Face au déficit hydrique, le gouvernement entend activer résolument sa stratégie basée principalement sur le dessalement de l'eau de mer et la construction de nouveaux barrages en vue de sécuriser l'approvisionnement en eau potable. Lors de son passage devant les députés à la Chambre des Représentants, dans le cadre de la séance hebdomadaire des questions orales, le ministre de l'Equipement et de l'Eau, Nizar Baraka, a dressé l'état des lieux sur la gestion des ressources hydriques et exposé les projets en cours pour assurer la sécurité hydrique, tout en énumérant les défis qui se profilent à l'horizon, notamment la probabilité de manque de précipitions. Comme détaillé à plusieurs reprises, le programme adopté par le ministère de tutelle pour faire face à la pénurie d'eau, appréhendée par la population avec inquiétude, parie sur l'efficacité hydrique et le dessalement de l'eau de mer. L'objectif est de mettre en place les conditions nécessaires à une gestion durable des ressources hydriques. Barrages : vers une capacité globale de 24 milliards de mètres cubes La réalisation d'importantes infrastructures hydrauliques, dans différentes régions du Royaume, afin de répondre aux besoins en eau donne déjà ses premiers résultats. En effet, Nizar Baraka a indiqué que le Maroc dispose actuellement d'importantes installations dont 149 barrages d'une retenue de 19 milliards m3 alors que 20 autres sont en cours de construction, et ce, afin d'atteindre une capacité de stockage de 24 milliards de m3. Dans le même sillage, le gouvernement travaille sur l'accélération du rythme de construction de petits barrages et de bassins collinaires dans différentes régions du Royaume, sachant que le Maroc dispose aujourd'hui de 129 ouvrages du genre. Source importante d'eau d'irrigation, les bassins collinaires permettront une protection des provinces concernées contre les inondations, outre leurs avantages en matière de protection du milieu et d'abreuvement du cheptel. D'autre part, et compte tenu de l'urgence de la situation en termes de contraintes de délais, le ministre a fait savoir que la durée de construction de certains barrages sera réduite afin de pouvoir répondre à la demande de plus en plus accrue en matière d'eau, d'autant que le rythme des constructions avait connu une régression auparavant, du fait que des réalisations s'étaient étalées sur 6 à 7 années. Dessalement d'eau : L'ambition de fournir plus 50% de l'eau potable Comme déjà annoncé par Nizar Baraka, le gouvernement veut mobiliser de l'eau, non pas seulement à partir des barrages, mais aussi à travers des méthodes non-conventionnelles, notamment le dessalement des eaux de mer et la réutilisation des eaux usées. Le ministre de l'Equipement et de l'Eau a indiqué, à cet égard, que le Maroc dispose de 9 stations de dessalement d'eau de mer d'une production globale de 147 millions de m3 par an, signalant que 1,3 milliard de mètres cubes d'eau potable est consommé annuellement au Royaume, dont la plus grande partie provient des barrages et des nappes phréatiques. Afin de faire face aux défis imposés par le stress hydrique, le gouvernement veut faire en sorte que 50% au minimum des eaux potables consommées proviennent du dessalement d'eau de mer. L'enjeu est de répondre aux besoins d'irrigation dans les zones agricoles mais aussi alléger le fardeau pesant sur les barrages. Le ministre a mis en lumière, dans ce sens, les grands projets de dessalement, notamment la future station de Casablanca, d'une capacité de 300 millions de m3 par an, sans oublier d'autres projets menés à Dakhla, Safi, El Jadida et d'autres programmés dans les jours à venir. Pour l'accélération de la mise en œuvre de la stratégie du ministère, Nizar Baraka a énuméré les atouts importants dont dispose le Royaume, qui lui permettent de procéder au dessalement de l'eau de mer à moindre coût, notamment ses façades maritimes ainsi que ses acquis dans le domaine des énergies renouvelables aussi bien solaires qu'éoliennes. A contrario des initiatives prises pour conjurer le stress hydrique, Nizar Baraka a déploré l'exploitation excessive des ressources hydriques dans plusieurs régions du Maroc. Il a ainsi souligné les graves conséquences d'une utilisation illégale qui pèsent sur les nappes phréatiques et donc sur les réserves du précieux liquide dont dispose le Royaume, relevant qu'au seul niveau d'Oum Errabiâ, 1 million de m3 est exploité chaque jour. Pour faire face à ces pratiques et éviter la surexploitation des ressources hydriques, surtout en ces temps de sécheresse qui perdure depuis 4 ans, le ministère entend poursuivre sa politique basée sur la sensibilisation au sujet de l'importance de la préservation de l'eau, mais aussi l'identification de puits construits sans autorisation qui atteignent, selon Baraka, 91% à travers le Royaume.