements aux gros consommateurs casablancais qui, selon Lydec, contribuent au gaspillage de l'eau potable. Pour cette raison, elle mise sur la réutilisation des eaux usées, au moins pour l'usage industriel et d'irrigation, car la ville de Casablanca a besoin d'irriguer 500 ha quotidiennement pour les espaces verts, dont 60% de ce total est irrigué par l'eau potable, a déploré la maire Nabila Rmili. Elle a aussi mis en évidence le niveau de rendement qui s'établit à 77,6%, relevant que les fuites dans le réseau de distribution constituent une grande source d'inquiétude. Réduire la pression sur le barrage Al-Massira
Afin de faire face à la situation hydrique difficile, Nizar Baraka a indiqué que son département a mis en place une série de mesures. Dans un premier temps, deux lâchers d'eau d'un total de 150 mm3 ont été opérés à partir des barrages de Bin El Ouidane (120 mm3) et d'Ahmed El Hansali (30 mm3), en direction du barrage d'Al-Massira, qui alimente plusieurs villes à une cadence de 300 mm3 par an. D'après le ministre, ces lâchers vont permettre en partie d'assurer l'approvisionnement en eau potable jusqu'au mois de novembre au niveau de la région Casa-Settat. Notons que l'OCP envisage de contribuer à l'alimentation en eau potable des villes d'El Jadida et Safi, et ce, pour alléger la pression sur la deuxième plus grande retenue d'eau artificielle du Maroc. Casa : La station de dessalement en est à la phase d'appel d'offres Abderrahim El Hafid, directeur général de l'Office national de l'Electricité et de l'Eau potable, a mis l'accent sur l'importance de l'intégration de nouvelles technologies dans la production de l'eau, notamment concernant le dessalement de l'eau de mer. Il a fait d'ailleurs savoir que le Maroc a entamé, depuis une longue date, un tel processus qui se poursuit à une cadence accélérée à Boujdour, Laâyoune, Agadir, Safi, El Jadida et Casablanca, cette dernière étant en phase d'appel d'offres. Les eaux de surface de la région Les eaux de surface dans la région de Casa-Settat sur la période 2018-2023 enregistrent un recul important en termes de ressources. Le niveau des précipitations est quasiment le même que celui de l'année dernière (176 mm en 2022, et 200 mm en 2023), soit un déficit de 41% par rapport à une année normale. Cela signifie que cette année est la cinquième année consécutive de sécheresse, avec un record pour l'année 2022 qui a été la plus sèche qu'a connue le Maroc depuis 1945, a indiqué le ministre Nizar Baraka. La situation des eaux souterraines Casa-Settat Les eaux souterraines de la région Casa-Settat poursuivent leur régression à cause du manque de précipitations corrélé à une forte demande. En effet, de janvier à début juin 2023, le niveau piézométrique de la nappe de Berrechid a régressé de 4,4 mètres contre 3 mètres sur l'ensemble de l'année 2022. La baisse est estimée cette année à 37 mm3 des ressources en eaux non renouvelables. La même cadence baissière caractérise la nappe de la Chaouia côtière avec une décroissance de 9,60 mètres en 2023, l'équivalent de 6 mm3.